Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Espagne : que s’est-il passé d’important ces 2 dernières semaines ?

actualité espagneactualité espagne
Elijah O'Donnell
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 6 janvier 2020, mis à jour le 6 janvier 2020

Les vacances de Noël ont été marquées par les incessantes négociations de Pedro Sanchez pour former un gouvernement après les dernières élections du 10 novembre 2019. Toute l’actualité a tourné autour de son investiture. Petit rappel des derniers événements qui ont marqué cette fin d’année. 


Pas de vacances pour former le Gouvernement

L’investiture de Pedro Sanchez et la formation d’un gouvernement ont centré l’actualité espagnole ces deux dernières semaines. Cette année, il n’y a d’ailleurs pas eu de vacances pour les hommes politiques espagnols, et la chambre des députés espagnole -Las Cortes- a même dû ouvrir ses portes pour la première fois pendant les fêtes. Les négociations frénétiques du PSOE avec les différentes formations politiques n’ont pourtant pas permis une investiture fin décembre, comme prévu. Celle-ci a finalement été repoussée au week-end dernier, précédant l’Épiphanie, l’importante festivité des Rois Mages en Espagne. A la différence des mois derniers, lorsque Pedro Sanchez refusait tout accord avec Podemos, cette fois l’entente entre PSOE et Podemos a été totale et rapide. En revanche, l’accord avec ERC (Gauche républicaine de Catalogne, indépendantiste) a été beaucoup plus difficile et le suspens a duré jusqu’à jeudi dernier, lorsque ERC a finalement annoncé que ses députés s’abstiendraient lors de la votation de l’investiture. 

Pedro Sanchez avait besoin de la majorité absolue, soit 176 voix, pour la première votation du dimanche 5 janvier. Il n’a pu compter que sur 166 voix en sa faveur (PSOE, Unidas Podemos, PNV, Compromís, Nueva Canarias, Teruel Existe, BNG et Más País) face à 165 contre (PP, Vox, Ciudadanos, JxCat, CUP, UPN, Coalición Canaria, Partido Regionalista de Cantabria et Foro Asturias), les autres députés s’étant abstenu. Sans majorité absolue, le règlement stipule qu’un deuxième tour est nécessaire dans les 48 heures suivant le premier vote. Pour ce deuxième tour, qui se déroule donc mardi 7 janvier, la majorité simple sera suffisante pour Pedro Sanchez. Avec ces mêmes 166 votes pour et 165 contre, Sanchez pourra alors être nommé président du gouvernement espagnol, d’où l’importance de l’abstention des députés indépendantistes du Pays Basque EH Bildu et de Catalogne ERC.


Présentation du programme du nouveau gouvernement

Pedro Sanchez et Pablo Iglesias ont annoncé la semaine dernière les principaux axes du nouveau gouvernement de coalition. A retenir, la hausse du salaire minimum, l’augmentation des impôts sur le revenu pour les salaires les plus élevés et l’abrogation en partie de la réforme du code du travail mise en place par Mariano Rajoy en 2012. 


Diverses décisions de justice sur la Catalogne

L’arrêt de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) a reconnu l’immunité du leader indépendantiste Oriol Junqueras, actuellement en prison, ce qui a compliqué l’investiture pendant les vacances de Noël. L’autre bénéficiaire de cette décision est l’ancien président catalan enfui en Belgique, Carles Puigdemont, qui pourrait plus facilement obtenir sa charge de député européen que lui a refusée le Parlement européen jusqu’à présent. Carles Puigdemont va d’ailleurs se rendre très prochainement à Perpignan pour participer à une réunion, organisée par l’association "Consell per la República", et les dernières rumeurs affirment même qu’il pourrait définitivement quitter sa résidence de Waterloo pour le soleil de Perpignan.

Une autre décision de justice, rendue cette fois-ci par le Tribunal supérieur de justice de Catalogne a condamné le président catalan Quim Torra à un an et demi d’inéligibilité pour avoir refusé de décrocher des rubans jaunes, signes de soutien envers les prisonniers indépendantistes, des façades de bâtiments publics. Quim Torra n’abandonnera pas immédiatement la présidence mais ne pourra en revanche pas se représenter.

Enfin, et toujours sur fond d’investiture, l’accord entre le PSOE et ERC déplait fortement à l’autre principale formation indépendantiste catalane, Junts per Catalunya, qui lui reproche d’engager le Gouvernement catalan de Quim Torra sans l’en avoir informé préalablement. Cet accord entre PSOE et ERC fissure encore plus l’exécutif catalan puisque le président de la Generalitat Quim Torra ne reconnaît pas cet accord, alors que son vice-président, Pere Aragonés (ERC) y est bien sûr favorable.


Conflit diplomatique en Bolivie sur fond d’investiture

"La crise de la Bolivie" dont a abondamment parlé la presse ces derniers jours rappelle un film à la James Bond. Une diplomate de l’ambassade d’Espagne en Bolivie et quatre Geos cagoulés (la brigade d’intervention spéciale de la police nationale espagnole) ont voulu faire une "visite de courtoisie" à la résidence de l’ambassade mexicaine à La Paz. La visite a tourné court après l’intervention de la police bolivienne. Le gouvernement bolivien par intérim a prétendu que les fonctionnaires espagnols auraient voulu orchestrer la fuite des deux anciens ministres boliviens d’Evo Morales (lui-même en fuite au Mexique), qui se sont réfugiés à l’ambassade du Mexique en Bolivie. L’objectif, toujours selon La Paz, aurait été de cacher les preuves de "tout l’argent qu’Evo Morales et les siens auraient volé aux Boliviens" pour les donner à des représentants du parti de Pablo Iglesias. La crise s’est pour l’instant soldée par l’expulsion de plusieurs diplomates espagnols. L’Union européenne a condamné la mesure et l'Espagne, qui a nié les accusations du gouvernement de La Paz, a de son côté expulsé des diplomates boliviens en retour. 
 

La Catalogne n’est plus la première économie espagnole

L'Institut National de Statistique (INE), dans son étude de la comptabilité régionale publiée fin décembre, annonce que le produit intérieur brut (PIB) de la Communauté de Madrid a dépassé pour la première fois le catalan en 2018, et que, par conséquent, la région de Madrid occupe désormais la première position. 


2019, année de transition pour l’emploi

Le cycle expansif dans lequel le marché du travail espagnol se trouvait depuis cinq ans se poursuit, mais l'évolution des données montre que l'année 2019 qui vient de s'achever a été une année de transition, avec la plus faible croissance en matière d’emploi depuis 2013, et seulement 384.000 personnes de plus cotisant aux régimes de la Sécurité sociale. Le nombre de demandeurs d’emploi s’est à peine réduit de 38.700 sur l’ensemble de l’année, soit cinq fois moins qu’en 2018.