Certaines entreprises commencent à accorder des congés aux personnes accueillant un nouvel animal chez elles, voire acceptent les chiens dans leurs locaux. Que penser de cette tendance se pliant aux métamorphoses des schémas personnels et familiaux au XIXe siècle ?
Aujourd'hui, il est possible dans certaines entreprises de prendre un congé « patt-ernité » visant à veiller à la bonne acclimatation d’un jeune animal que le salarié vient d’accueillir. Cette pratique nouvelle divise l’opinion publique et est révélatrice d’un changement dans la considération de la place des animaux de compagnie dans le foyer familial, et d’une mutation de la conception-même de la famille.
Quelles sont exactement les mesures proposées par les entreprises ?
Un employeur britannique s’est étonné récemment qu’un de ses salariés lui demande s’il était possible de prendre quelques jours de congé, car ce dernier accueillait un chiot. Finalement, Roger Wade a trouvé un compromis en lui proposant de travailler depuis chez lui le temps de l’acclimatation de l’animal. D’autres entreprises ont cependant choisi d’instaurer le congé « patt-ernité » comme nouvelle pratique professionnelle : c’est le cas de Brewdog depuis plusieurs années. Selon un sondage de Petplan, 5% des propriétaires de chiens se sont vu proposer un congé pour qu’ils puissent prendre le temps de s’occuper de l’acclimatation d’un nouvel animal.
Les congés corrélés à la possession d’un chien peuvent même être étendus aux congés de compassion, visant à accompagner un vieil animal en fin de vie. D’autres entreprises ont pris la décision de permettre à leurs employés de venir avec leur chien sur leur lieu de travail. Selon une étude, la satisfaction au travail des personnes y amenant leur animal augmente de 22% : le meilleur ami de l’homme est connu pour améliorer la communication et permettre de briser la glace entre collègues.
Les conséquences de la pandémie sur les propriétaires et leurs animaux
Depuis le début du confinement, plus de trois millions de Britanniques sont devenus propriétaires d’un chien. Les animaux acquis pendant la pandémie ont profité de plusieurs mois où ils étaient le centre de l’attention de leur maître, avec de longues sessions de caresses et des balades interminables constituant la seule sortie autorisée. Un salarié interrogé explique que depuis la fin du confinement, son chien déprime lorsqu’il est seul : c’est pourquoi il demande à son employeur de travailler en télétravail lorsque son conjoint n’est pas à leur domicile.
Covid-19 ou pas covid-19, un chiot laissé seul pendant de nombreuses heures a plus de chances de développer des problèmes comportementaux, pouvant aller jusqu’à développer une anxiété à la séparation. Le schéma familial renouvelé en 2021 N’en déplaise à certains, la place de l’animal de compagnie au sein du foyer a été métamorphosée ces dernières années. Devenant un compagnon incontournable, il est même considéré comme un enfant pour certains : 38% des propriétaires d’un chiot considèrent son arrivée similaire à celle d’un bébé. La directrice des relations humaines de Brewdog explique que leur décision d’accorder des congés « patt-ernité » est motivée par les changements dans la conception de la famille leur imposant de s’adapter pour veiller au bien-être des employés.
En conséquence, les entreprises du XIXe siècles prennent de plus en plus conscience de l’importance des facteurs extra-professionnels dans la productivité et la motivation de leurs effectifs.
Un congé qui peine encore à convaincre
Lorsqu’un employeur a questionné ses salariés quant aux congés accordés pour s’occuper d’un chiot, la majorité d’entre eux se sont exprimés contre. Plus de 60% étaient mécontents à l’idée que des collègues partent en congé « patt-ernité ». L’un d’entre eux s’explique : « l’employé a choisi d’avoir un chien et s’attend après à ce que son employeur lui laisse des congés payés. Ce n’est pas le problème ou la responsabilité de l’employeur. Si vous avez le désir brûlant d’avoir un chien, adaptez votre situation ».
Les autres mesures envisagées par certaines entreprises font aussi face à des obstacles techniques, comme le fait d’accepter les chiens sur les locaux de l’entreprise. Malgré les conséquences positives observées par les propriétaires de chien lorsqu’ils peuvent emmener leur protégé au travail, certains collègues peuvent ne pas aimer l’idée voire présenter des allergies ou phobies. Certaines races sont aussi plus faciles à imaginer que d’autres dans un bureau : accueillir des clients avec l’aboiement de trois dogues allemands paraît plus délicat que lorsqu’un teckel vient leur renifler les pieds.