Un partenariat sans précédent devrait voir le jour cette semaine. Le NHS va en effet unir ses forces avec le secteur de la santé privé, dans un plan d'urgence pour lutter contre la crise du coronavirus.
Cette nouvelle intervient alors que les craintes grandissent au sein de la population et du fait que les hôpitaux financés par l'État, ne seront bientôt plus en mesure de faire face à l’accueil des nombreux patients souffrant du virus. « Nous avons besoin de toutes les parties du secteur de la santé pour intensifier et jouer leur rôle, compte tenu de ce qui nous attend », a déclaré un haut responsable du NHS. « Les structures privées possèdent les ressources dont nous allons avoir besoin, notamment des salles, des lits supplémentaires et des soignants qualifiés ». Les patrons du NHS s'attendent à ce que le coût de l'élargissement du rôle du secteur indépendant, soit couvert par le gouvernement, celui-ci ayant annoncé dans le budget la semaine dernière, qu'il fournissait 5 milliards de livres sterling, pour faire face au Covid-19. De gros investissements sont aussi engagés auprès de fabricants, pour augmenter l'offre de ventilateurs, qui seront nécessaires pour traiter les patients présentant les symptômes les plus graves du Covid-19.
Les scientifiques montent au créneau
Dans une lettre ouverte adressée au gouvernement, 245 scientifiques et mathématiciens ont dénoncé le projet de parvenir à « l'immunité collective », qui consiste à retarder les mesures visant à empêcher la propagation du virus. Or pour eux, agir maintenant sauverait justement « des milliers de vies ». Une analyse corroborée par le nombre de cas confirmés au Royaume-Uni, qui a atteint aujourd’hui 1 375, contre 798 vendredi.
Les universitaires signalent également dans cette lettre que le Royaume-Uni voit et va voir les infections augmenter au même rythme qu'en Italie, en Espagne, en France et en Allemagne, ce qui annonce des milliers de personnes malades en quelques jours. « Dans un schéma de croissance sans contrainte, cette épidémie affectera des millions de personnes dans les prochaines semaines », indique la lettre, ajoutant que le NHS serait « gravement menacé » de ne pas pouvoir y faire face. « Vouloir agir pour l’immunité collective », à ce stade, ne semble pas une option viable, car cela mettra le NHS à un niveau de stress encore plus élevé, risquant beaucoup plus de vies que nécessaire. En mettant en place, dès maintenant, des mesures de distanciation sociale, la croissance de l’épidémie peut être considérablement ralentie et des milliers de vies peuvent être épargnées. « Nous considérons que les mesures de distanciation sociale prises à ce jour, sont insuffisantes. » Enfin, les scientifiques, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les politiciens de l’opposition, ont tous remis en question la décision du gouvernement de limiter les tests aux patients admis à l’hôpital.
La réponse du gouvernement
Un porte-parole du ministère de la Santé a répondu que « chaque mesure était basée sur les meilleures preuves scientifiques ». Le gouvernement affirme par ailleurs que « notre connaissance des niveaux d'immunité probables dans le pays, au cours des prochains mois, garantira que notre planification et notre réponse sont aussi précises et efficaces que possible. » D'autres experts ont soutenu le gouvernement dans ce sens. « L'approche du Royaume-Uni est motivée par des preuves appropriées au contexte local » a déclaré Michael Head, chercheur principal à l'Université de Southampton. « Ce que les autres pays font avec leurs populations, avec des attentes et des habitudes culturelles et sociales nettement différentes, ne signifie pas que le Royaume-Uni fait fausse route. »