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EXPAT - Ces femmes qui ont monté leur boîte en Espagne

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 21 novembre 2012, mis à jour le 10 décembre 2012

Elles ont toutes la quarantaine et en commun certaines qualités telles que : le courage, la vitalité, le rêve, l'envie, la volonté, l'organisation. Mais encore : une idée de départ, de la conviction, un réseau... Et bien sûr, elles n'ont pas peur du travail. A la rencontre de ces femmes qui ont profité de leur expatriation en Espagne pour créer leur propre entreprise

Guillemette, fondatrice associée de Nota Bene, société de relation presse, est arrivée à Madrid après sa licence pour y rejoindre son fiancé qui finissait son VSN et en profitait pour y faire une thèse. Nathalie, fondatrice de Fasual, importateur distributeur d'éclairage Leds et bureau d'étude d'économie d'énergie a, quant à elle, débarqué en Espagne en septembre 2001, en tant que femme d'expatrié et en congé parental pendant trois ans. Pour Juliette, fondatrice de James Madrid Conciergerie, le souhait de quitter la France remontait de longue date, sans que ce soit une fin en soi, mais un moyen d'enrichir son parcours professionnel. Quand son mari s'est vu proposer de monter et diriger la filiale espagnole d'un grand groupe, elle et lui avaient fait le tour de leurs postes respectifs : l'occasion s'est présentée au bon moment. Valérie enfin, fondatrice de Delicias de Francia, entreprise proposant des cadeaux d'entreprises issus des produits du terroir, est arrivée en Espagne pour y travailler dans une entreprise française qui avait besoin d'une secrétaire de direction trilingue. Ces quatre femmes sont aujourd'hui à la tête de leur business. Elles répondent à nos questions.

Comment avez vous créé votre société ?
Guillemette (photo) : La pension de militaire de mon mari ne nous suffisant pas, avec son aide je suis rentrée dans une société de relations publiques. J'y ai fait la connaissance de Laure qui allait devenir ma future associée. Après mûre réflexion, nous avons décidé de monter notre agence de relation presse. Nous avons monté notre dossier, et à l'époque, il y a 18 ans déjà, nous avions droit à des aides de l'institut de la femme à Madrid, si nous étions des femmes qui embauchions des femmes.
Nathalie : J'ai crée mon entreprise en mai 2012, suite au licenciement de mon mari l'année d'avant. Etant en situation de crise, voulant rester en Espagne, il a fallu prendre des initiatives pour subvenir à nos besoins et anticiper par nous-même notre avenir professionnel. Ayant travaillé dans le bâtiment en France et les Leds étant en pleine expansion, je me suis lancée avec l'aide de mon conjoint, qui est ingénieur.
Juliette : J'ai d'abord créé une première société en France pour toute la partie étude, analyse et "business plan", afin de ne pas me charger d'une entreprise en Espagne (à mon sens plus complexe à créer et plus chère à maintenir) sans avoir validé le projet et pris le temps de décider de sa forme. Après 9 mois d'étude (le temps d'un bébé), j'ai créé la société à Madrid au travers de la VUE (la Ventanilla Única Empresarial). Ils ont été super efficaces et ont centralisé l'ensemble des démarches. J'ai décidé de créer une SL, à la fois pour des raisons opérationnelles et aussi de positionnement : la société a besoin de recruter de manière assez rapide d'une part et d'autre part, vis-à-vis des clients comme des fournisseurs, il était important d'afficher dès le démarrage cette forme de société. James Conserjería Privada, SL. a vu le jour le 4 octobre dernier. Sa marque James Madrid offre un service complet de conciergerie privée : réaliser tous les désirs et résoudre tous les soucis de ses clients (entreprises et particuliers). L'assistant personnel dont tout le monde rêve est enfin disponible pour tous les Madrilènes hispanophones, francophones et anglophones.
Valérie : J'ai créé ma société parce que j'étais mariée avec 2 enfants et que je ne trouvais pas un travail intéressant et bien rémunéré. Après avoir travaillé pour la SER et la COPE, j'ai décidé de lancer ma propre entreprise. J'avais remarqué que l'on ne trouvait que des grandes marques françaises en champagne, foie gras...et je me suis dit que j'allais essayer de vendre des produits du terroir de petits producteurs.

Avez-vous été confrontée à une forme de sexisme ?
Guillemette : Pas du tout car notre métier est un univers très féminin.

Nathalie (photo): Non, aucune, bien au contraire ! Une femme dans un métier qui rassemble beaucoup d'hommes est plutôt bien accueillie, reçue et écoutée. Je pense même que c'est plus facile pour ouvrir certaines portent à partir du moment où l'on maitrise bien son sujet.
Juliette : Issue du monde de l'informatique, de la téléphonie et des banques, j'ai toujours évolué dans un monde très masculin... et assez machiste. Aguerrie, je ne le ressens pas plus ici, d'autant que pour ce type d'activité, basé sur le service, la femme est plutôt la bienvenue et bien vue. C'eut été une autre paire de manches si j'avais souhaité officier dans le monde du conseil auprès de dirigeants... Plus d'une femme en a souffert ici !
Valérie : Je n'ai pas eu de problème en tant que femme. Mes meilleurs clients étaient des hommes. Le plus machiste que j'ai rencontré était français !

