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LGBT – 10 ans de mariage gay en Espagne, 2 ans en France

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 2 juillet 2015

Cette semaine démarrent les festivités de la "fierté gay" à Madrid, qui se solderont avec la grande parade de la "marche des fiertés" ce week-end. La manifestation annuelle revendiquant les libertés et l'égalité des différentes orientations sexuelles coïncide cette année avec le dixième anniversaire de la légalisation du mariage gay en Espagne.

(CC Stefano Bolignini)

Interrogée au micro de rtve, Isabel Gómez, porte-parole de la Federation nationale des lesbiennes, gays, transsexuels et bisexuels, déclare que la loi du mariage homosexuel "n'a pas seulement servi à éliminer cette sensation d'être des citoyens secondaires", en référence aux couples de même sexe qui vivaient ensemble pendant des années sans pouvoir se marier, "mais a également contribué à construire une société plus riche". Lors du débat espagnol pour le vote de cette loi en juin 2005, José Luis Rodríguez Zapatero avait défendu le projet devant le Conseil des ministres en expliquant qu'un "petit changement sur le papier permettra de réaliser des changements immenses dans la vie de milliers de compatriotes".

L'Espagne, pionnière avant la France, les Pays-Bas, la Belgique et les Etats-Unis
Pour ce sujet de société là, l'Espagne s'est montrée beaucoup plus avant-gardiste que la France. Dès le 30 juin 2005, la loi modifiant le code civil et permettant le mariage gay fut validée, et l'union entre deux personnes du même sexe fut officiellement possible le 3 juillet 2005. Le débat en Espagne en 2005 fut aussi virulent qu'en France en 2013. De nombreuses manifestations ont eu lieu, que ce soit pour soutenir le mariage homosexuel ou au contraire pour s'y opposer. L'Eglise catholique considérait ce projet de loi comme une atteinte à l'institution du mariage. Malgré tout, une étude réalisée à cette époque auprès de la population par le Centre d'Investigation Sociologique révélait que 66,2% des Espagnols étaient favorables au mariage entre deux personnes du même sexe. Avec 187 votes en faveur et 147 contre, le mariage homosexuel fut officiellement proclamé cette année-là, et la première union entre deux hommes fut célébrée le 11 juillet 2005.

31.610 unions homosexuelles depuis 10 en Espagne
Entre juillet 2005, date d'approbation de cette loi, et fin décembre 2014, 31.610 mariages entre personnes du même sexe ont été célébrés dans la Péninsule, selon les données de l'INE. C'est bien sûr juste après la déclaration de la loi que le pic d'unions homosexuelles fut le plus élevé : jusque fin 2005, 1.269 couples ont été unis, et l'année 2006 a connu 4.313 mariages de personnes du même sexe. La tendance a ensuite baissé pour se stabiliser les années suivantes. Si au début il y avait beaucoup plus d'hommes qui se mariaient entre eux que de femmes (69,56% pour les hommes contre 30,44% pour les femmes en 2006), aujourd'hui l'équilibre se rétablit. En 2014, presque autant de mariages entre femmes (1.591) ont été célébrés que de mariages entres hommes (1.709).

17.500 unions homosexuelles depuis 2 ans en France
Côté français, le fameux "mariage pour tous" est autorisé seulement depuis le 17 mai 2013. La France faisait office de retardataire par rapport à son voisin espagnol, et le nombre de mariages homosexuels suite à l'approbation de la loi confirme une réelle demande de la part de la communauté. Les statistiques de l'INSEE révèlent que 17.500 unions entre personnes du même sexe ont été célébrées en France entre juin 2013 et fin décembre 2014. Là aussi, les mariages entre hommes étaient nettement plus prononcés juste après la validation de la loi, mais la tendance s'est peu à peu équilibrée. En 2014, 59% des mariages homosexuels en Espagne concernaient des couples d'hommes. Aujourd'hui ce type d'union représente environ 4% de l'ensemble des mariages célébrés en France, contre 2% des mariages espagnols.  

Encore de nombreuses situations à faire évoluer
Même si le mariage entre personnes du même sexe n'est plus une nouveauté en Espagne, les familles homoparentales n'ont pas encore les mêmes droits que les familles dites classiques. Par exemple, il est possible pour un homme d'adopter l'enfant de sa concubine, même si le couple n'est pas marié. En revanche, la loi ne permet pas à une femme d'adopter l'enfant de sa compagne lesbienne. Et certaines formules administratives doivent également être adaptées, pour permettre aux parents d'avoir la même responsabilité sur leurs enfants. Lors de l'inscription d'un enfant à l'école par exemple, il n'existe que la possibilité de renseigner une mère et un père dans les documents d'inscription.
La reproduction assistée pour les couples homosexuels est encore un sujet tabou. La réglementation prévoit qu'une femme aillant recours à une assistance médicale pour la reproduction puisse recevoir des ovules de sa compagne femme, tout comme il est possible à une femme seule de faire la démarche. En revanche, il est impossible pour les couples hommes d'accéder à une reproduction assistée, car la loi hispanique n'autorise pas la subrogation d'utérus.

Stop bullying
Une décennie d'existence du mariage pour tous en Espagne n'aura pas fait évoluer toutes les mentalités. Lors de la Gay Pride de Barcelone, qui s'est déroulée du 18 au 28 juin, les associations organisaient plusieurs actions sous le slogan "Stop bullying", expression employée pour dénoncer la discrimination et parfois même la violence, qu'elle soit verbale ou physique, dont souffrent plusieurs gays et lesbiennes. Les défenseurs des droits des homosexuels ont profité de l'événement pour sensibiliser l'opinion publique sur les agressions des homosexuels à l'école, dans les universités, dans la rue et au sein même de leurs propres familles. Une loi anti homophobie a été votée fin 2014 pour punir ces agissements. Pourtant, les différentes associations affirment que les agressions verbales, physiques, les harcèlements et autres exclusions sociales restent toujours impunis malgré l'existence de cette loi. Ces organismes rappellent recevoir de nombreux appels à l'aide de jeunes désespérés qui envisagent le suicide, ne sachant plus faire face aux représailles dont ils sont victimes au quotidien.

Perrine LAFFON (lepetitjournal.com ? Espagne) Jeudi 2 juillet 2015
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Publié le 1 juillet 2015, mis à jour le 2 juillet 2015
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