La reine Elizabeth II a officiellement perdu son titre de cheffe de l’État, dans la soirée du lundi 29 novembre. La petite île de la Barbade est ainsi devenue une république.
Indépendante du Royaume-Uni depuis 1966, l’île a célébré sa transition vers un régime républicain lors d’une cérémonie à laquelle a assisté le prince Charles. Rihanna, icône de l'île, a elle aussi assisté à la cérémonie et a été honorée du titre d’héroïne nationale de la Barbade. Pour le journal britannique The Guardian, cette distinction “coïncide avec la transition du pays vers son statut de république indépendante.”
Comme la plupart des ex-colonies britanniques, la Barbade reste membre de l’organisation du Commonwealth. Seuls 15 des 54 pays membres conservent encore la reine pour cheffe d’État, dont le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Cette transition est tellement importante pour les Barbadiens que le couvre-feu dû à la pandémie a été suspendu pour que les habitants puissent profiter des festivités et admirer les nombreux feux d’artifices tirés pour l’occasion.
Une relation conflictuelle
Malgré ce « divorce », Boris Johnson a déclaré dans un communiqué que la Barbade et le Royaume Uni resteraient « des amis et alliés loyaux » avec des « affinités et des connexions durables ».
Mais de l’autre côté, la Barbade ne semble pas prête à entamer une relation si sereine avec le Royaume-Uni. Les questions de racisme et d’impérialisme ont été déterminantes dans sa décision de devenir une république, l’île étant encore marquée par l’héritage de plusieurs siècles d’esclavage. L’invitation du prince Charles à la cérémonie et la décoration de ce dernier avec l’ordre de la Liberté, la plus haute distinction de l’île, a déjà été très critiquée. « La famille royale britannique est coupable d’exploitation, et pourtant, elle n’a présenté aucune excuse officielle ou forme de dédommagement pour les préjudices passés » explique au Monde Kristina Hinds, professeure de relations internationales.
De plus en plus de pays s’interrogent
Si beaucoup de pays du Commonwealth se sont déjà soustraits de l’autorité de la Couronne, les pays restants commencent à songer eux aussi à tirer leur révérence. Le débat a lieu depuis dix ans en Jamaïque, et agite aussi les Australiens et les Canadiens. Selon un sondage Research Co, en mars, 45 % des Canadiens préféreraient avoir un chef d’État qu’une reine, tandis que 62% des Australiens seraient prêts à quitter la monarchie britannique.