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Objets de nos fantasmes les plus enfouis, les masques chirurgicaux ?

Fantasme Masque CovidFantasme Masque Covid
Wei Ding-Unsplash
Écrit par Stéphane Germain
Publié le 5 février 2021, mis à jour le 6 février 2021

Difficile de trouver du positif dans une pandémie mondiale qui dure depuis un an. C’était sans compter sur cette aubaine qu’allaient représenter les mesures sanitaires pour rassasier nos fantasmes les plus masqués.

 

Le masque, ou la contrainte qui libère l’artiste

Pas si récente, la fascination pour le masque se retrouve jusque dans la Grèce Antique avec des acteurs de théâtre au visage dissimulé, se livrant à des mimes d’actes sexuels. Chargé de mystère, d’effroi, d’érotisme, voire franchement bondage, le masque, avant d’étouffer nos journées, appartenait à un imaginaire artistique étendu.

De la peinture au cinéma en passant par la pornographie, le masque a toujours fait partie du paysage artistique. Avec son tableau "Les Amants", René Magritte peint deux amoureux s’embrassant, recouverts chacun d’un drap blanc. Ici, le masque devient symbole du mystère pour certains, ou de l’amant disparu pour d’autres.

"Les yeux sans visage" , effigie du cinéma français des années 60 et de l’âge d’or du film d’horreur met en scène une femme défigurée par un accident se faisant greffer un nouveau visage par son père, chirurgien. Le nouveau visage est en fait un masque de peau blanchâtre, qui se distingue par la découpe autour des yeux. Trop lisse et uniforme pour faire illusion, le masque de peau suggère l’horreur qu’il abrite en dessous et transforme la pauvre jeune femme en une poupée sans-visage.

 

En Angleterre, plus récemment, le performeur et créateur de mode Leigh Bowery couvre régulièrement les visages de divers masques, de l’excentrique au plus sexuel. Masque en bandages, rivières de bijoux ou de métal devant le visage, lunettes bizarroïdes imprimées de faux yeux, sourires de clown en latex, le visage passe au second-plan et devient la feuille blanche à la merci de l’imagination lubrique et orgiaque du créateur, culte pour ses soirées sans limite et ses personnages dragesques.

 

 

Le masque chirurgical excite de nouveaux imaginaires

En 2020, avec les restrictions dues à la crise sanitaire, nous voilà tous masqués. Tous objets potentiels des projections fantasmées de quelques-uns, aussi. Si de plus en plus, nous nous sommes équipés de masques réutilisables, le début de la pandémie fut marqué par une autre épidémie : celle des masques bleus en polypropylène, jusqu’ici apanage des chirurgien.nes et autres dentistes. Alors, de nouvelles rêveries plus ou moins politiquement correctes ont commencé à germer dans quelques esprits.

Sur les forums, les fétichistes des masques confient parfois leur inquiétude en ce sens "suis-je normal ?" "est-ce mal de fantasmer sur les masques dans les transports ?" "surgical masks excite me…" pouvons-nous lire sur divers sites anglais ou français. Chacune de ces questions obtient une pluie de réponses positives, plus ou moins potaches, clamant : "tu n’es pas seul".

Il existe même, en se perdant un peu sur internet, des pages réservées à la pornographie de masques chirurgicaux et autres équipements sanitaires comme les gants, s’il ne fallait citer qu’eux. Quel merveilleux métier que celui de journaliste en 2020. Sur ces forums interdits aux mineurs, des amateurs ou des professionnels publient sur de nombreuses pages des photos ou des vidéos de scènes de sexe incluant les masques tant convoités. Fantasme du docteur, de l’infirmière, du bondage, ou des deux à la fois : le masque chirurgical ne peine pas à se trouver un auditoire.

Si (en principe) ce fantasme ne met personne en danger, l'Angleterre se souvient probablement encore d’un scandale qui remonte à 2004. Il y a 17 ans, un certain Norman Hutchins était condamné à trois ans de prison pour avoir menacé et agressé des membres du personnel hospitalier du Royaume-Uni, se révélant être un virulent fétichiste des masques chirurgicaux. Il fut alors banni de tous les hôpitaux d’Angleterre et du Pays-de-Galle. L’homme âgé de 53 ans fut la première personne de l’histoire britannique à faire l’objet d’une telle décision. Heureusement, ces cas extrêmes sont rarissimes et ne représentent en rien les comportements de la majorité des fétichistes en tous genres.

 

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