Le timing semble définitivement être la clé de cette campagne de vaccination contre le Covid-19. L’Union européenne et le Royaume-Uni commencent à l’expérimenter en approuvant chacun un deuxième vaccin différent. Mais pourquoi?
Nouveau tournant. L’Agence européenne des médicaments (EMA) a donné son feu vert le lundi 4 janvier quant à l’utilisation du vaccin contre le Covid-19 élaboré par la société américaine Moderna au sein des pays de l’Union européenne. Pour la première fois depuis le lancement de la campagne de vaccination, une différence se crée dans les produits administrés pour mettre fin à la pandémie de coronavirus en Europe. Le Royaume-Uni a en effet approuvé le vaccin du laboratoire AstraZeneca en collaboration avec l'université d’Oxford fin décembre 2020.
Le produit développé par Moderna se base sur la même technologie de l’ARN messager que le vaccin Pfizer/BioNTech utilisé depuis quelques semaines au Royaume-Uni et depuis plusieurs jours dans l’Union européenne. Jusque là les pays des deux côtés de la Manche prodiguaient donc à leur population les mêmes sérums. Mais d’ici quelques temps la France, l’Espagne ou encore l’Allemagne commenceront à utiliser le vaccin Moderna, alors que le 4 janvier dernier les premiers Britanniques ont reçu des doses d’Oxford/AstraZeneca.
L’Union européenne a mis plus de temps à recevoir les données Oxford/AstraZeneca
L’Union européenne ne devrait pas approuver le vaccin Oxford/AstraZeneca avant la mi-janvier. Le directeur exécutif adjoint de l’EMA, Noël Wathion, avait en effet reporté fin 2020 au quotidien belge Het Nieuwsblad qu’en ce temps là le laboratoire AstraZeneca et l'université d’Oxford n’avaient “même pas encore déposé de demande” pour être utilisé dans l’Union européenne. “Il nous faut des données additionnelles sur la qualité du vaccin" insistait donc Noël Wathion alors que le Royaume-Uni venait d’approuver le produit. L’EMA a même précisé par communiqué que “cela a été demandé à l'entreprise".
Quelques jours plus tard, le porte-parole d'AstraZeneca annonçait à la presse : "Nous sommes en mesure de confirmer que nous avons soumis un dossier complet auprès de l'Agence européenne des médicaments”. Le laboratoire semble ainsi avoir privilégié le Royaume-Uni, pays d’origine de l’entreprise. Le soutien apporté par la Grande-Bretagne dans les recherches ainsi que la commande de 100 millions de doses ont également du peser dans la balance. L’Inde et l’Argentine ont déjà approuvé, elles aussi, le vaccin Oxford/AstraZeneca. L’Union européenne devra donc quant à elle patienter encore quelques semaines pour accéder à ce produit qui diffère en de nombreux points au vaccin Pfizer/BioNTech.
Pas de vaccin Moderna au Royaume-Uni avant le printemps 2021
Au royaume de sa majesté, le vaccin Moderna prend du retard. L’Union européenne vient de l’approuver et les États-Unis l’utilisent déjà. Le Brexit n’est pas innocent à l’égard de cet écart. Depuis la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, les Britanniques ne peuvent en effet plus profiter de l’approbation effectuée par l’EMA. Seule leur propre institution nationale, représentée par l’Agence britannique de réglementation des médicaments et produits de santé (MHRA) est en mesure de donner le feu vert désormais. Cette dernière ne semble néanmoins pas se hâter pour examiner le dossier Moderna.
Le Royaume-Uni n’ayant passé commande que bien plus tardivement que ses voisins européens auprès du laboratoire américain, il ne peut du coup pas bénéficier de l’accès anticipé au vaccin. Les Britanniques devront attendre le printemps pour recevoir les doses Moderna achetées par le gouvernement. La MHRA semble donc ne pas se précipiter pour analyser les données de la société et préfère profiter de ce temps pour se pencher par exemple sur celles d’Oxford/AstraZeneca afin d’entériner une utilisation immédiate au Royaume-Uni.
En définitive, si pour la première fois une différence s’installe dans les produits utilisés par l’Union européenne et le Royaume-Uni, de telles disparités existent déjà avec d’autres pays. Par ailleurs, même si les vaccins apparaissent techniquement différents, la volonté reste la même qu’importe les gouvernements : vacciner le plus de monde le plus rapidement possible pour atteindre l’immunité collective et mettre fin à la pandémie de coronavirus. Ces différences de stratégie ne devraient vite plus compter.
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