C’est d’un pas dynamique que les passagers se hâtent devant les halls de l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle. À 23 km au nord-est de la capitale française, l’effervescence du voyage se fait sentir dès la borne dépose-rapide où touristes et hommes d’affaires s’attellent à ne pas manquer leur vol. Les Anglais ne font pas exception, et se démarquent, vous diront certains vadrouilleurs chevronnés. Si vous en faites partie, vous l’avez sans doute remarqué au détour d’un voyage : les British sont nombreux à faire l’apéro avant de s’envoler dans les airs. Et pas qu’un peu. Seraient-ils les seuls ? Sûrement pas, mais ce rituel éthylique est particulièrement courant chez “les amoureux de l'afterwork”.
Un groupe d’amis, originaire de Leeds, enchaînent cigarettes et canettes de bière, discrètement derrière une porte du grand hall : “boire avant de décoller, c’est la garantie de dormir facilement pendant le vol”, explique sobrement Tim, 45 ans. Sacs de sport et costards cravates, avec ses amis, il revient d’un séminaire parisien pour leur entreprise basée à Londres. “Moi, je bois car j’adore être un peu ‘pompette’ même dans le vol retour, car c’est profiter jusqu’au bout du voyage”, raconte Alex, qui vient de fêter ses 38 ans. “Les Anglais, on adore ‘l’after-work’, ‘l’apéro’ pour vous les Français, et c’est encore mieux avec de la vodka! : avec l’altitude, vous avez l’impression de pouvoir voler sans l’avion !”, conclut-il au milieu des éclats de rires.
“Tant qu’on ne titube pas et qu’on ne perd pas notre billet, ça devrait bien se passer !”
À l’intérieur de l’imposant aéroport international, d’autres passagers discutent, bière ou verre de vin à la main, avant le passage à la sécurité. Allemands, Français, Suédois… Toutes les origines sont représentées dans ce petit bar de transit. On retrouve également un groupe de cinq Anglaises attablées entre copines. Elles aussi nous parlent du rituel de l'afterwork, si cher aux Anglais.
“On prolonge la fête, et puis, nous les Anglais, on est connu pour ça. C’est tellement une tradition que même quand on ne bosse pas, on boit en fin de journée”!, ironise Nadia, une jeune trentenaire originaire de Manchester venue fêter son 30e anniversaire à Paris. Son amie Aly, coiffée d’une casquette ornée d’une tour Eiffel, renchérit et explique que boire avant de prendre l’avion “fait partie de la fête” : “On est pompette alors qu’autour de nous, ils sont tous à courir après leur avion, sobres et sérieux. Ça nous donne cette sensation d’être totalement en décalage, d’être légères et insouciantes !”.
“Légères et insouciantes”, mais pas à n’importe quel prix pour ces touristes anglaises : pas question de dépasser le seuil réglementaire car “on n'aimerait pas se faire débarquer bêtement pour état d’ivresse”, se raisonne Maria, qui confie avoir déjà englouti trois pintes. “On en est loin : tant qu’on ne titube pas et qu’on ne perd pas notre billet, ça devrait bien se passer !”, lance Nadia en trinquant au tout dernier verre, jure-t-elle… Enfin, seulement “si le vol n’est pas en retard”, précise son amie.