Emmanuelle Bury, BNP Paribas UK : une femme engagée pour l’intelligence collective

Une vie modelée pour l’international

Emmanuelle Bury-Lucas a l’interculturalité dans le sang. Née au Canada de père belge et de mère française, elle y a vécu toute son enfance et reste marquée par ces grands espaces. De retour en Europe, forte de trois nationalités (française, belge et canadienne), elle finit sa scolarité à Bruxelles avant de suivre à Paris puis Bruges des études d’économie, sciences politiques et relations internationales. Rapidement, elle intègre la banque Paribas pour le marché allemand dans les années 90. Ce caractère international se confirmera comme chevillé à son parcours.

 

Notre manière de faire n’est pas forcément la meilleure
A ses deux garçons ayant suivi des cursus français, belges et anglo-saxon pour l’un d’entre eux, Emmanuelle Bury a toujours voulu leur transmettre la soif d’expériences culturelles différentes : « Notre manière de penser n’est pas forcément la meilleure et vivre en dehors de nos frontières aide à le comprendre. Ouverture et adaptation sont pour moi les principes-clés de l’éducation. »

 

Je suis revenue des Etats-Unis avec encore plus l’envie d’être engagée !

 

L’aventure américaine ne laisse personne indifférent

Au cours de sa brillante carrière au sein du groupe BNP Paribas, Emmanuelle Bury a notamment passé cinq ans à New-York. Elle nous partage quelques mots-clés que lui a inspirés cette tranche de vie :

Immensité : les Etats-Unis sont un immense pays, tout comme le Canada, et l’espace structure la pensée : quand tout est vaste, le champ des possibles s’élargit.

Division : ce pays est profondément divisé et cela s’est accentué ; les côtes et le centre sont des mondes différents qui se parlent peu.

Energie : ce pays ne dort jamais ! L’activité y est permanente et vibrante, les circuits sont courts et directs, cela encourage la créativité entrepreneuriale. C’est très galvanisant !

Société : les deux problèmes les plus frappants de la société américaine sont la fréquence des fusillades, on vit chaque jour avec, et cela ne laisse personne indifférent, et la précarité sociale.

A son départ des Etats-Unis, elle affirme : « Je suis revenue avec encore plus l’envie d’être engagée ! »

 

 

Le Royaume-Uni, un pays profondément européen

Responsable des activités de BNP Paribas au UK et directrice de la succursale de Londres depuis 2023, Emmanuelle Bury observe que le Royaume-Uni est un pays culturellement profondément européen : « Sans considération politique, mais par son histoire, ses mœurs, ses valeurs, l’identité de ce pays est européenne ! » Et elle ajoute qu’aujourd’hui encore, l’Europe reste le premier partenaire économique du pays avec plus de 40% des échanges, même si 5 points ont été perdus ces dernières années.

Son deuxième constat est que la page du Brexit est bel et bien tournée : « Via mes fonctions, je suis heureuse de contribuer à l’écriture de ce nouveau chapitre. »

 

Emmanuelle Bury confirme d’ailleurs que le Brexit n’a en rien ôté à Londres sa position de 1^ère place financière en Europe et 2^ème au monde, malgré de nouvelles règlementations : « L’écosystème bancaire et financier y est considérable et inégalé en Europe. Aujourd’hui, outre l’avancée de l’industrialisation du secteur, incluant l’IA, les banques ont un rôle fondamental à jouer dans la transition énergétique et le financement de la défense ! »

 

Il faut continuer à soutenir les femmes en entreprise et les pousser à oser plus !

 

Femmes et diversité, un cheval de bataille plus que jamais !

Diversité et égalité sont deux sujets fondamentaux pour Emmanuelle Bury tout comme pour BNP Paribas : « Je rappelle régulièrement que notre entreprise promeut la tolérance, que tout le monde y a sa place, quel que soit l’angle de diversité (éducation, religion, sexe…) car les différences sont génératrices de valeurs. » Le sujet reste crucial car l’objectif de 30% de femmes à un niveau senior est difficile à atteindre en raison de deux difficultés majeures selon elle : tout d’abord, l’exigence des métiers conduisant nombre de femmes à choisir un autre équilibre, voire à s’auto-limiter - « attitude par laquelle je suis moi aussi passée » - le célèbre syndrome de l’imposteur, et la digitalisation de l’industrie financière, devenant très technologique, donc peu féminine. « Il faut continuer à soutenir les femmes en entreprise et les pousser à oser plus ! » clame-t-elle.

 

 

La French Chamber : intelligence collective et collaboration

Depuis décembre 2024, Emmanuelle Bury occupe aussi les fonctions de présidente de la French Chamber of Great Britain. En dépit d’un emploi du temps très chargé, elle nous confie avoir accepté car « les CCI* ont un rôle-clé à jouer dans les relations internationales. » Les missions qu’elle s’est fixées seront d’apporter de l’intelligence collective aux entreprises françaises sur des sujets transversaux intersectoriels, de développer la recherche en mode think-tank, et d’encourager la collaboration entre les membres.

(*CCI : Chambres de Commerce et d’Industrie)

 

Pour conclure, Emmanuelle Bury-Lucas se réjouit de la nette amélioration des relations franco-britanniques, même si les deux pays ont encore de nombreuses zones de coopération à explorer, comme l’illustre l’organisation du premier sommet EU-UK du 19 mai à Londres. Et de nous partager sa devise favorite : « Soyons assez puissants pour nous faire respecter et promouvoir nos valeurs de liberté et de solidarité. Dans un monde comme le nôtre, il ne peut en être autrement » (Jacques Delors).

 

 

Le Best Of d’Emmanuelle Bury-Lucas

-Sa région d’adoption en France : la Bretagne

-Ce qu’elle aime le plus à Londres : son caractère totalement international, polyglotte et multiculturel

-Ce qui lui manque du continent américain : les grands espaces

-Une recommandation de lecture : « Le labyrinthe des égarés » d’Amin Maalouf