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Tolède : histoire de l’autre capitale

Il est des villes dont les pierres dégagent le parfum de l’histoire à chaque coin de rue. Tolède, dont l’origine se perd loin dans les siècles passés, est de celles-ci.

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tirée du domaine public
Écrit par Quentin Gallet
Publié le 2 août 2023, mis à jour le 27 novembre 2024

Plongez dans l’histoire fascinante d’un des joyaux touristiques de l’Espagne à quelques encablures de Madrid.
 

Un bastion naturel

Tant le site que la situation ont fait, depuis des temps immémoriaux, de l’actuelle Tolède un endroit de choix pour des établissements humains. Ainsi, dès l’Age de Bronze, le Cerro del Bu, promontoire faisant face à la ville actuelle, est occupé. Présentant l’avantage de la hauteur et d’un accès à la rivière, les hommes d’alors peuvent compter sur la protection de cette forteresse naturelle tout en jouissant d’une ouverture sur la péninsule. Les restes archéologiquement retrouvés là témoignent d’une certaine richesse de cette "proto-Tolède". 


De la modeste Toletum à la capitale des Wisigoths

A l’époque romaine, la ville quitte le Cerro del Bu, enjambe le Tage, pour gagner la zone de l’actuelle Alcazar. Une nouvelle entité, romaine, naît au tout début du IIe siècle avant notre ère : Toletum. Connue de Tite Live, elle est une des nombreuses villes de la province romaine d’Hispania. Commence alors une période prospère qui épouse la destinée de la République puis de l’Empire romain. 
 

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Restes d’un cirque romain à Tolède (image du domaine public)

Ainsi au moment des grandes invasions, Toletum n’échappe pas au chaos et au pillage. Un de ces peuples venus de l’Est décide finalement de s’installer en Hispania. Les Wisigoths, car c’est d’eux dont il s’agit feront de la cité la capitale de leur vaste royaume.  
Ville au rayonnement politique et militaire, Tolède endosse aussi un rôle religieux de premier plan. Elle accueille près d’une vingtaine de conciles et non des moindres. Le IIIe concile de Tolède, en 589, est un évènement fondamental. Les rois wisigoths y abandonnent l’arianisme, dénoncé comme hérésie, au profit du catholicisme qui deviendra la religion officielle de la monarchie. 


La ville musulmane

En 711, le sud de la Péninsule est envahie par les armées musulmanes de Tariq. L’année suivante, ils prennent Tolède qui suivra dès lors le destin de l’émirat puis du califat de Cordoue avant d’être la tête d’une "taifa", petit royaume musulman indépendant. 
De cette époque musulmane subsistent de nombreux éléments dont notamment l’ancienne église Cristo de la Luz qui est à l’origine une mosquée bâtie vers l’An Mil.
 

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Ancienne mosquée, ancienne église, Cristo de la Luz est aujourd’hui un musée (image du domaine public)

Plus largement, Tolède disposera ainsi pendant plusieurs siècles d’une certaine aura intellectuelle. Ses écoles juives, tout particulièrement, menées par des savants comme Abraham ibn Ezra, seront reconnues.


La capitale des trois cultures

Alors qu’al-Andalous est victime de troubles internes menant au morcellement du califat, Tolède tombe aux mains des chrétiens dès 1085. Il s’agit de la première grande victoire de la Reconquista.

 

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Prise de Tolède représentée sur la Place d’Espagne de Séville (image du domaine public)

Après la guerre, le temps de la paix et de la prospérité semble être venu à Tolède. La cité devient la capitale du royaume de Castille. Elle fleurit sur le plan politique, religieux, économique et culturel. Tolède va alors renforcer sinon une coexistence idyllique tout du moins un syncrétisme fécond entre les trois religions. Ainsi Tolède acquiert une excellente réputation de centre de traduction et d’échange de textes. 


Le déclassement de la rebelle

Alors que le Moyen-âge de Tolède fut fastueux, les débuts de l’époque moderne seront moins favorables à la cité. Ainsi, au début du XVIe siècle, la capitale verse du côté des comuneros révoltés. Ce mouvement défend avec acharnement le pouvoir local contre Charles Quint qui entend imposer un centralisme cher aux Habsbourg. Les Tolédans devront toutefois finir par se soumettre.
 

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Philippe II d’Espagne (image du domaine public)

Enfin, un nouveau coup dur est porté en 1561 quand Philippe II, fils de Charles Quint, décide de fixer la cour à Madrid qui jouit (et toujours actuellement) d’une centralité mathématique. 


La capitale culturelle brille encore

Peu de temps après ce qui semble être la relégation d’une capitale en modeste ville de la province, arrive à Tolède un des géants de l’art espagnol : El Greco. C’est là qu’il peindra en 1586, l’Enterrement du comte d’Orgaz, chef d’œuvre du Siècle d’Or. 
 

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L’enterrement du comte d’Orgaz, El Greco, 1586, Tolède (image du domaine publique)


Le siège de l’Alcazar dans la mythologie de la Guerre Civile

Dans l’histoire contemporaine, Tolède est restée célèbre pour avoir été le théâtre d’un des événements les plus marquants de la guerre civile sur le plan symbolique. 
Nous sommes en 1936. C’est autour de l’Alcazar, académie militaire d’allégeance nationaliste, qu’eut lieu un siège de plus de deux mois. Les hommes en faveur de Franco tiendront alors tête aux républicains malgré l’infériorité numérique des premiers. 

 

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Alcazar de Tolède (image du domaine public)


Le joyau touristique

Aujourd’hui Tolède est une ville touristique incontournable pour qui visite l’Espagne. Sa proximité avec la capitale (une trentaine de minutes en train) en fait un site très prisé par les visiteurs. 
Son patrimoine historique préservé, ses points de vue à couper le souffler, sa gastronomie généreuse et son artisanat multiséculaire en font un véritable joyau. Ce n’est ainsi pas un hasard si c’est à Tolède que le Puy du Fou décida d’installer son premier parc hors de France. 

C’est que Tolède est, en quelque sorte, un condensé de l’histoire de l’Espagne, entre grandeurs et décadences, prospérités et souffrances, ententes et tensions. 

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