2% des demandes pour le EU Settlement Scheme ont été transmises par des résidents âgés de plus de 65 ans. Un chiffre extrêmement bas, qui ne traduirait pas la réalité et alerte quant à l’accessibilité de ce service pour les seniors.
Le tout-numérique, une difficulté contemporaine pour les seniors
Un tel pourcentage révèle qu’un large nombre, estimé à plusieurs milliers de personnes de cette tranche d’âge, n’a pas réussi à effectuer cette démarche en ligne. Les œuvres caritatives qui ont aidé les européens dans ce processus ont en ce sens expliqué que « beaucoup n’ont pas de téléphone portable, pas d’accès au numérique et peu ou pas de documentation ».
En effet, lors de la demande, il était bien précisé qu’il ne fallait pas poster les documents mais bien les importer numériquement sur la plateforme. Une file d’attente fait patienter avant d’accéder à la demande, ce qui nécessite de la patience et une bonne compréhension de ce système. Ensuite, il faut avoir tous ses documents sous la main dans le bon format, mais aussi se montrer réactif, le site web se déconnectant si l’attente était trop longue. Il faut alors patienter de nouveau dans la « queue ». Les plus jeunes s’y sont habitués relativement rapidement, faisant partie de ces digital natives nés avec des écrans entre les mains.
Pour les personnes de plus de 65 ans, la bonne prise en main de cette plateforme semble avoir été plus complexe. Le rapport parlementaire, issu du comité de Lords pour les affaires européennes, épingle la grande vulnérabilité dans laquelle ces habitants sont désormais plongés. Il explique qu’il y a fort à parier que les difficultés de compréhension des outils digitaux sont largement responsables de ce taux aussi faible de réponses de la part des soixantenaires et au-delà.
Peu d’accompagnement pour l'EU Settlement Scheme des résidents plus âgés
Le président du comité, Lord Kinnoull, a exprimé son inquiétude pour celles et ceux qui détiennent un droit de jure, légitimes de résider sur le sol britannique, tout particulièrement l’importante proportion d’immigrés italiens arrivés après la Seconde Guerre mondiale. Il a également souligné une certaine contradiction gouvernementale : là où les ministres ont félicité l’Europe de sa décision de prodiguer un document physique pour les citoyens du Royaume établis dans l’Union, ils ont refusé d’en faire de même dans la situation inverse. En dépit d’ô combien pratique cette numérisation totale peut potentiellement s’avérer, elle représente de facto une difficulté non négligeable pour ces personnes.
Il appartient désormais au gouvernement d’accepter ou non les demandes effectuées en retard : aucune garantie n’apparaît pour les personnes qui auraient rencontré des difficultés concernant ces méthodes. Or, le gouvernement est réputé indigne de confiance en ce sens, « on l’a bien vu avec Windrush », rappelle Julie Bishop, à la tête du réseau des centres juridiques qui ont bénévolement aidé les européens face à cette confusion.
Un grand nombre de réponses positives ont malgré tout été conférées par le gouvernement, de l’ordre de 8 sur 10. Néanmoins, si une large partie des deux dixièmes restants était en fait composée de cas d’errance administrative ou de fracture numérique, il s’agirait là d’une discrimination qui posera problème à long terme. Le pays et l’Union Européenne continuent pour le moment de dialoguer afin de mettre au clair cet imbroglio.