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EXPAT – Ma PMA en Espagne : comment ça marche ?

EuginEugin
Tirée du domainepublic (Copie d'écran Clinique Eugin)
Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 13 décembre 2018

La Procréation médicalement assistée (PMA) aussi appelée assistance médicale à la procréation (AMP) est de retour dans les débats qui animent l'hexagone depuis l'ouverture au mariage pour tous. Depuis plusieurs années déjà, certaines Françaises traversent les Pyrénées pour suivre des traitements de procréation et bénéficier notamment de transfert d'ovocytes. Pourquoi se rendre en Espagne alors que la pratique est autorisée en France ? Où se rendre ? Combien ça coûte ? Ma PMA en Espagne mode d'emploi.



L'AMP, comme son nom l'indique, désigne toutes les pratiques où la médecine intervient plus ou moins directement dans le processus de procréation. Elle n'est légale ?en France- que lorsqu'elle est destinée à traiter l'infertilité médicale du couple. Dans le duo ?un papa, une maman? la médecine a un rôle de plus en plus important. Selon l'INSEE, elle concerne près de 2,8% des naissances françaises, soit quelque 23.000 nouveau-nés pour la seule année 2011. Mais les résultats français ne sont rien comparés à ceux de son voisin ibérique.
Si parmi les techniques de PMA, celle qui consiste à recevoir un don d'ovocytes -via une fécondation in vitro par exemple (FIV)- est assez courante en Espagne, elle est bien plus règlementée de l'autre côté des Pyrénées. Sur ce sujet, les législations des deux pays différant en bien des points conduisent de nombreuses Françaises à passer la frontière. Pour celles qui franchisent le pas, des accompagnements psychologiques existent.
 

Où pratiquer une PMA en Espagne ?

C'est en Catalogne que la pratique de la PMA est la plus fréquente. Considérée comme l'une des régions les plus dynamiques en matière de procréation assistée, elle foisonne de cliniques privées que l'on peut choisir via internet comme on réserverait un hôtel. Toutefois, l'Agence de la Biomédecine met en garde : ?Les chances de grossesse, annoncées par quelques centres étrangers, ne reflètent pas toujours la réalité. Certains taux de succès affichés et particulièrement attractifs ne font pas l'objet d'une validation officielle par les autorités sanitaires compétentes des pays concernés.?
Parmi les cliniques possibles la Clinica Eugin à Barcelone se présente comme ?le spécialiste de la fertilité en Europe?. Elle accueillerait depuis 1999 des femmes venant de toute l'Europe, et ce, sans temps d'attente ni examens médicaux préalables. Ce qui représente selon elle, un gain de temps, et d'argent pour le patient. Le spécialiste français de la procréation assistée Girexx a, quant à lui, une clinique à Gérone et à Calella, non loin de la frontière française. Il serait impossible d'en dresser une liste exhaustive tant elles sont nombreuses : GINEFIV- IMFER ? GINEMED ? IREMA.
Il existe également des centres hospitaliers comme le centre de reproduction assistée de l'hôpital Quirón qui utilise les dernières techniques médicales dans la sélection de gamètes mâles. Ou encore la Dexeus dont le département de reproduction assistée est à l'origine de la naissance du premier bébé éprouvette Espagnol en 1984.

En France : une législation et des délais décourageants


Les critères pour bénéficier d'une AMP en France sont plus stricts. Déterminés par la loi Bioéthique, révisée en 2011, ils supposent l'infertilité du couple et pour la femme d'être âgée de moins de 43 ans. Il faut également pouvoir prouver l'existence d'une vie de couple hétérosexuelle et commune de plus de deux ans. Les conditions peuvent représenter un premier obstacle, mais le plus important d'entre tous reste le délai. Soit entre 18 mois et 2 ans d'attente, rapporte le docteur Joëlle Belaisch Allart, vice-présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, pour le Figaro.

Si les délais sont si longs en France, c'est que les dons d'ovocytes -permettant d'effectuer des FIV afin de palier à l'infertilité des femmes- manquent. Pour les experts médicaux, la France connaît actuellement une ?pénurie marquée? de dons d'ovocytes. Les raisons de cette rareté sont plurielles : manque d'information, trop peu de centres pratiquant la collecte d'ovocytes, des conditions contraignantes (avoir moins de 38 ans et être déjà mère) et un don non-rémunéré. Résultat : des listes d'attentes interminables et des femmes désabusées par des délais qui n'en finissent pas.

Selon un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) paru en 2011, en France environ 1.600 couples attendent chaque année qu'un don d'ovocytes leur soit accordé. Pour la seule année 2010, alors que 1.285 Françaises étaient en attente d'un don, seules 345 femmes ont donné leurs ovocytes, rapporte l'Agence française de la biomédecine. Pour ces raisons, elles font souvent le choix de partir à l'étranger où les ovocytes se font moins rares. C'est le cas de l'Espagne.



Espagne terre de nativité : le tourisme de la reproduction assistée


Selon le même rapport, 80% des Françaises ayant recourt au don d'ovocytes se rendent sur le territoire espagnol. En 2011, elles seraient près de 1.692 à s'être rendues en Catalogne, non loin de la frontière française, pour recevoir un don d'ovocytes.

