Les Rois Mages ont apporté à Pedro Sanchez la présidence du gouvernement espagnol. Comme prévu, et malgré des débats d’investiture très houleux, le candidat socialiste a été élu grâce au soutien de Podemos et à l'abstention essentielle des indépendantistes catalans d’ERC et basques d'EH Bildu.
Le candidat socialiste à la présidence du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, vient d’obtenir la confiance de la Chambre des députés pour son investiture, la plus serrée depuis le rétablissement de la démocratie en Espagne, avec 167 votes pour, face à 165 contre et 18 abstentions.
Le débat d'investiture, entamé samedi 4 janvier, s'était terminé dimanche avec un premier vote au cours duquel chaque député devait exprimer à voix haute son choix. Le candidat socialiste avait besoin de la majorité absolue du Congrès, 176 voix, mais il n’avait obtenu que 166 voix, raison pour laquelle, comme le stipule la Constitution, il devait se soumettre à un nouveau vote dans les 48 heures, c’est-à dire mardi 7 janvier. Cette fois, une majorité simple suffisait.
167 votes pour et 165 contre
Comme prévu, ce deuxième tour est resté très serré. Il fallait éviter toute absence ou tout changement de vote de dernière minute, comme c’est arrivé avec la député de Coalicion Canarias qui a décidé au dernier moment de ne pas s’abstenir et de voter contre l’investiture de Sanchez. Le candidat socialiste a été soutenu par les députés du PSOE, Unidas Podemos, PNV, Más País, Compromís, Teruel Existe, BNG et Nueva Canarias. De leur côté, PP, Ciudadanos, Vox, la CUP, Foro Asturias, JxCAT, UPN, Coalicion Canarias et Partido Regionalista de Cantabria ont voté contre. Au total, 167 votes pour et 165 contre. Une différence minime mais suffisante, et qui montre à quel point l’abstention des 18 députés indépendantistes du Pays Basque EH Bildu et de Catalogne ERC était essentielle.
Mercredi 8 janvier, le nouveau président du gouvernement annoncera la composition de son exécutif de coalition avec Unidas Podemos, et vendredi 10 janvier, le Conseil des ministres se réunira pour la première fois. D’après les dernières informations en provenance du futur gouvernement, Pablo Iglesias devrait occuper une des vice-présidences et serait en charge des affaires sociales. Sa compagne, Irene Montero, serait Ministre de l'égalité ; Yolanda Díaz, ministre du Travail ; Manuel Castells, Ministre des universités et Alberto Garzón, Ministre de la consommation.
Les mesures phares du futur gouvernement de coalition
La semaine dernière, Pedro Sanchez et Pablo Iglesias avaient annoncé les mesures phares du futur gouvernement de coalition, qui incluent une hausse du salaire minimum, qui devrait atteindre les 1.200 euros, l’augmentation des impôts sur le revenu pour les salaires les plus élevés et l’abrogation en partie de la réforme du code du travail de 2012.
L’investiture de Pedro Sanchez met fin à pratiquement deux mois de négociations frénétiques du PSOE avec Podemos, mais aussi et surtout avec les indépendantistes basques et catalans. Les dernières élections - les quatrièmes en moins de quatre ans - avaient eu lieu le 10 novembre dernier. Le livre de Pedro Sanchez, Manuel de résistance (Manual de resistencia), porte plus que jamais bien son nom et devrait figurer en bonne place sur la table de chevet de nombre d’hommes politiques. Sortie en février 2019, la biographie de Sanchez raconte son ascension depuis la direction du PSOE en 2014 jusqu'à son arrivée à la présidence du gouvernement espagnol en 2018.