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Theresa May table sur une stratégie « mon deal ou le chaos »

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Écrit par Camille Calvier
Publié le 20 décembre 2018

Alors que l’accord sur le Brexit conclu entre Londres et Bruxelles est en suspens au Parlement britannique, l’hypothèse d’un no-deal semble de plus en plus probable. Porte-parole des Conseillers du commerce extérieur de la France au Royaume-Uni, l’avocat du cabinet Cripps, Olivier Morel, évoque les incertitudes liées à la teneur que prendra le Brexit.

Theresa May a annoncé que l’accord sur le Brexit, conclu le 25 novembre entre le Royaume-Uni et l’UE, sera finalement voté la semaine du 14 janvier au Parlement britannique, provocant le dépôt d’une motion de censure par le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn. Si la motion n’aura que peu d’impact sur le gouvernement, elle appuie l’hypothèse que les députés ne ratifient pas le texte de retrait du Royaume-Uni de l’UE. De son côté, la Commission Européenne a prévu une série de mesures visant à sauvegarder des « intérêts vitaux » de l’UE en cas de non accord.

L’hypothèse d’un Brexit sans accord semble la plus plausible, quels seraient les effets d’un no-deal ?

O. Morel : Difficile de prévoir ce qui va se passer. En théorie, en cas d’absence d’accord, le Royaume-Uni devient mécaniquement un pays tiers de l’UE le 29 mars à minuit, heure de Bruxelles, et à 23 heures pour Londres. L’Union douanière sera suspendue et on se retrouvera dans un vide juridique. Le gouvernement britannique communique beaucoup ces jours-ci sur les conséquences catastrophiques d’un « no deal » : stockage de médicaments par le National Health Service, mobilisation de 3 500 militaires pour faire face à d’éventuels troubles à l’ordre public, construction de voies supplémentaires sur l’autoroute Londres-Douvres pour y parquer des camions en cas de retour, des contrôles douaniers entrainant des retards à la frontière... Il s’agit vraisemblablement d’annonces pour effrayer le public et surtout les parlementaires, afin de les pousser à voter pour l’accord. Theresa May table sur une stratégie : « mon deal ou le chaos ». C’est pourquoi la Première ministre a repoussé le vote au 14 janvier - ce qui est très tard - pour faire monter la pression.

Quelles seraient les répercussions économiques en cas de no-deal ?

O. Morel : Quelle que soit la nature du Brexit, il y a une grande incertitude. Cela fait deux ans (depuis le résultat du référendum) qu’on ne sait pas vraiment ce qu’il va se passer. Les organisations patronales soutiennent l’accord conclu entre Londres et Bruxelles pour pouvoir se projeter. Mais l’économie continuera de fonctionner, le Royaume-Uni ne va pas disparaître du jour au lendemain.

L'accord peut-il encore être remanié d’ici le 14 janvier ?

O. Morel : Le Parlement ne siège pas entre le 20 décembre et le 6 janvier. Les prochains débats parlementaires sur l’accord, lors desquels peuvent être votés des amendements éventuels, sont fixés à la semaine du 7 janvier, pour un vote la semaine suivante. Pour cela, il faudrait une avancée dans les prochaines 24h, ce qui est peu probable. L'idée d'un second référendum sur le Brexit émerge, ce que refuse Theresa May.

Un second référendum pourrait-il être une option envisageable ?

O. Morel : La probabilité qu’il y ait un second référendum a augmenté. Mais la question qu’il faut se poser est : quelle question figurerait sur le bulletin de vote ? S’agit-il d’un référendum sur l’annulation du Brexit ou seulement un choix entre diverses options de relations futures entre le Royaume-Uni et l’UE ? Organiser un référendum prend du temps, il est trop tard pour le faire avant le 29 mars 2019, d’autant plus que le gouvernement s’y est formellement opposé, mais ce ne serait pas la première fois qu’il change d’avis…

Si le texte est finalement adopté par le Parlement britannique, puis européen, y aura-t-il des répercussions sur l’économie du pays et sur les ressortissants européens ?

O. Morel : Dans la pratique, il y aura très peu de changements visibles au quotidien. La période de transition permettra aux entreprises et aux personnes de s’organiser, pendant que le Royaume-Uni et l’EU entameront les négociations des termes de leur future relation.

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