L’archipel des Chagos, dans l’Océan Indien, est officiellement contesté par l'Île Maurice, qui revendique son droit sur les îles administrées par le Royaume-Uni.
Les Mauriciens comptent bien récupérer aux Britanniques un archipel qui leur appartenait. Aujourd’hui, l’ambassadeur mauricien à l’ONU a levé le drapeau du pays au-dessus de l’atoll de Peros Banhos, déclarant « nous accomplissons l’acte symbolique de hisser le drapeau, comme les Britanniques l’ont fait tant de fois pour établir des colonies. Nous, cependant, réclamons ce qui nous a toujours appartenu ». Le pays a aussi accusé le Royaume-Uni d’être responsable de « crimes contre l’humanité » pour avoir refusé d'autoriser les exilés à retourner sur les îles Chagos.
Ce matin, à 10h30 heure locale, quelques mauriciens ont entonné leur hymne national sur le territoire britannique. Depuis quelques jours, l'Île Maurice a engagé une stratégie pour attirer l’attention internationale et récupérer l'île qui, selon eux, leur revient de droit. Il y a une semaine, l'Île Maurice avait lancé une expédition scientifique sur les Îles Chagos afin de cartographier les récifs. Le Royaume-Uni, qui administre l’archipel depuis 1965, perçoit ce voyage comme un prétexte pour les Mauriciens de fouler de nouveau le sol de l’archipel. A l’époque, les Britanniques avaient décidé de séparer les Îles Chagos du reste de l’Ile Maurice peu avant son indépendance, en 1968. Depuis, le sujet est la cause de nombreuses tensions entre les deux pays et, depuis 1975, Maurice se bat pour récupérer les Chagos.
La plus haute juridiction des Nations Unies a jugé illégale l’occupation de l’île, mais le Royaume-Uni refuse de céder le contrôle à l’Ile Maurice, considérant que c’est là son droit légitime. La Cour Internationale de Justice défend pourtant depuis 2019 le droit de Maurice à récupérer ce territoire et appelle le Royaume-Uni à renoncer au contrôle de l’archipel, obtenu de manière contraire au droit international de la décolonisation des Nations Unies.
En novembre dernier, le Parlement mauricien avait adopté en première lecture le Criminal Code Amendment Bill, rendant illégaux les timbres, les estampilles ou les pièces dans les pays étrangers qui ne reconnaissent pas la souveraineté de Maurice sur l’archipel de Chagos. C’était le premier message fort, avant de passer aujourd’hui à une revendication plus frontale.
Symboliquement, Maurice a envoyé sur un bateau cinq anciens habitants des Îles Chagos, chassés il y a plus de cinquante ans. Depuis, ils n’avaient plus eu le droit de retourner vivre sur leurs terres. Pour la première fois, l'Île Maurice n’avait demandé aucune autorisation pour se rendre dans l’archipel de l’Océan Indien. Les retrouvailles furent donc fortes en émotion mais la colère, elle, ne faiblit pas.