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Élévation du niveau de la mer: Une partie du littoral espagnol pourrait disparaître

D'ici 2030, des inondations pourraient transformer de manière irréversible le paysage sur 194 points de la géographie côtière de l'Espagne, selon Greenpeace. La vitesse à laquelle le niveau de la mer s'élève en Espagne a doublé en 20 ans, passant d'un rythme de 1,6 mm par an entre 1946 et 2019, à 2,8 mm par an depuis 2019.

plage submergée à almeria après le passage d'une tempêteplage submergée à almeria après le passage d'une tempête
Une plage submergée à Almeria après le passage d'une tempête / MITECO
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 11 septembre 2024, mis à jour le 12 septembre 2024

L'Espagne dispose d'un littoral privilégié, avec 8.000 kilomètres de côtes sur lesquelles vivent près de 40% de la population recensée en Espagne en 2020 (plus de 18,5 millions de personnes). Cette densité de population, de 429,4 habitants/km2, indique la forte urbanisation du littoral espagnol. La Catalogne, Valence et l'Andalousie représentent à elles seules 60% de la population côtière espagnole.

L'élévation du niveau de la mer en Espagne

Mais un scénario catastrophe pourrait bouleverser ces paysages côtiers fortement urbanisés. Greenpeace alerte en effet sur la menace imminente à laquelle est confronté le littoral espagnol: l'élévation du niveau de la mer. Selon le rapport "Crisis a toda costa 2024" récemment publié par l'organisation de défense de l'environnement, dans le scénario actuel d'élévation du niveau de la mer et de la pollution, d'ici 2030 il y aura des conséquences très graves sur 194 points de la géographie côtière espagnole, où les inondations pourraient transformer de manière irréversible le paysage que nous connaissons.

La Catalogne, Valence et l'Andalousie représentent à elles seules 60% de la population côtière espagnole.

Des villes emblématiques comme Barcelone, Vigo ou La Corogne, et des destinations touristiques comme la plage de Zahara de los Atunes à Cadix, la plage de Matalascañas à Huelva ou Santa Pola à Alicante, entre autres, seront gravement touchées par l'élévation du niveau de la mer, l'intensification des phénomènes météorologiques extrêmes et le tourisme de masse, mettant en péril l'environnement, l'économie locale et le patrimoine culturel.

Élevation du niveau de la mer: Quels sont les lieux à risque en Espagne?

Parmi ces 194 zones à risque, la côte andalouse compte plus de 40 points touchés par l'élévation du niveau de la mer en seulement six ans. De même, 65% des plages de la côte valencienne ont vu leur longueur réduite à cause du surdéveloppement et des barrières artificielles au cours de la dernière décennie, tout en subissant une augmentation de la fréquence et de l'intensité des événements météorologiques extrêmes. En Catalogne, la situation est tout aussi préoccupante, avec des portions de littoral qui se détériorent sérieusement. Actuellement, 15% de la zone urbanisée de la région est située dans des zones inondables (maritimes ou fluviales), ce qui augmente considérablement le risque pendant la saison des pluies torrentielles.

Ces déséquilibres entraînent le recul du front de mer, ce qui constitue un risque pour les millions de personnes vivant le long du littoral.

Le nord de l'Espagne n'a pas non plus échappé à l'érosion et à l'élévation du niveau de la mer. Des zones côtières telles que Zumaia, San Vicente de la Barquera, Suances, l'embouchure de la Sella, la Ría de Arousa et 56 autres points de la côte cantabrique et de la Galice présentent un risque élevé d'inondation.

 

Plage de Barcelone après ñe passage de la tempête Nelson
Plage de Barcelone après le passage de la tempête Nelson /Mairie de Barcelone

 

Dans le cas des îles Canaries, on estime que l'élévation moyenne du niveau de la mer se situera entre 27 et 75 cm dans les scénarios d'émissions faibles et élevées respectivement d'ici la fin du siècle, ce qui signifierait une perte d'environ 48% de la surface des plages dans un scénario d'émissions faibles, mais presque le double, avec une perte de 80% de la surface des plages, dans un scénario d'émissions élevées.

 

Vous pouvez consulter sur ce lien la carte des plages et des zones côtières d'Espagne qui risquent de disparaître en raison de l'élévation du niveau de la mer.

