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EXPAT – Ces Français d’Espagne qui rentrent au bercail

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 25 avril 2013

Crise oblige, la décision du retour au pays se pose avec plus d'acuité que jamais. Si l'exode vers la France est souvent liée au contexte économique actuel, c'est aussi un désir de progression professionnelle, souvent délicat, voire impossible à effectuer en Espagne, qui justifie le départ. Les perspectives de carrière, d'embauches et de salaires qu'offre la France représentent pour les jeunes actifs un attrait certain qui prend le pas sur la qualité de vie à laquelle ils se sont habitués ici. Décision réfléchie, nostalgie ou légère appréhension : état des lieux avec Bastien, Delphine, Vanessa et Julien, quatre expatriés qui ont ou vont refranchir les Pyrénées.

Bastien, 29 ans, responsable d'activité, originaire de Montesson, 2 ans et demi à Madrid
"Cela a été un choix stratégique en terme de carrière?"
En poste à Madrid dans une société de logistique et de transports, il est arrivé un moment où j'ai souhaité évoluer professionnellement. Vu le contexte économique et ma branche d'activité, cela devait passer par un retour en France. J'ai donc décidé de quitter l'Espagne pour prendre un poste à responsabilité au siège de cette même société à Paris. Cela a été un choix stratégique en terme de carrière, mais pas forcément évident à faire.
J'ai laissé derrière moi des collègues, des amis qui m'ont accueillis à bras ouverts, m'ont fait partager leur quotidien et m'ont appris à aimer ce qu'ils aiment. J'ai aussi vécu une grande histoire de c?ur avec mon équipe de rugby au Lycée Français où j'ai trouvé une seconde famille. La mentalité espagnole, l'ambiance des rues, le soleil sont vraiment des choses qui vont me manquer. Je suis content de retrouver ma famille, mes amis et le petit pastis de l'apéro mais la qualité de vie en France n'est pas équivalente. Si je dois me projeter, une nouvelle expatriation serait envisageable, peut-être d'ici 2 ou 3 ans, en attendant, une soirée pour l'anniversaire d'un ami suffit à me faire revenir à Madrid pour un soir.

expat espagne
Delphine, 28 ans, chef de projet industrie pharmaceutique, 12 ans en Espagne (Palma/ Barcelone)
"Il a fallu que je réapprenne comment fonctionne le pays"
Expatriée longue durée, j'ai vécu 10 ans à Palma et plus de 2 ans à Barcelone. Après avoir terminé mon master de Chimie à Barcelone, j'ai cherché mon premier job sans succès. Mes recherches n'aboutissant pas et le temps passant, j'ai d'un coup eu un déclic : diplômée Bac + 5, je ne pouvais pas continuer à attendre indéfiniment un poste. Le marché du travail est nettement moins saturé en France et les différences de salaires conséquentes (+10 à 30% par rapport à l'Espagne). Ma décision prise, cela a été rapide : direction Paris où vit une partie de ma famille. Et j'ai trouvé un poste dans un laboratoire pharmaceutique en moins de 2 mois.
La réadaptation avec la vie administrative française n'a pas été de tout repos, je suis restée 2 mois sans sécurité sociale. C'était étrange car finalement je rentrais chez moi mais je m'y sentais au début comme une étrangère. Il a fallu que je réapprenne comment fonctionne le pays, le nom des politiques, des personnalités et même certains mots de vocabulaire. Aujourd'hui c'est Paris, demain ce sera peut être l'Espagne à nouveau, c'est une étape, rien n'est irréversible.

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Vanessa, 31 ans, chef de projet web, originaire de Marseille, 8 ans à Barcelone

"Je n'ai réalisé mon départ qu'une fois dans le train"
Il y a 8 ans, j'ai accompagné un ami en week-end à Barcelone et n'en suis plus jamais repartie. J'ai travaillé en tant que responsable commerciale dans l'événementiel puis je me suis orientée vers le marketing web et le e-commerce. Après plusieurs mois de recherches, je n'ai pas trouvé ce que je recherchais en terme de poste et de responsabilités. Le marché est saturé et puis il n'y a pas d'évaluation dans le travail ni de grilles de salaire etc... Avec la crise, j'ai vu mes amis partir un à un et je me suis rendue compte qu'il allait être difficile de se projeter en restant à Barcelone. J'ai pris 2 mois off avant de partir pour pouvoir bien profiter puis j'ai fait ma valise direction Paris. Je n'ai réalisé mon départ qu'une fois dans le train... Et là, petit moment de nostalgie quand même. Je repars à zéro dans une ville inconnue, mais où heureusement j'ai beaucoup d'amis. Ce qui va le plus me manquer ? La nature, la mer et le cadre de vie incroyable qu'offrait Barcelone. Mais ce n'est qu'un au revoir.

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Julien, 29 ans, ingénieur, originaire de Montpellier, 3 ans à Madrid

"c'est surtout une perspective d'avenir, une évolution de poste qui va me permettre de grandir et que je n'aurais pas pu avoir en restant en Espagne"
Je travaille dans une entreprise d'ingénierie à Madrid au sein d'une super équipe que je vais quitter en mai pour intégrer le groupe EADS à Marseille. Une opportunité s'est présentée et je l'ai saisie. Au delà des considérations économiques qui entrent en ligne de compte, c'est surtout une perspective d'avenir, une évolution de poste qui va me permettre de grandir et que je n'aurais pas pu avoir en restant en Espagne.
Je ne réalise pas encore que je vais partir, il faut que je commence à organiser ma fête de départ, que je profite à fond de ces dernières semaines. J'ai un peu peur de ne pas retrouver en France l'engouement de mon équipe de travail,  l'ouverture d'esprit et la chaleur des Espagnols. Ici la crise impacte le niveau de vie, il y a moins de monde dans les bars mais les gens ont gardé l'habitude de descendre dans la rue, de préserver une atmosphère festive. Je me suis aussi habitué à la sécurité et à la facilité de vie qu'offre Madrid, il y règne une certaine insouciance, une douceur de vivre que je ne retrouverai peut-être pas en France.

Propos recueillis par Virginie ABBAS (www.lepetitjournal.com - Espagne) Jeudi 25 avril 2013
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Publié le 24 avril 2013, mis à jour le 25 avril 2013
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