Le gouvernement britannique subit un coup dur alors que Sir Kevan Collins, commissaire chargé de la relance de l’éducation, vient de quitter son poste. En cause, des fonds financiers débloqués « bien en deçà de ce qui est nécessaire » au vu de l’ampleur de la situation.
Sir Kevan Collins quitte le navire. Récemment nommé, le commissaire chargé de la relance de l’éducation estimait il y a peu qu’un élève aurait en moyenne manqué 115 jours d’école depuis le début de la pandémie au Royaume-Uni. Un retard conséquent qui place, selon lui, le coût économique de la perte d’apprentissage en Angleterre à « £15 milliards ». Un budget comparable a pareillement été estimé par l’Education Policy Institute à au moins £13,5 milliards. Mais avec un budget promis par le gouvernement britannique plafonnant à un total de £3 milliards, la colère n’a pas tardé à monter du côté des chefs d’établissements et la démission du commissaire en est l’illustration la plus parlante.
Une lettre en guise d’apostasie
Dans une lettre adressée à Boris Johnson publiée par le Times Educational Supplement, Sir Kevan énonce une situation grave. « Une approche sans conviction risque de faire échouer des centaines de milliers d’élèves. Le soutien annoncé par le gouvernement jusqu’à présent n’est pas près de relever l’ampleur du défi et c’est pourquoi je n’ai pas d’autres choix que de démissionner de mon poste ». Le commissaire insiste sur le fait que la pandémie a touché « tous les élèves » mais a frappé plus durement les enfants issus de milieux défavorisés. « On estime que les progrès d’une décennie pour réduire l’écart de réussite entre les enfants défavorisés et leurs pairs ont été inversés ».
Un programme d’aide éducative dévoilé
Le ministère de l’éducation annonçait mercredi que les enfants et les jeunes de toute l’Angleterre se verraient offrir jusqu’à 100 millions d’heures de cours gratuits pour les aider à rattraper leur retard sur l’apprentissage. £1,4 milliard seraient investis sur trois ans, dont £1 milliard pour dispenser jusqu’à 6 millions de cours de tutorat d’une quinzaine d’heures pour les écoliers en difficultés. £400 millions permettraient de donner un soutien aux praticiens de la petite enfance et permettraient de délivrer à 500 000 enseignants du pays une formation adéquate.
Ce dernier investissement s’ajoute à la somme de £1,7 milliard initialement annoncée par le gouvernement dans une optique de mise en place de cours d’été et d’une écoute pour la santé mentale des plus jeunes. « Cette prochaine étape de notre plan de rattrapage à long terme devrait donner aux parents l'assurance que nous ferons tout notre possible pour soutenir les enfants qui ont pris du retard et que chaque enfant aura les compétences et les connaissances dont il a besoin pour réaliser son potentiel » a annoncé Boris Johnson.
Un plan de relance sujet à de vives critiques
Le commissaire n’a pourtant pas tardé à exprimer son désappointement, qualifiant dans une déclaration cinglante de « trop étroit » le soutien énoncé par le gouvernement. « L’école primaire moyenne ne recevra directement que £6 000, soit £22 par enfant. Surtout, je crains que l’annonce ne trahisse une sous-évaluation de l’importance de l’éducation, en tant que moteur d’une société plus prospère et plus saine ». Paul Whiteman, chef de l’association nationale des directeurs d’école a déclaré être « triste mais pas surpris que Sir Kevan Collins ait choisi de se retirer ». Boris Johnson a tout de même tenu à rassurer les écoles et les parents sur le fait que davantage de financements seraient « à venir ».