Sorti à la mi-août en seulement 450 exemplaires, le pamphlet misandre de la Française Pauline Harmange est devenu un best-seller désormais traduit en six langues. Les médias de toute l’Europe se sont emparés du sujet.
La misandrie, c’est-à-dire, d’après Larousse, le fait d’éprouver « du mépris, voire de la haine, pour le sexe masculin », s’oppose à la misogynie, beaucoup plus connue. Ces derniers mois, deux auteurs françaises, Pauline Harmange et Alice Coffin, ont ouvert un débat qui n’en finit pas. Toutes les deux ont rédigé des pamphlets ouvertement misandres qui se sont transformés en best-seller, au point que le livre de Pauline Harmange « Moi les hommes, je les déteste » soit déjà traduit en six langues.
Un acte sexiste ?
A la sortie du livre de Pauline Harmange, Ralph Zurmély, fonctionnaire du ministère chargé de l’Egalité femmes-hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances, a souhaité qu’il soit censuré. Pour le juriste Evan Raschel, qui rédige une tribune dans le journal Le Monde, la question légale est de droit. En effet, il rappelle : « l’article 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse incrimine les provocations publiques « à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou identité de genre (…) » ». L’auteur peut néanmoins se réfugier sous la forme pamphlétaire qui, par définition, est une dénonciation.
En lisant les critiques (très nombreuses) de son ouvrage, il semblerait que l’activiste française mette tous les hommes dans le même panier. Certes, elle nuance en affirmant que certains ont pu déconstruire leur virilité, comme son mari, mais elle donne aux hommes des caractéristiques qui se rapprochent des stéréotypes de genre. Selon elle, sans les hommes, les femmes peuvent peuvent s’épanouir réellement. Mais en assignant aux hommes ces stéréotypes de genre alors qu’on lutte pour libérer les femmes des leurs, Pauline Harmange ne fait-elle pas preuve de sexisme ?
Un nouveau féminisme ?
En voulant effacer les hommes de son quotidien, Pauline Harmange ne décide-t-elle pas de fermer les yeux sur le problème ? Ou de réduire l’humanité de moitié ?
Toutes ces questions restent sans réponse, mais les poser semble important pour définir le féminisme d’aujourd’hui et de demain. Le magazine britannique en ligne Spiked, affirme que les propos de Pauline Harmange ignore les « préoccupations de la tradition féministe, préférant attiser la guerre des genres ». Pauline Harmange déclame en effet dans ce petit livre, son droit de détester les hommes, un sentiment libérateur selon elle : «Détester les hommes et tout ce qu’ils représentent est notre droit le plus strict. C’est aussi une fête. Qui aurait cru qu’il y aurait autant de joie dans la misandrie ?»
Combattre la haine
Le lien entre haine et genre soulève un débat bien plus large, qui est repris par l’auteur britannique Laura Bates dans son ouvrage « Men who hate women ». Elle y montre l’incidence concrète des forums et des blogs misogynes, comme le groupe des Incels (involuntary celibates) qui véhiculent la haine des femmes. Elle avait remarqué comment de jeunes garçons utilisaient déjà des arguments repris par ces sites là, et souhaitait soulever à quel point c’était dangereux. Dans son livre, elle explique le lien entre misogynie et terrorisme et explique à quel point c’est important, pour les femmes comme pour les hommes, de combattre cette haine.
Au Royaume-Uni, un débat très récent a émergé : celui de l’instauration de la misogynie comme crime de haine. Mais, la misandrie n’est-elle pas aussi un crime de haine ? Comme la misogynie, la misandrie discrimine les individus à cause de leur sexe ou leur genre. Pourtant, Pauline Harmange affirme qu’on ne peut pas comparer la misandrie à la misoynie «tout simplement parce que la première n’existe qu’en réaction à la seconde.»…
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