C’est le nom du rapport de la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB) publié le 14 septembre 2020. Elle constate l’échec du Royaume-Uni à remplir 17 des 20 objectifs fixés pendant la Convention sur la diversité biologique en 2010 au Japon.
Le RSPB révèle même que les efforts du gouvernement britannique ont diminué dans certains domaines de la protection de la biodiversité nationale.
Une détérioration de la protection des espèces menacées
Le rapport State of Nature publié en 2019 par l’ONG National Biodiversity Network, premier partenaire du Royaume-Uni dans la protection de l’environnement, affirme que 41% des espèces présentes sur le territoire britannique sont en déclin depuis les années 1970. Cela signifie que leur population est de moins en moins importante, et aucun signe d’amélioration n’a été constaté depuis 50 ans.
De plus, le RSPB dénonce une diminution de 27% des territoires sur lesquels ont été observées des espèces classées « espèces prioritaires » au Royaume-Uni entre 1970 et 2016, selon l’indicateur national C4b. Ce dernier mesure le nombre d’espèces prioritaires observées sur le territoire national divisé en grille d’un kilomètre carré. Selon le RSPB, les causes principales de ce déclin sont l’augmentation de l’utilisation de pesticides et d’engrais, ou encore la modification des méthodes de plantation et de récolte, liée à la mécanisation croissante de l’agriculture. Du côté maritime, la surpêche et les captures accessoires, qui sont le total des espèces mortes lors d’opérations de pêche, sont également mises en cause.
La réalité controversée des zones protégées au Royaume-Uni
Dans son 6th National Report Assessment to the Convention on Biological Diversity, évaluant la réponse du Royaume-Uni aux objectifs qu’il s’était fixés en 2010, le gouvernement britannique se félicite du classement de 28% de son territoire en « zones protégées ». Il remplit ainsi l’objectif 11 de la Convention qui fixait à 17% la surface du territoire national devant être classée « zone protégée », mais surtout faire l’objet d’une protection efficace et durable de sa biodiversité.
De son côté, le RSPB constate que seulement 5% du territoire national respecte cet objectif. Cela s’explique par le fait que le Royaume-Uni inclut dans ses zones protégées les parcs nationaux, et les « zones de beauté naturelle exceptionnelle » (Area of Outstanding Natural Beauty). Or, la moitié des incidents de capture de rapaces ont lieu dans ces deux types de territoire, questionnant ainsi l’efficacité des mesures de protection de la faune et de la flore. Les chiffres procurés par le gouvernement britannique cachent donc une réalité toute autre.
Le RSPB affirme donc que le Royaume-Uni ne remplit pas cet objectif de préservation de ses zones protégées. La diminution du budget accordé à ce dernier, qui est passé de 2 millions de livres en 2010 à £700 000 en 2019, est dénoncée par la société de protection de l’environnement.
Un financement de la préservation des ressources naturelles insuffisant
Dans son 6th National Report Assessment to the Convention on Biological Diversity, le Royaume-Uni reconnaît avoir diminué de 29% ses dépenses publiques destinées à la préservation de la biodiversité. Ces dernières étaient de 641 millions de livres en 2012/2013, contre seulement £456 millions en 2017/2018. Ces chiffres inquiétants soulèvent de nombreuses interrogations quant à l’engagement réel du gouvernement britannique dans la protection de l’environnement, notamment dans le contexte actuel d’augmentation croissante de la consommation des ressources naturelles.
Quels nouveaux objectifs pour 2030 ?
En 2021 aura lieu le Sommet International des Nations Unies pour le Climat à Glasgow. Dans cette perspective, le RSPB a proposé dans son rapport un programme environnemental à destination du gouvernement britannique, s’il compte figurer parmi les leaders de la lutte climatique internationale.
Il est nécessaire que le Royaume-Uni se fixe des objectifs concrets et ambitieux aux échelles nationale et internationale dans la protection de l’environnement. Cela passe notamment par une augmentation des financements et des ressources accordés à cette cause, l’extension des plans nationaux de protection de la nature à l’ensemble du gouvernement, et la transparence des données gouvernementales dans ce domaine.
Afin de remplir son objectif de protection de son territoire naturel, le Royaume-Uni doit classer « zones protégées » 30% de ses terres et de ses eaux, et les administrer de manière durable et efficace afin de préserver leur biodiversité.
Le gouvernement doit voter des lois plus contraignantes quant à la réglementation de la pêche, dans le but de stopper l’exploitation des ressources maritimes au-delà de leurs limites naturelles.
Enfin, des réformes fondamentales de l’agriculture et des pratiques de consommation doivent être envisagées au Royaume-Uni, et notamment le développement de méthodes agricoles plus respectueuses de l’environnement, à travers la meilleure rémunération des agriculteurs qui les emploient.
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