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Annonce du budget : les mesures phares du gouvernement Johnson

Budget Royaume-Uni coronavirus aides Rishi SunakBudget Royaume-Uni coronavirus aides Rishi Sunak
Chris Lawton
Écrit par Lepetitjournal Londres
Publié le 15 mars 2020, mis à jour le 15 mars 2020

Fin de la politique de rigueur, place à la relance. En rupture avec la politique menée jusqu'ici, le nouveau chancelier de l’Échiquier, Rishi Sunak, a annoncé, mercredi dernier, la mise en place de nouvelles mesures.

 

À circonstances extraordinaires, actions extraordinaires. C'est le message que veut faire passer le gouvernement, qui renoue, après des années d’austérité, avec la tradition keynésienne. Dans son discours devant la House of Commons mercredi, le chancelier a présenté un budget de 30 milliards de livres. 

Très attendu sur la gestion de l'épidémie de COVID-19, le gouvernement se dit prêt à « investir ce qui est nécessaire, que ce soit en millions ou en milliards de livres sterling ». Rishi Sunak a ainsi annoncé la mise en place d'un plan économique anti-coronavirus. D’après lui, l'épidémie aura un impact « significatif mais temporaire » et que « ensemble nous surmonterons cette crise ».

Les aides santé

Cela comprend notamment une enveloppe initiale de 5 milliards de pounds, destinée à financer le NHS. Rishi Sunak a en effet affirmé que le gouvernement se tenait prêt à soutenir le NHS, à court terme, peu importe le coût. 

Le gouvernement propose également une aide financière aux Britanniques par le biais d'un assouplissement des allocations maladies. Celles-ci vont désormais s'appliquer aux personnes contraintes de se mettre en quarantaine, même sans la présence de symptômes et ce, dès le premier jour de mise en isolement. Les auto-entrepreneurs et les personnes en emploi précaire ne sont toutefois pas concernés.

Les aides aux entreprises

Au niveau des entreprises, le plan promet un soutien financier important, avec pas moins de sept milliards de livres alloués aux travailleurs indépendants et aux PME. 

De plus, l’allocation maladie sera prise en charge par le gouvernement, afin de soulager les petites et moyennes entreprises.

À cela s'ajoute des mesures de soutien adressées aux secteurs suivants : la vente au détail, l'hôtellerie et le loisir/tourisme, avec la suppression de taxes foncières pour l'année 2020/2021.

Et, pour faire suite à la baisse des taux de la Banque d'Angleterre (- 0,25 %), le gouvernement souhaite permettre aux banques d'offrir des prêts à long terme, à des taux très bas, aux entreprises en difficulté. 

Outre le plan anti-coronavirus, voici d’autres facettes du budget annuel

En bref, le gouvernement entend investir plus que prévu en aides budgétaires. Le seuil de contribution à l'assurance nationale (NIC) a été augmenté, passant d'un revenu annuel de 8,632 à 9,500 livres sterling. Cela devrait bénéficier 31 millions de personnes, d'après le gouvernement. Le salarié moyen devrait économiser 104 livres par an, contre 78 livres par an, pour les auto-entrepreneurs. 

Un budget de cinq milliards de livres a été alloué à la mise en place d'un réseau haut débit "gigabit-capable" (environ 40 fois plus rapide que le réseau haut débit actuel), pour les cinq prochaines années à venir. 

Dans la même optique, la taxe sur la valeur ajoutée va être supprimée pour les produits sanitaires, comme les tampons. La « taxe de lecture » (TVA sur les livres et les e-books, magazines et journaux) est également supprimée. Les taxes sur l'alcool et l'essence sont gelées et ne devraient pas augmenter, contrairement au prix du tabac. 

Le gouvernement entend également inciter à l'achat de véhicules à énergie verte, avec des subventions accordées aux vendeurs automobiles, leur permettant par exemple, de baisser le prix des voitures électriques. La création de nouveaux postes de recharge pour les véhicules électriques a d'ailleurs été financée à hauteur de 500 millions de livres.

Enfin, et c’est la surprise, la baisse de l’imposition sur le résultat des entreprises, prévue au 1er avril, n’aura pas lieu. Le taux reste donc fixé à 19 % et ne passera pas à 17 %. C’était un engagement fort du budget voté en 2016, mais la mesure est jugée trop coûteuse. Ce statu quo va permettre au gouvernement de disposer d’une manne financière, estimée à 46 milliards de livres sterling chaque année. Cette « reculade » suscite des commentaires, notamment de Shabir Djakiodine, fondateur du cabinet Euro accounting : « le budget tient compte de certaines préoccupations des business, liées notamment aux pertes engendrées par le virus. Il est plus ou moins conforme à ce qui avait été annoncé par le gouvernement. Cependant, la réduction d'impôts aurait été la bienvenue et aurait stimulé l'économie ». 

 

Benjamin Wettling