Vous êtes vous appuyée sur des réseaux ? Le fait d'être française, a-t-il représenté un atout ?
Guillemette : Nous avons commencé en allant dans les repas de la Chambre de commerce et d'industrie franco-espagnole, pour y rencontrer du monde, et nous faire connaitre. Nous avons d'ailleurs eu notre premier client par ce biais là. Nous avons aussi compté sur nos groupes d'amis. Une fois lancées, se sont les journalistes qui ont fait appel à nous. Notre nationalité nous a permis de nous ouvrir plus à l'international. C'est toujours rassurant d'avoir quelqu'un à double nationalité et qui parle plusieurs langues : en tant que Françaises vivant en Espagne, nous avons pu développer notre marché sur la France.
Nathalie : J'ai pu m'appuyer sur un petit réseau amical pour obtenir les premiers contacts, sur du bouche à oreille et surtout sur beaucoup de travail. Je ne pense pas que le fait d'être française soit un plus pour monter sa boite à l'étranger. Par contre dans mon cas, je dois développer une entreprise en Espagne et au Portugal, qui existe déjà en France et qui fonctionne très bien. Dans ces conditions, le fait d'être française donne plus de crédibilité vis-à-vis des clients et des fournisseurs et permet d'être plus représentatif des produits que nous vendons.
Juliette
(photo) : Absolument, à tous les niveaux, virtuels comme physiques, pour identifier certains fournisseurs, pour rencontrer des prospects, pour accélérer certaines démarches administratives. Les réseaux majeurs sont les Franc-Risqueurs, Womm's, ASW Madrid, Madrid Emprende, mais aussi les réseaux d'expatriés comme Madrid Accueil ou l'UFE qui permettent de tisser un réseau personnel fort, et qui par rebond débouche aussi sur des opportunités professionnelles. LinkedIn n'est pas en reste. Et j'attendais que l'entreprise soit opérationnelle pour rejoindre la Chambre. Pour le montage à proprement parler, le réseau des Français est indubitablement un plus. Mais les réseaux anglo-saxons et autres le sont certainement tout autant ! Si on parle des aides venant de la France, on oublie... L'Europe à ce niveau est pathétiquement inexistante. Si par Française on entend la culture française, l'éducation et les études à la française, et enfin l'expérience professionnelle en France : oui, la pensée cartésienne dont nous bénéficions, la rigueur, l'anticipation, la notion de qualité ou de délai sont autant d'atouts pour le montage comme pour la gestion de l'entreprise.
Valérie : Je dois beaucoup à la Chambre franco-espagnole de Commerce et d'industrie, avec laquelle j'ai entretenu d'excellentes relations qui se sont même converties pour certaines en amitié. Je suis de culture française. Je ne sais pas si c'est un plus. Peut-être pour vendre des produits français, ça fait plus vrai !

Comment arrivez-vous à joindre vie de famille et vie professionnelle ?

Guillemette : Au début nous n'avions ni l'une ni l'autre des enfants, nos maris commençaient leurs carrières, donc nous étions à fond dans le boulot. Mes deux premiers enfants sont nés 2 et 4 ans après le montage de la société. Cela nécessite une grande organisation, et être soudée avec son mari. Nous sommes à la fois des entrepreneurs, un papa et une maman, et chacun est capable de prendre le rôle de l'autre. Une différence avec la France qui nous a beaucoup aidé, avoir une "chica", une nounou à domicile qui s'occupe entièrement des enfants et de la maison : ici c'est très commun. Elles sont efficaces et abordables en prix, mais ça n'enlève pas la culpabilité de laisser votre petit bout toute la journée. Avec la technologie que nous offre la vie d'aujourd'hui, on peut s'inventer un bureau partout ce qui simplifie énormément la vie de famille et la vie professionnelle. Après toutes ces années, je suis très heureuse quand mes enfants me disent : "maman on est très fière de toi". Toute la culpabilité s'envole et je suis heureuse de l'équilibre, de la complicité avec mon mari et mes enfants, bref je suis contente de ma vie et je n'y changerais rien.
Nathalie : J'essaye de gérer mes priorités professionnelles sans pour autant "empiéter" sur celles de ma vie privée et je compte sur mon mari qui m'est d'un grand soutien, car ce n'est pas toujours facile. Avec un seul enfant c'est quand même plus simple à gérer qu'avec une grande famille.
Juliette : J'ai la chance d'avoir deux enfants relativement grands (15 et 12 ans) qui ont de surcroit toujours connu leurs deux parents au boulot. Ils sont donc assez autonomes. L'autre chance est que mon mari est tout aussi impliqué que moi à la maison. Et puis la conciergerie c'est le service. J'aime être en soutien des autres, les miens inclus ! Pour une fois, les cordonniers ne sont pas trop mal chaussés !
Valérie (photo) : J'ai réussi longtemps à joindre les deux au prix de nombreux sacrifices, dont celui de passer les fêtes de Noël sans les enfants (sauf pour le réveillon). A la naissance de mon troisième enfant, j'ai dû freiner l'activité.

Si votre départ de France a provoqué votre perte d'emploi, ne perdez pas espoir. En Espagne, il y a beaucoup d'idées novatrices à mettre en place. Passez la première année à vous installer, prenez vos marques et organisez votre nouvelle vie. Quand vous vous sentirez prête, demandez de l'aide, prenez des conseils et lancez vous !

Stef Jelensperger (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 21 novembre 2012
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Nathalie, FASUAL España
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Juliette, James Madrid Conciergerie
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www.jamesmadrid.es



Valérie, Delicias de Francias
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Villanueva de la Cañada
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Publié le 21 novembre 2012, mis à jour le 10 décembre 2012