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Dimitri Demianenko, nouveau Consul adjoint à Madrid

dimitri demianenko consulat de france madriddimitri demianenko consulat de france madrid
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Écrit par Vincent GARNIER
Publié le 5 octobre 2017, mis à jour le 5 octobre 2017

Il a intégré le Ministère des Affaires étrangères en 2003, pour lequel il a servi au Brésil, au Maroc et en Inde, apportant dans le secteur consulaire, un service public aux communautés françaises de passage et résidente.

 

lepetitjournal.com : Pouvez-vous revenir sur votre parcours personnel en tant qu’expatrié et votre parcours professionnel, notamment dans le réseau diplomatique, et la vision que vous avez de votre mission au sein du Consulat général de France à Madrid ?


Dimitri Demianenko : J’ai toujours promu les intérêts français au cours de ma carrière professionnelle. Tout d’abord, dans le secteur privé, en tant que commercial export, dans le secteur l’eau et de l’énergie, dans plusieurs régions du monde. Puis, j’ai intégré le MEAE en 2003, pour lequel j’ai servi dans plusieurs pays (Brésil, Maroc, Inde et désormais l’Espagne) pour apporter, dans le secteur consulaire, un service public aux communautés françaises de passage et résidente. Compte tenu de l’importance de la communauté française en Espagne (8e dans le monde), les enjeux professionnels à relever sont très conséquents au Consulat Général de France à Madrid et, plus généralement, dans le réseau consulaire français en Espagne.

 

Quelles sont vos priorités ? Quels moyens allez-vous mettre en place pour y parvenir ?


La priorité essentielle est d’apporter un service public de qualité à la communauté française en Espagne, dans les meilleurs délais de traitement possibles. Le nombre de demandes de passeports, de cartes nationales d’identité, d’actes d’état civil et d’inscriptions au registre des Français établis hors de France étant particulièrement élevé, il faut mettre en œuvre une organisation de travail très rigoureuse, avec des méthodes quasi industrielles, pour traiter les dossiers des usagers dans des délais raisonnables. En outre, la sécurité de notre communauté, dans un contexte toujours tendu en raison des menaces d’attentats contre les intérêts français, est aussi une de nos priorités majeures.

 

Pouvez-vous venir sur la réorganisation de l’état civil à Madrid : les dossiers que vous êtes désormais amenés à traiter, les conséquences sur le parcours usager, les délais, mais aussi le nouvel espace habilité au sein du Consulat, sa raison d’être.


Oui, les agents traitant les questions relatives à l’état civil étaient situés sur un plateau inconfortable et peu adapté à l’accueil du public, car la réception dans un open space était peu propice à la confidentialité des échanges pour des dossiers concernant souvent des informations intimes pour les usagers. Le nouvel espace de travail est plus volumineux et mieux adapté à la réception du public, puisque les agents peuvent recevoir les usagers dans un bureau fermé. Au besoin, des entretiens peuvent être réalisés dans un bureau individuel. Le confort de travail des agents et les conditions d’accueil s’en sont donc trouvées grandement améliorées. Les délais de traitement restent raisonnables (environ 3 mois) et ont même tendance à diminuer alors que le Consulat Général de France à Madrid, pôle national en Espagne en matière d’état civil, instruit, à effectif constant, des demandes croissantes en provenance de l’ensemble du territoire espagnol et, depuis septembre 2017, d’Andorre. 

 

Qu'en est-il de la CNI biométrique et de sa mise en place dans le pays ?


Depuis le 15 septembre 2017, nous sommes passés dans l’ère de la carte nationalité d’identité biométrique. Cette nouvelle disposition conduit les usagers à une comparution personnelle pour un recueil de leurs empreintes biométriques. Il va en résulter une charge de travail additionnelle conséquente auprès de notre service administration des Français au Consulat Général de France à Madrid, qui, avec le Consulat Général de France à Barcelone, sont désormais les seules emprises consulaires en Espagne à pouvoir recevoir des demandes de CNI. C’est un gros défi car nous avons délivré plus de 4.300 CNI l’année dernière et ce nombre va encore probablement augmenter du fait de cette évolution réglementaire. Le MEAE a aussi développé un dispositif de recueil mobile qui permet de traiter les demandes "sur le terrain". C’est ainsi que nous avons pu déployer 2 agents consulaires lors d’une mission à Alicante fin septembre 2017 (photo) pour traiter plus d’une quarantaine de demandes de CNI et de passeports sur place. Ce service de proximité ne pourra toutefois être développé que pour les personnes qui pâtissent de réelles difficultés de déplacement (personnes très âgées ou en situation de handicap dont les titres d’identité sont réellement expirés) car il ne nous sera malheureusement pas possible de répondre à toutes les demandes hors de Madrid.

 

mission consulat alicante

 

Vous avez entrepris une démarche qualité au Consulat Général, vous réfléchissez à la pertinence de son application pour l’ensemble du réseau d’accueil des Français d’Espagne. Qu’en est-il exactement ?