Pourquoi le choix de l'Espagne ? Une législation espagnole souple, un service médical d'excellence et des délais bien plus courts. En plus des restrictions d'âge, d'orientation sexuelle ou de vie de couple quasi inexistantes pour les receveuses, les dons d'ovocyte en Espagne se comptent par milliers. Plus fréquent, anonyme, il est rémunéré. En Espagne, faire don de ses ovocytes peut rapporter près de 900?. Cette compensation qui génère un intérêt certain pour le don réduit considérablement les listes d'attentes pour les receveuses.

L'Espagne connaît son potentiel en matière de tourisme procréatif. Elle répond à cet engouement étranger par des dispositifs d'accueil performants et des événements en lien avec la PMA. L'an dernier, Madrid inaugurait le premier salon de la PMA, l'Invitra. L'occasion de réunir les professionnels de la médecine procréative afin d'accueillir et conseiller les personnes intéressées. Fort de son succès, il fera son retour du 14 au 16 novembre 2014.


Combien coûte une PMA en Espagne ? Peut-on être remboursé ? Sous quelles conditions ?


Les tarifs varient entre 3.000? et 9.000? selon les cliniques en fonction des services et des prestations proposées.


Pour les Françaises venues de France :


Si elles correspondent aux conditions de prise en charge de la législation française, elles peuvent bénéficier d'une prise en charge des soins par la Caisse Primaire d'Assurance Maladie (CPAM) à hauteur de 1.550?, sous conditions. Il faut avoir demandé au préalable un 100% stérilité (exonération du ticket modérateur) et faire remplir un CERFA par son gynécologue. Une fois la demande renvoyée à la CPAM, celle-ci décidera de valider ou non l'accord de prise en charge. Dans un second temps, une demande de prise en charge des soins à l'étranger doit être formulée auprès de la CPAM avant d'envoyer le dossier complet à la clinique choisie. Certaines mutuelles peuvent également reverser un complément de remboursement.


Pour les expatriées françaises vivant en Espagne :


Selon les services sociaux de l'Ambassade de France en Espagne, le remboursement ?n'a rien à voir avec la nationalité?. Ainsi, les expatriées françaises sont remboursées à 100% si elles sont couvertes par la Sécurité Sociale espagnole, si elles sont déclarées et/ou si elles possèdent la carte sanitaire espagnole. Toutefois, depuis la fin du mois de décembre 2013, la législation a changé. Le remboursement n'est possible qu'en cas de stérilité avérée. Les couples homosexuels ne peuvent donc plus être remboursés.


L'indispensable recherche d'un soutien français en Espagne : trois questions à Laure Gandara, coach


Dans ce marathon médical et psychologique, les Françaises cherchent du soutien en Espagne. Anne-Laure Gandara, coach professionnelle établie à Barcelone, propose d'accompagner ses cons?urs françaises dans toutes les étapes du processus. Elle nous éclaire sur les besoins de ces couples et femmes qui, poussés par l'envie d'un enfant, débarquent en terres espagnoles.

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Lepetitjournal.com : Quelles sont les personnes qui vous contactent et comment ?


Anne-Laure Gandara : Hormis des Français ou Espagnols vivant à Barcelone, je suis contactée par des personnes qui pour une raison ou pour une autre ne veulent ou ne peuvent suivre un traitement contre l'infertilité en France et qui souhaitent le réaliser à Barcelone où la procréation médicalement assistée est l'une des plus avancées au monde. Etant référencée au sein de divers cliniques et hôpitaux français et barcelonais, ces personnes me contactent généralement sur recommandation de leur gynécologue. Le premier contact est déterminé en fonction de la localisation géographique des personnes : en face à face sur Barcelone, par Skype ou par téléphone.


Un accompagnement est-il vraiment nécessaire pour ces femmes qui recourent à des pratiques de procréation assistée en Espagne ?


Les différentes techniques de procréation médicalement assistée comme la fécondation In Vitro (FIV) sont lourdes et souvent douloureuses physiquement et psychologiquement. Chaque étape de ce long processus est génératrice de grandes tensions qui affectent tous les aspects de la vie personnelle et professionnelle. Le projet de maternité est si important qu'il peut parfois amener à oublier les autres composants de sa vie : famille, amis, loisirs, couple, soi même? Pouvoir être en contact avec une personne physique, sur place, avec laquelle une relation de confiance s'est installée et parlant français représente un soutien très important. Une réelle attente et un réel réconfort !


A quoi se résume cet accompagnement ?


Mon rôle est d'écouter, d'aider à verbaliser ou à évacuer certaines émotions, à prendre conscience de ses forces afin d'agir en restant parfaitement aligné avec ses propres valeurs. A l'aide de différentes techniques -notamment d'exploration et de visualisation- nous travaillons principalement la gestion du stress et des émotions. Mais aussi la confiance et l'estime de soi qui sont primordiales. Ce processus s'effectue en considérant la personne dans sa globalité et non en se centrant exclusivement sur le projet d'enfant. Le coaching permet ainsi de compléter le traitement médical en favorisant le bien-être et en réduisant la charge émotionnelle. Cet accompagnement est un réel soutien pour voyager avec plus de confiance et de sérénité vers la maternité.

 


Léa JOURDAN et Laura LAVENNE 



Plus d'informations sur le coaching d'Anne-Laure Gandara

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