La grève à la douane à la gare du Nord est loin d’être terminée, occasionnant de multiples retards et annulation de trains Eurostar. Face aux mesures jugées irréalistes, les douaniers ne céderont pas.
En France, des douaniers de nombreuses villes sont en grève, dont Paris à la gare du Nord. Malgré une première proposition financière, à hauteur de 14 millions d’euros pour l’ensemble des douaniers, puis un accord pour continuer à exercer leur profession en cas de no-deal, douaniers et membres du gouvernement n’arrivent pas à se mettre d’accord. Les douaniers estiment que ces propositions sont insuffisantes face à leurs revendications.
Ils souhaitent « une revalorisation substantielle des traitements, une prise en compte des spécificités de leur carrière pour le calcul des annuités retraite et une amélioration significative des conditions de travail ». Alors, comment sortir de la grève ? Eléments de réponse avec Stéphanie Van Mierlo, attachée de presse pour Eurostar et le secrétariat de la CGT Douanes.
Stéphanie Van Mierlo, quelle est la situation pour les passagers à la Gare du Nord ?
Comme vous le savez, une grève de zèle est en cours aux Douanes en France. Pour ces raisons, les contrôles de sécurité avant le départ prennent plus de temps. Cela cause en ce moment des retards pour les trains qui partent de Paris. Malheureusement, il y a aussi quelques trains qui sont annulés. Le temps d’attente à la gare change pendant la journée et dépend de l’occupation de la gare à un moment donné.
Quels sont les moyens mis en place pour permettre un retour à la normale ?
Toutes informations concernant les retards et aussi les annulations sont disponibles via notre site web. Nous conseillons aux passagers de suivre la situation ici. Nous publions ici les dernières informations pour tenir les voyageurs informés à tout moment. Les voyageurs concernés seront également contactés individuellement. Pour offrir aux passagers plus de flexibilité, ils peuvent échanger sans frais leur billet pour voyager à une date ultérieure ou demander un remboursement s’ils décident de ne plus voyager. (Ndlr : Toutes les informations pratiques sont détaillées ici).
Quel avenir pour les trains Eurostar en cas de Brexit sans accord ?
Eurostar a travaillé avec ses partenaires des gares, les gouvernements et les autorités de contrôle des deux côtés de la Manche pour s'assurer que des plans solides sont en place pour protéger les services et gérer efficacement les flux de clientèle. Nous avons des plans en place pour une série de scénarios potentiels nous permettant de maintenir notre service, même en cas de sortie sans accord.
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A la CGT Douanes, quelles sont vos revendications ?
En ce moment, l'ensemble des douaniers est mobilisé, et pas seulement ceux de la gare du nord à Paris. Il y a par exemple des actions à Calais, à Dunkerque, à Hendaye, au Perthus... Les douaniers en poste à la gare du Nord revendiquent avec les autres une revalorisation substantielle des traitements, une prise en compte des spécificités de nos carrières pour le calcul des annuités retraite et une amélioration significative des conditions de travail. A titre d'exemples, un douanier qui prend son premier poste gagne environ 1400 euros par mois et depuis 2002, nous n'avons obtenu aucune augmentation de salaire avec des missions toujours plus nombreuses et des effectifs réduits d'un tiers (nous sommes moins de 17 000 aujourd'hui). Les dotations d'équipements pour les collègues en uniforme ne sont pas suffisantes, avec des personnels féminins qui n'ont pas de gilets pare-balles adaptés à leur morphologie ou du matériel inadapté à nos missions.
Pourquoi avoir refusé la première offre du gouvernement ?
Les propositions du ministre étaient irréalistes. Les agents demandent une augmentation substantielle de leur traitement et le ministère n'a proposé qu'une enveloppe de 50 euros, en moyenne, par agent. Pour reprendre l'exemple précédent, cette augmentation ne permettrait toujours pas à un agent de se loger à Paris. L'intersyndicale douanière a fait une contre-proposition qui a été rejetée par le ministère, sans nouvelle proposition de sa part.
Quel compromis attendez-vous du gouvernement ?
La proposition faite au ministre demandait une augmentation de 100 euros en moyenne par agent, ainsi qu'une amélioration des conditions de travail. En outre, la CGT réclame depuis longtemps le recrutement de 1 000 agents en plus par an sur les cinq prochaines années pour que nous puissions faire notre travail correctement.
Comment envisagez-vous la suite malgré l’accord de circulation en cas de no-deal ?
Le Brexit n'est qu'un catalyseur de la colère des agents. Pour nous, l'administration n'est pas prête. Le Brexit a été voté il y a trois ans, l'administration s'est réveillée il y a quelques mois pour commencer à chercher des solutions pour gérer les flux commerciaux et préparer l'ouverture de nouveaux bureaux de douane. Les mesures décidées par l'administration sont loin d'être suffisantes, notamment en termes de recrutements.