Depuis le début de l’année 2017, le référentiel Marianne, dont la vocation est d’améliorer l’accueil du public dans les administrations, a été déployé à l’étranger, essentiellement dans le réseau consulaire. Il comprend 12 engagements qui prennent en compte toutes les facettes de l’accueil du public, de la réception physique dans les locaux à la réponse téléphonique, en passant par les informations figurant sur notre site internet ou encore le contenu de nos réponses par mail ou par courrier. Après une phase d’auto-évaluation, nous avons lancé une enquête de satisfaction auprès du public, dont nous recueillerons les résultats d’ici à la fin de l’année. Nous avons d’ores et déjà établi un plan d’action qui commencera à être déployé dans le dernier trimestre 2017. L’accueil du public au sein des consulats est vraiment important car il s’agit souvent, pour les usagers, de la première image que l’on a de la France à l’étranger. C’est aussi une des priorités qui doit aiguillonner notre action au quotidien, afin d’offrir un service public de qualité à nos compatriotes à l’étranger.

 

La sécurité est devenu un dossier prioritaire, notamment Après les attentats du 17-A. Quelles mesures mettez-vous en place à cet égard ? En quoi votre expérience en la matière vous est-elle utile ?


Je ne suis pas directement responsable de la sécurité au sein du Consulat Général de France à Madrid mais je joue un rôle au sein de notre dispositif, particulièrement en ce qui concerne la protection de la communauté française. Dans le cas d’un événement grave affectant la communauté française de passage et résidente, quel que soit le type de risque (terroriste, naturel, industriel, nucléaire, politique, etc…) qui se présente, les autorités françaises à l’étranger ouvrent dans un premier temps une cellule de crise. Dans notre plan de sécurité, il existe un organigramme de crise constitué de plusieurs pôles (supervision, coordination, logistique, équipes terrain, communication, communauté, réponse téléphonique, etc.), dans lesquels chaque agent joue un rôle particulier. Les membres de l’organigramme de crise font généralement l’objet d’une formation à la gestion de crise. Pour ma part, je dispose d’une certaine expérience en la matière car j’ai déjà participé à plusieurs exercices de crise, notamment lors du séisme au Népal en avril 2015.

 

Combien de Français sont recensés sur la circonscription, sur les différents registres et quelle est la tendance ? Et sur l’ensemble du territoire ?


Fin 2016, près de 83.400 personnes étaient inscrits dans le registre des Français établis à l’étranger pour l’Espagne, dont environ 36.000 dans la circonscription de Madrid (qui comprend les deux Castille, les communautés de Valence, Alicante et Murcie ainsi que les Canaries). Pour les inscrits sur la liste électorale consulaire, on dénombrait 72.645 inscrits fin 2016 pour l’ensemble de l’Espagne (31.736 pour la circonscription de Madrid). Lors des élections présidentielle et législative de 2017, notre circonscription a organisé les scrutins dans 37 bureaux de vote, ce qui a représenté un défi énorme tant en moyens humains et financiers qu’en termes d’organisation administrative et logistique. Sur les 5 dernières années, on constate plutôt une tendance à la baisse de la communauté française résidente (95.000 inscrits en 2012). Néanmoins, on estime que le nombre de Français résidents, avec les non-inscrits au Registre, représente environ 1,5 à 2 fois le nombre d’inscrits. Enfin, il ne faut pas oublier les Français de passage, notamment les touristes, qui sont très nombreux en Espagne (environ 12 millions en 2016).

 

Avez-vous prévu des déplacements sur la circonscription ? 


Oui, nous sommes déjà allés tester le nouveau dispositif DR mobile pour traiter les demandes de passeport à Alicante en septembre 2017, comme indiqué précédemment. Nous veillerons à établir un programme de missions régulières (environ 6 par an) dès l’année prochaine, notamment dans les régions où les communautés françaises sont les plus nombreuses (Alicante, Valence, Murcie, Séville, Malaga, Canaries). La vocation de ces missions consistera essentiellement à instruire des demandes de passeports et de CNI, en priorité pour les usagers qui rencontrent de réelles difficultés de déplacement (personnes très âgées ou en situation de handicap dont les titres d’identité sont périmés). Notre service social réalise aussi ponctuellement des missions de terrain, en particulier pour aller à la rencontre des demandeurs de bourses scolaires ou pour rendre visite aux prisonniers français.

 

Un message pour les Français de la circonscription ?


Oui, je recommande vivement aux Français de la circonscription de s’inscrire au registre des Français de l’étranger. Cela facilite leurs démarches administratives et leur permet notamment de voter en Espagne. Cela permet aussi au consulat de les identifier, de les localiser et de pouvoir leur communiquer, le cas échéant, des messages concernant notre communauté, notamment sur des questions de sécurité mais aussi sur la célébration d’événements culturels ou sportifs. Depuis juillet 2015, les modalités d’inscription en ligne ont rendu ces démarches plus faciles pour nos usagers, qui peuvent désormais s’inscrire au Registre des Français établis à l’étranger en quelques clics tranquillement depuis chez eux, à partir de leur ordinateur ou de leur tablette disposant d’une connexion internet. Un consulat, ça ne sert pas qu’à réaliser des formalités administratives d’autant plus compliquées que l’on réside à l’étranger, cela sert au contraire à simplifier ces démarches pour les usagers avec de nouveaux services numériques et à créer un lien social avec les membres de la communauté française.