Le 8 avril 1904 était signée l’Entente Cordiale entre la France et la Royaume-Uni. Retour sur les fondations de ce succès diplomatique et cette « entente formidable », comme la décrivait Gordon Brown, entre Paris et Londres.
On a souvent qualifié tout au long de l’histoire les Français et les Anglais « d’ennemis héréditaires ». L’origine de cette rancœur est ancienne, elle remonte selon certains historiens à la Guerre de Cent Ans, entre 1337 et 1453. Une période qui a vu l’émergence du sentiment patriotique du côté français, autour de symboles emblématiques comme Jeanne D’Arc. Une période d’une importance toute particulière pour les relations entre les deux pays : la construction du patriotisme français se fait à travers le prisme de l’antagonisme franco-britannique. De même outre-Manche, où la France devient la puissance qu’il faut contenir à tout prix.
La rivalité franco-britannique
La guerre de Cent Ans n’est que le prélude d’une longue rivalité entre les deux principales puissances du Vieux Continent. La rivalité franco-britannique est un rouage indiscutable de l’histoire moderne, puisque chacun se construit en opposition à l’autre. Les exemples sont légions : l’expansion coloniale, la guerre d’indépendance américaine, les guerres napoléoniennes (qui marquent peut-être l’apogée de cette rivalité)… Toujours est-il que ce passé destructeur aboutit finalement à la « Pax Brittanica ». Tout au long du 19ème siècle, Français et Anglais ne se font plus la guerre, et se rapprochent au contraire. La rivalité est plutôt culturelle ou verbale, mais sur le ton de la plaisanterie. C’est parfaitement résumé par cet échange entre le corsaire français Surcouf et un officier de la Royal Navy. L’officier de la Navy aurait provoqué Surcouf en disant que « Vous, les Français, combattez pour l’argent, alors que nous, les Britanniques, combattons pour l’honneur ». Ce à quoi Surcouf aurait répondu « Monsieur, un homme ne se bat que pour ce qui lui manque le plus ». Mais au-delà des plaisanteries stéréotypées qui fleurissent de part et d’autre de la Manche, les deux pays amorcent un réel rapprochement.
De l’entente cordiale à l’entente formidable
Un rapprochement effectué en parallèle de la montée de la puissance allemande, qui défait le Second Empire à Sedan en 1870. Avec l’instauration de la Troisième République qui fait suite à la capture de Louis-Napoléon Bonaparte, le rapprochement entre Français et Britanniques s’accélère sous la menace de l’ogre germanique. La France et le Royaume-Uni signent le 8 avril 1904, il y a exactement 116 ans donc, des accords bilatéraux, désignés sous le nom d’ « entente cordiale » en référence aux premiers traités d’amitié franco-britanniques de 1845.
« Vous pouvez vous vanter d’avoir mené à bien une entreprise réputée impossible, et dont on appréciera tous les avantages dans quelques années ». Paul Cambon, ambassadeur de France à Londres, au ministre des Affaires étrangères Théophile Delcassé.
Cette entente cordiale entérine définitivement l’amitié franco-britannique, et pose les bases de la naissance de la Triple-Entente. Une amitié toute fraîche qui sera pourtant mise à rude épreuve 10 ans plus tard, en 1914. Deux guerres mondiales plus tard, le Royaume-Uni s’est avéré être l’allié le plus fidèle de la France. Les cendres de la guerre ont définitivement enterré l’antagonisme séculaire entre les deux pays. Bien sûr, au fil des ans, cette entente cordiale s’est parfois détendue, mais elle a toujours su se manifester lorsque c’était nécessaire.
Alors aujourd’hui, le 8 avril 2020, nous célébrons 116 ans d’amitié entre la France et le Royaume-Uni, deux pays que tout oppose et pourtant que tout rapproche plus que tout.
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