Depuis son ouverture l’an passé, Puy du Fou Espagne a connu un succès foudroyant. Et c’est pour le moins significatif que ce soit des Français qui mettent en valeur l’histoire de l’Espagne. Tout un défi que son CEO Erwan de la Villéon a su relever avec brio. Il nous raconte son aventure.
Il y a quatre ans, Erwan de la Villéon est arrivé en Espagne avec, en plus de ses valises, un projet… Fou. En effet, les responsables du grand parc vendéen Puy du Fou avait choisi l’Espagne pour leur première aventure à l’international. "Nous avions décidé de fonder un autre Puy du Fou ailleurs -se souvient Erwan de la Villéon, CEO du Puy du Fou Espagne- mais, nous ne voulions pas n’importe quel 'ailleurs'. Pour faire un projet viable, il fallait qu’il ait du sens, qu’il y ait une grande histoire, avec laquelle on ait des affinités culturelles, historiques et même affectives".
Pour leur expansion internationale, il y avait pourtant d’autres candidats aussi riches d’histoire, tels que l’Autriche ou l’Italie. Mais c’est l’Espagne, et concrètement la ville de Tolède, qui a retenu toute l’attention des Français. "Tolède était pour moi une évidence -raconte Erwan de la Villéon- avec tant de richesse culturelle et historique. Cette ville a été la capitale espagnole pendant des siècles, et elle a un grand patrimoine qui réunit la plupart des influences de l’histoire de l’Espagne. En plus, Tolède est à côté de Madrid. C’était une pépite absolue".
Un concept "Puy du Fou" plein d’émotions
Comme le rappelle Erwan de la Villéon, le Puy du Fou n’est pas un parc d’attractions, mais un "concept", celui de faire découvrir ou remettre en valeur de façon ludique les grands moments de l'Histoire avec un H majuscule, l’histoire des peuples, des terroirs. "Chaque pays, chaque région -explique le CEO du Puy du Fou Espagne- a son histoire, ses traditions. Des traditions qui se perdent et qu’il faut récupérer. C’est la mémoire du peuple. Le Puy du Fou met en scène ces histoires en les entremêlant de légendes et d’anecdotes, à travers des spectacles originaux, émouvants et grandioses de par leurs effets spéciaux, chaque année plus époustouflants. Comme l’affirmait en 1977 le fondateur du Puy du Fou, Philippe de Villiers, le succès ne se mesurera pas seulement en terme économique, mais en émotion. C’est la grande vertu de ce modèle".
Et pour raconter la richesse du patrimoine historique qui coule dans les veines espagnoles, des historiens ainsi qu’une équipe créative franco-espagnole dédiée au projet, travaille depuis trois ans à la création des grands spectacles qui propulseront les spectateurs à travers une fresque historique de 1500 ans. Même s’il s’agissait d’un défi de parler de l’histoire d’un pays qui a souvent tendance à oublier, voire renier, son passé, victime de la fameuse légende noire ou de la mode actuelle de la repentance, le Puy du Fou y est non seulement parvenu mais en plus, l’acceptation a été immédiate de la part des Espagnols.
60.000 places vendues en quelques heures
Ainsi, avant même son ouverture fin août 2019, Puy du Fou Espagne a connu un succès foudroyant puisque les 60.000 places de son spectacle nocturne "El Sueño de Toledo" se sont arrachées en quelques heures. L’engouement du public espagnol et la dimension de cette vague de réservation, véritable tsunami, a été une énorme surprise pour les responsables du Puy du Fou. "L’Espagne est une terre pleine de traditions –signale Erwan de la Villéon- et c’est réjouissant de voir que le public a tout de suite accroché, en goûtant aux saveurs des grandes heures de son histoire. Je remercie en particulier Castilla la Mancha, qui a cru en notre projet. L’Espagne est un pays magnifique et j’en suis tombé amoureux". Comme tout amoureux qui a des rêves, le spectacle "El sueño de Toledo" (Le rêve de Tolède) en est le fidèle reflet. Et, pourquoi pas, dans 15 ans, il sera peut-être possible de réaliser un tour d’Europe, de Puy du Fou en Puy du Fou.
Mais pour en revenir à l’Espagne, il s’agit également d’un double succès, car il faut rappeler que, contrairement à Disneyland par exemple, Le Puy du Fou n’était pas spécialement connu du grand public espagnol. En gagnant son pari, le Puy du Fou Espagne s’est d’abord construit une solide réputation, mais également il joue le rôle de parfait ambassadeur de son grand frère vendéen auprès du public espagnol mais aussi hispanophone.
Le Cid versus Batman
"Sans conteste -affirme Erwan de la Villéon- culture et divertissement peuvent parfaitement se marier. Et avec tant de grands héros espagnols, les enfants n'ont pas besoin de Mickey, Pokemon ou Batman pour s'amuser. C’est de la culture populaire. Le secret c’est de le faire avec le cœur". Et c’est une chose que les gens du Puy du Fou savent très bien faire. Preuve en est les 2,5 millions de visiteurs en France, alors que le parc est pourtant situé au milieu de nulle part ! Les gens sont donc prêts à se déplacer jusque là, car le concept Puy du Fou les attire. Il a d’ailleurs été élu deux fois "Meilleur Parc du Monde", sans compter les nombreuses récompenses internationales pour ses spectacles.
Mais on ne peut oublier la pandémie. A cause de la crise du Covid-19, l’année 2020 est pour le moins… particulière. "Bien sûr -révèle le CEO du Puy du Fou Espagne- nous avons dû annuler plus des deux tiers des dates de la saison. Mais le chemin est long, on ne s’arrête pas et on continue les travaux pour être prêts l’année prochaine". Ainsi, au spectacle nocturne s’ajoutera à la programmation du parc, qui ouvrira avec quatre grands spectacles et trois villages historiques : un bourg castillan du XIIIe siècle, un campement mauresque du Xe siècle et enfin la typique "venta manchega" (exploitation agricole) avec des artisans, tout cela au milieu de 30 hectares de nature.
Un grand hommage au personnel sanitaire
Et comme le Puy du Fou croit beaucoup aux symboles, il est resté solidaire et a su montrer du cœur, un peu comme celui de l’emblème de la Vendée. C’est ainsi que Puy du Fou Espagne va commencer cette saison par un hommage public au personnel sanitaire de Castilla la Mancha et de Madrid, qui a été invité à la première du spectacle, "une manière de les remercier et de les applaudir pour ce qu’ils ont fait pendant la crise sanitaire" -explique Erwan de la Villéon. Tout un symbole.