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10N: le PSOE vainqueur & affaibli, le Parlement se fragmente davantage

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Archive Pool Moncloa / Borja Puig de Bellacasa
Écrit par Francis Mateo
Publié le 10 novembre 2019, mis à jour le 11 novembre 2019

Avec l'émergence de Vox et l'effondrement de Ciudadanos, le scrutin législatif espagnol du 10 novembre 2019 laisse un hémicycle encore plus divisé. Avec à la clé le risque d'ingouvernabilité. 


L’extrême droite devient le troisième parti au Parlement espagnol en multipliant pratiquement par deux le nombre de ses députés, avec 52 élus (1) : c'est l'un des grands enseignements des élections générales du 10 novembre 2019 (le quatrième scrutin en quatre ans !). L'émergence de Vox coïncide avec l'effondrement de Ciudadanos, la hausse du PP, la quasi stabilité du PSOE, la baisse de Unidas Podemos, et l’émiettement des voix entre des partis indépendantistes qui pourraient renforcer leur protagonisme en raison de la fragmentation de l'hémicycle. En particulier les indépendantistes catalans, dont ERC qui devient le cinquième parti le mieux représenté au parlement espagnol. 

Le PSOE reste la première formation avec 120 parlementaires, ce qui place à nouveau le président du gouvernement Pedro Sanchez en position de favori pour tenter de constituer une majorité parlementaire. Mais comment atteindre les 176 sièges nécessaires à cette majorité absolue ? La main tendue de Pablo Iglesias à l'issu du scrutin et l'appui des 35 députés de Unidas Podemos n'y suffirait pas (même avec les deux élus supplémentaires du nouveau parti de Íñigo Errejón, "Más País"). 

Au terme d'une campagne électorale où Pedro Sanchez a maintenu une attitude clivante vis à vis des indépendantistes catalans, il y a peu de chances que le PSOE puisse trouver la clé de ce côté là. D'autant moins au lendemain d'une "journée de réflexion" qui s'est transformée en Catalogne en "journée de mobilisation" pour les forces indépendantistes, notamment dans les rues de Barcelone, à l'appel du collectif "Tsunami Democratic". Les résultats électoraux des partis indépendantistes catalans (23 parlementaires élus) témoignent de cette brèche ouverte. En Catalogne, le parti d'Oriol Junqueras ERC se taille la part du lion. 


Vers de nouvelles élections ?

Reste la possibilité d'une "alliance du bipartisme" entre PP et PSOE, avec une éventuelle abstention du PP lors du prochain "vote d'investiture" de Pedro Sanchez. Mais cette hypothèse, qui semblait pouvoir se dessiner au cours de la campagne électorale, est mise à mal par le score élevé de Vox, auquel le parti de Pablo Casado laisserait le monopole de l'opposition parlementaire active en cas d'abstention. À moins évidement que le PP ne prenne l'initiative d'une tentative de majorité au parlement, qui passerait par un accord avec Vox et ce qui reste de Ciudadanos (10 sièges). Une éventualité très peu probable. 

De fait, beaucoup redoutent déjà que le leitmotiv des indépendantistes catalans "ho tornarem a fer" ("Nous le ferons à nouveau", en référence au référendum illégal du 1er octobre 2017) ne devienne réalité dans les prochains mois pour toute l'Espagne, avec de nouvelles élections. 

Quitte à risquer une lassitude des électeurs qui s'est traduite cette fois-ci par une baisse de mobilisation (69,4% de participation), et sans garantie de pouvoir trouver dans les urnes une solution au blocage. Alors que le le parlement espagnol n'a pu adopter de nouveau budget, faute de majorité... depuis avril 2018 !


(1) Nombre d'élus (résultats à 23h00 avec 98,62% des scrutins dépouillés) :


PSOE : 120
PP : 87
Vox : 52
Unidas Podemos : 35
ERC : 13
Ciudadanos : 10
JuntsXCat : 8
PNV : 7
EH Bildu : 5
Más País : 3
CUP : 2
NA+ : 2
CCa-PNC-NC : 2
BNG : 1
PRC : 1
Teruel Existe : 1
CPM:1
 

francis mateo
Publié le 10 novembre 2019, mis à jour le 11 novembre 2019