Tourisme de masse aussi en cause

Il faut dire que le slogan "sol y playa" (soleil et plage) attire le tourisme depuis de nombreuses décennies. Greenpeace dénonce que de nombreuses activités associées à ce secteur ont provoqué d'importants déséquilibres sur la côte. Les plus importants sont la construction de ports, de lotissements, de terrains de golf, de canalisations, l'enfouissement et le détournement du lit des rivières, les brise-lames, les digues et etc., qui bloquent le transport du sable par le vent et détruisent les zones sablonneuses côtières. Ces déséquilibres entraînent le recul du front de mer, ce qui constitue un risque pour les millions de personnes vivant le long du littoral.

En Méditerranée, la "subsidence" est responsable de l'élévation du niveau de la mer presque trois fois plus vite que dans les zones côtières stables.

À cela s'ajoutent désormais l'élévation du niveau de la mer, l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des événements climatiques extrêmes (sécheresse, pluies torrentielles, tempêtes, ouragans, incendies, etc.) et l'augmentation constante de la température des mers et des océans, qui accroît les risques de manière exponentielle. Selon l'organisation écologiste, "en l'absence de politiques ambitieuses de réduction des émissions de gaz à effet de serre, d'une part, et de règles d'adaptation et de protection, d'autre part, il est inévitable que les inondations et l'érosion côtière augmentent, impactant les écosystèmes naturels et humains et causant des dommages matériels, économiques et sociaux".

La Méditerrannée en danger

Dans son rapport, Greenpeace met également en évidence les conditions difficiles que connaît la Méditerranée en raison de la hausse des températures de la mer. Bien que le réchauffement des océans soit un phénomène mondial, la Méditerranée s'est révélée particulièrement vulnérable à ces variations. Les températures record entraînent une dilatation thermique de l'eau, les molécules se déplaçant plus rapidement et occupant plus d'espace, ce qui augmente le volume total de la mer. À ce phénomène s'ajoute la "subsidence", un processus d'affaissement progressif des terres causé à la fois par des facteurs naturels et humains, qui intensifie le problème. En Méditerranée, la subsidence est responsable de l'élévation du niveau de la mer presque trois fois plus vite que dans les zones côtières stables.

La vitesse à laquelle le niveau de la mer s'élève en Espagne a doublé en 20 ans

Des travaux effectués par l'Institut espagnol d'océanographie (IEO-CSIC), en collaboration avec l'Institut méditerranéen d'études avancées (IMEDEA), ont confirmé l'an passé l'accélération du rythme d'élévation du niveau de la mer dans la péninsule ibérique, les îles Canaries et les îles Baléares au cours des deux dernières décennies. Alors qu'entre 1946 et 2019, le niveau de la mer s'est élevé à un rythme de 1,6 mm par an, depuis 2019, ce rythme est passé à 2,8 mm par an, soit près du double. Cette hausse accélérée a un impact significatif sur de nombreuses plages et zones côtières du pays.

Plus de 300.000 personnes vivent dans des zones à haut risque d'inondation

En Espagne, plusieurs régions de basse altitude et zones côtières sont particulièrement vulnérables aux inondations dues à l'élévation du niveau de la mer. "Le réchauffement climatique est déjà un fait et, au cours de ce siècle, le niveau de la mer sur nos côtes augmentera de plus d'un demi-mètre" signale le ministère de la Transition écologique MITECO qui travaille actuellement sur la nouvelle modification du Règlement général du littoral, qui vise à atténuer l'impact de l'avancée de la mer, due au réchauffement climatique. Parmi les mesures envisagées, et comme l'avait avancé lepetijournal.com, figure la possible expropriation de logements, hôtels et bars en bord de mer.Vous trouverez ci-dessous les cartes des risques de submersion marine fournies par le Ministère de la transition écologique (Miteco). Ces cartes révèlent que plus de 300.000 personnes vivent dans des zones à haut risque d'inondation.

 

Tout n'est pas cependant aussi sombre. Greenpeace laisse une note d'espoir! Mais il est essentiel de prendre des mesures décisives et stratégiques pour adapter les infrastructures et politiques côtières de l'Espagne. Seule une réponse solide et bien planifiée, basée sur une vision à long terme, peut atténuer les effets du changement climatique sur le littoral espagnol.

 

 

 

 

 

 

 

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