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Desproges : “Les Anglais sont tous des angulés”

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Roland Godefroy
Écrit par Stéphane Germain
Publié le 3 mars 2022, mis à jour le 4 mars 2022

Dans les années 80, l’humoriste français connu pour son humour noir et sa verve acérée taillait une veste aux anglais dans une chronique sur Charlie Hebdo intitulée “Les étrangers sont nuls”.

 

Potache, assoiffé de culture, misanthrope, pessimiste, bon-vivant, provocateur… L’humoriste populaire et écrivain surdoué qu’était Pierre Desproges ne se laisse pas facilement enfermer dans une case. Durant toute sa carrière, il n’aura laissé aucun répit aux humains quels qu’ils puissent être. Juifs, jeunes, français, étrangers, de droite ou de gauche, chanteurs de variété, dirigeants nazis... Desproges manie les mots comme une arme qu’il sait mortelle, et qu’il n’aura de cesse d’aiguiser.

 

Les anglais, ces “angulés”

Lorsqu'il s’attaque aux étrangers dans ses chroniques pour le journal satirique français Charlie Hebdo dans les années 80, les anglais n’échappent pas à la haine sympathique du trublion. “J’ai le plus profond respect pour le mépris que j’ai des hommes”, disait-il dans Fonds de tiroir. Dans Les étrangers sont nuls, son mépris de l'Homme est cette fois servi avec une sauce à la menthe.

 

Inévitablement, c’est la cuisine des honnis rosbeefs qui trinque la première : “L'Anglais est appelé ainsi à cause de ses traits anguleux. C'est pourquoi les Anglais sont tous des angulés. Tandis que le porc, lui, est un ongulé comme le Français. Alors que le porc et le Français sont omnivores, l'Anglais mange du gigot à la menthe, du bœuf à la menthe, du thé à la menthe, voire de la menthe à la menthe.” Équitable dans la répartition de sa déconsidération, Pierre Desproges veille régulièrement à distribuer autant de claques à l’hexagone qu'à ses voisins du Nord, aux goûts culinaires exécrables (c’est lui qui le dit).

 

L’humour british mord le gazon

“Les deux caractéristiques essentielles de l'Anglais sont l'humour et le gazon”, poursuit-il, après un rapide clin d'œil à Jeanne d’Arc, apparemment sauvée des flammes par un Thermolactyl Damart.

 

Pour Desproges, “L'Anglais tond son gazon très court, ce qui permet à son humour de voler au ras des pâquerettes”. L’humour anglais (ou anguleux?) pourtant si apprécié, mord la pelouse alors que l’auteur délie sa langue acerbe : “sans humour et sans gazon, l'Anglais s'étiole et se fane, et devient creux comme un concerto de Schönberg, je pense notamment à ses quatuors à cordes dont l'atonalité fondée sur la méthode sérielle nous brise les couilles.”

 

Balle au centre

Avant de conclure, Pierre Desproges tient à rassurer les anglais (ou les angulés ?) : ils restent, malgré tous leurs défauts, de sublimes créatures de Dieu : “Nous sommes tous des créatures de Dieu. L'agnelet qui va au ruisseau est une créature de Dieu. Même la hyène et le chacal chafouin sont des créatures de Dieu.”

 

Si cette consolation fait grincer des dents, la vengeance britannique se savoure en tournant quelques pages alors que Desproges s’en prend aux français “coincés chafouins qui s'indignent parce qu'on a dit prout-prout-salope dans leur télé. Changez de chaîne, connards, c'est fait pour ça, les boutons.” Pierre Desproges, arbitre glacial et impartial, réussit ainsi l’exploit de résoudre d’un match nul l’éternelle querelle franco-anglaise : tous des nuls.