Olivier Becht, le Ministre délégué, chargé du Commerce extérieur, de l'Attractivité et des Français de l'étranger, a eu un programme particulièrement chargé lors de sa visite en Espagne. Lepetitjournal.com a pu s'entretenir quelques instants avec ce Ministre aux multiples casquettes.
C'est clair. Le Traité de Barcelone, signé en janvier dernier par Emmanuel Macron et Pedro Sanchez n'est pas un simple papier et la visite d'Olivier Becht s'inscrit dans cet esprit. "Le traité de Barcelone a été un véritable booster dans la relation globale entre les deux pays – a tenu à rappeler Olivier Becht- et c’est vrai dans le domaine de la défense, de la culture, de la formation, mais c’est aussi important pour nourrir les échanges économiques. C’est véritablement une relation à 360 degrés".
lepetitjournal.com a également demandé au Ministre où en était le thème de la résidence de refuge,"de repli" a corrigé Olivier Becht, donnant ainsi le ton
A cette fin, le Ministre délégué a rencontré la communauté d’affaires française en Espagne, ainsi qu'une dizaine d'entreprises espagnoles, lors de l'Investor’s Day Espagne 2023, qui ont des projets investissement en France. L'année 2022 a été une année record pour les investissements espagnols en France, avec une croissance de 31% par rapport à 2021.
D'ailleurs, Olivier Becht a profité de son séjour à Madrid pour remettre le prix spécial du jury Choose France 2022 au groupe SIFU, en reconnaissance de son investissement en France et de son implication pour l’insertion professionnelle de personnes en situation de handicap. En effet, la France a été le premier pays choisi par l'entreprise pour son internationalisation en raison de son engagement envers l’insertion professionnelle de ces personnes.
Une reconnaissance des EFE (Entreprises Françaises à l'Étranger)
Pour rappel, environ 1.300 entreprises espagnoles sont installées en France, ce qui représente 58.000 emplois créés, de la même façon qu’il y a 3.400 filiales françaises en Espagne, qui emploient plus de 380.000 personnes. Mais le panorama entrepreneurial français va bien au-delà des filiales françaises. En effet, de nombreux Français décident de créer à l'étranger une entreprise de droit local. Or, et c'est bien là que le bât blesse, ces chefs d'entreprises Français qui, pourtant, contribuent dans la majorité des cas au rayonnement de la France à l'étranger n'avaient jusqu'ici aucun type de reconnaissance.
Le Covid, élément déclencheur des EFE
Le Covid a eu au moins un effet positif, celui de rappeler aux autorités françaises que des entrepreneurs français existent à l'étranger et qu'ils ont été les grands oubliés de la pandémie, n’ayant pu recevoir, à la différence de leurs collègues sur le territoire français, aucune aide de l’État français. C’est de ce constat qu'est née l’initiative EFE (Entreprises Françaises à l’Etranger).
Précisément, une proposition de loi vient d'être largement votée au Sénat et, comme le signale Olivier Becht, "il y a une belle dynamique, même si certains points méritent encore d’être travaillés. Mais l’idée, c’est d’avoir un texte d’ici le début de l’an prochain".
La notion d’entrepreneur d’origine française
La proposition de loi vise donc à apporter une première définition de ces expatriés qui ont lancé leur entreprise à l’étranger: La proposition de loi affirme ainsi qu'un "entrepreneur français à l’étranger est un citoyen de nationalité française, inscrit au registre des Français établis hors de France, qui crée une société de droit local et qui la détient à plus de 50% de son capital, ou au maximum de ce qu’autorise le droit local lorsqu’existent des conditions restrictives de possession d’une société par un associé étranger".
L'importance de recenser les entrepreneurs "Made by French"
Il y aurait environ 130.000 entrepreneurs français à l’étranger. Mais c'est une évaluation et, comme dans le cas de l'Espagne, personne ne sait encore le nombre réel de ces entrepreneurs restés jusqu'ici dans l'ombre. Pour cela, un recensement de ces entrepreneurs sera confié à un comité établi "auprès de chaque ambassade, placé sous la responsabilité des services économiques et constitué de l’union des chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger et des conseillers du commerce extérieur de la France". Olivier Becht a souligné qu'un label "Made by French" sera délivré à ces entreprises "dans le cadre d’un décret". Le Ministre a également tenu à rappeler qu'il est "fondamental de reconnaître le travail, la qualité et les spécificités de nos entreprises françaises à l’étranger."
La résidence de repli, un droit pour les Français expatriés
Par ailleurs, et compte tenu de ses responsabilités envers les Français de l'étranger, lepetitjournal.com a également demandé au Ministre où en était le thème de la résidence de refuge, "de repli" a corrigé Olivier Becht, donnant ainsi le ton. "Pourquoi par exemple y-a-t-il une différence de traitement entre un Français qui vit en Allemagne et possède une maison dans les Vosges et celui qui vit dans les Vosges". Quant à la polémique actuelle qui différencie entre les pays dits à risque et les autres, c'est également un sujet compliqué. "Qui pouvait prévoir il y a quelques années ce qui allait arrivé en Ukraine par exemple? De la même façon que le covid a complètement changé la donne".
Un groupe de travail interministériel planche actuellement sur le sujet et "l’idée est d’arriver à un texte avant la fin de l'année qui définisse ce qu’est une résidence de repli avec toutes les implications que cela suppose parce que cela a des conséquences non seulement sur la taxe d’habitation mais aussi par exemple sur les travaux de réhabilitation qui n'ont droit actuellement à aucune aide. Et bien évidemment il faut que ce soit un dispositif juste et constitutionnel".