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Hogwarts Legacy, propos de J.K. Rowling… faut-il boycotter Harry Potter ?

Le logo Harry Potter avec un paysage en fond, la franchise est visée par des boycotts à cause des propos de J.K. RowlingLe logo Harry Potter avec un paysage en fond, la franchise est visée par des boycotts à cause des propos de J.K. Rowling
Écrit par Maël Narpon
Publié le 2 mars 2023, mis à jour le 2 mars 2023

Boycott ou pas ? Sous les feux des critiques depuis plusieurs années, J.K. Rowling voit toutes les œuvres récentes liées à l’univers d’Harry Potter - le jeu vidéo Hogwarts Legacy notamment - faire l’objet d’appels  au boycott en raison de ses déclarations transphobes. 

 

La sortie du jeu vidéo Hogwarts Legacy le 10 février 2023 a généré en amont un grand appel au boycott en raison des déclarations transphobes répétées au cours des dernières années de l’auteure d’Harry Potter, J.K. Rowling. Ce n’est pas la première fois qu’un produit issu de la célèbre saga littéraire de la romancière britannique se retrouve sous le feu des projecteurs de la sorte. Qu’elles soient littéraires, cinématographiques ou vidéoludiques, toutes les œuvres liées à l’univers du sorcier à la cicatrice se retrouvent, année après année, prises pour cible par des fans révoltés des propos tenus publiquement par la maman d’Harry Potter ces dernières années. D’autres fans s’opposent au boycott et le trouvent disproportionné, même s’ils condamnent également les propos de J.K. Rowling. Quels sont les arguments avancés des deux côtés ? Faudrait-il boycotter la franchise ? 

 

Une personne tenant le tome 6 d'Harry Potter dans ses mains, Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé, et ne souhaite pas boycotter la franchise

 

Les origines d’un boycott qui touche l’ensemble de l’univers Harry Potter 

La descente du piédestal a été rapide et brutal pour J.K Rowling. Depuis 2018, une partie de ses fans l’a prise en grippe à la suite d’une série de « likes » et de déclarations sur Twitter indiquant clairement son opposition à la théorie du genre, ne reconnaissant ainsi pas les femmes transgenres comme des femmes. La communauté LGBTQIA+ avait notamment vivement réagi lorsque la romancière n’avait pas mâché ses mots suite à un article de Devex, plateforme médiatique pour la communauté mondiale du développement, utilisant l’expression « personnes à menstruations ». Elle avait lâché la fameuse réponse cinglante qui a déchaîné un torrent de haine et de violence à son encontre : « Personnes à menstruations. Je suis sûre qu’on devait avoir un mot pour ces gens. Que quelqu’un m’aide. Fammes ? Fèmmes ? Fimmes ? ». Absente de la réunion du casting des films Harry Potter à l’occasion des 20 ans du premier opus - où elle était malgré tout invitée - J.K. Rowling a vu les acteurs principaux Daniel Radcliff, Emma Watson et Rupert Grint se désolidariser totalement de ses propos. 

 

 

 

Depuis, les appels au boycott ont plu sur toutes les œuvres liées à l’univers du sorcier de Godric’s Hollow. Des Animaux Fantastiques aux représentations de la pièce l’Enfant Maudit, en passant par Hogwarts Legacy, aucune n’y a échappé, sans qu’il n’y ait toutefois de grande incidence concernant leurs résultats chiffrés. L’exposition Harry Potter qui doit débarquer à Paris le 21 avril 2023 n’a a priori pas été sujette à un appel au boycott à l’heure où nous écrivons ces lignes. 

 

Est-ce que  J.K Rowling continue de s’enrichir avec Harry Potter ? 

Une des principales justifications du boycott mis en avant par les personnes outrées du contenu de certaines sorties médiatiques de J.K. Rowling consiste à refuser de contribuer à enrichir cette dernière en achetant des produits dérivés de l’univers d’Harry Potter. L’enrichir serait étendre son influence et adhérer à ses déclarations. Que la romancière ait pris part ou non à un projet ne change pas la donne. Pour les « boycotters », le fait d’acheter le jeu Hogwarts Legacy ou d’aller voir en salle un volet des Animaux Fantastiques signifie cautionner les propos transphobes de J.K Rowling car celle-ci percevrait énormément d’argent grâce à ces ventes. Mais combien touche-t-elle réellement sur les produits dérivés Harry Potter ? La somme est difficile à établir pour celle dont la fortune était évaluée en 2019 à plus de 750 millions de livres sterling. Elle touche cependant des droits d’auteur, car détenant toujours la propriété intellectuelle de la franchise Harry Potter et son univers. Elle aurait touché 18 millions de livres sterling de dividendes au cours de l’année 2022, versés par sa société d’édition. 

 

Des tweets sur le boycott du jeu Hogwarts Legacy à cause des propos transphobes de JK Rowling

Les anti-boycott et la saga de leur enfance

Pour beaucoup, le phénomène Harry Potter a dépassé sa créatrice et son univers appartient maintenant aux fans qui ont grandi avec, même si cette affirmation est légalement erronée. Si ces fans inconditionnels de l’univers d’Harry Potter jugent que l’appel au boycott prend des dimensions disproportionnées, la plupart ne cautionnent pas les paroles de sa créatrice. Ces personnes préfèrent mettre en avant leur amour pour la franchise, à laquelle elles n’associent pas, ou plus, l’auteure elle-même. A leurs yeux, lire un tome de la saga et l’apprécier, ou jouer au jeu Hogwarts Legacy, signifie seulement vouloir se replonger avec nostalgie dans leur enfance innocente. C’est le texte et son message, son contenu, qui comptent plus que le messager (ou créateur), qui n’est même plus J.K. Rowling dans le cas du dernier jeu Harry Potter en date. 

 

Les fans LGBTQIA+ qui restent fidèles à Harry Potter, pas à J.K. Rowling

Ce genre de considération se retrouve aussi chez des fans LGBTQIA+ qui estiment que la saga a apporté plus de bien qu’elle n’a fait de mal. Beaucoup voit en elle une ode à l’acceptation des différences, avec un univers peuplé d’une multitude d’espèces et de créatures magiques différentes. J.K. Rowling avait par exemple révélé l’homosexualité du personnage emblématique d’Albus Dumbledore, toutefois après la sortie du dernier tome de la saga. Sa romance avec Gellert Grindelwald est cependant plus que suggérée dans les films Les Animaux Fantastiques, écrits par J.K. Rowling.

 

L'affiche du film Les Animaux Fantastiques sorti en 2016.
L'affiche du film Les Animaux Fantastiques sorti en 2016.

 

« Certains étaient surpris qu’en tant que gay, je puisse attendre la sortie du jeu. Personnellement, je dénonce les propos de J.K. Rowling et je fais la part des choses. Pour moi, on peut la “cancel” elle, sans pour autant “cancel” son œuvre, où je ne vois pas a priori de transphobie. Et c’est quand même une part de notre enfance », explique Julien, interviewé par Numerama en février 2023. Emma, jeune femme trans de 17 ans, abonde en ce sens dans le même article : « Dès que j’ai appris les propos transphobes de J. K. Rowling, ça m’a fait un choc. Je ne m’attendais pas à ce que l’héroïne de mon enfance tienne ce genre de propos, mais l’univers de Harry Potter restera toujours magique pour moi. »