Londres est une des villes européennes majeures du street art. Si quelques artistes anglais, comme Banksy ou Stik, ont largement participé à la renommée mondiale de cet art urbain, les Français se défendent plutôt bien ! Nous avons rencontré Zabou, jeune street artist française de Londres dont le talent est aujourd’hui internationalement reconnu. Avec Zabou, dont le style irradie d’émotion et d’humanité, la relève de la nouvelle génération du street art est assurée ! Ouvrez grand les yeux, vous allez en prendre plein la vue !
Le street art, de Philadelphie à Londres
C’est à Philadelphie aux Etats-Unis que le street art émerge à la fin des années 60, inspiré, entre autres, du muralisme mexicain du début du XXème siècle. Arrivé dans les grandes villes européennes au début des années 80, cet art pictural des rues trouve à Londres un formidable terrain d’expression, pour rapidement faire de la ville la capitale européenne du street art.
Coup de foudre à Shoreditch
Originaire de Saumur (Maine-et-Loire), Zabou, née en 1990, grandit dans cette région au riche patrimoine historique et culturel. Ses parents l’initient aux arts classiques et aiment à dire que le premier objet qu’elle a saisi est un crayon. Car Zabou dessine depuis toujours. Après des études en arts plastiques à Angers, elle est brillamment admise en master à UAL (University of the Arts London). Nous sommes en 2011 et le coup de foudre est immédiat ! Elle nous confie : "En arrivant à Londres, j’ai été subjuguée par la scène du graff et du street art, sa variété d’artistes et de styles, c’était un peu le bazar sur les murs, mais je trouvais cela génial !"
Premières sessions d’aérosols
Très vite Zabou se lance et s’initie dans le quartier de Brixton aux différentes techniques grâce à Rula, étudiant à UAL et graffeur. Si l’ambiance était certes très masculine, elle a toujours été bienveillante selon Zabou, pour qui le genre n’est pas un sujet en street art. Avec humilité, elle apprend des mois durant, la difficulté de tracer à main levée à la bombe des lignes droites ou des cercles, de subtilement contrôler le spray avec juste son index pendant des heures.
De graphiste à fresqueuse, naissance d’une street artist
Au début, Zabou travaille comme graphiste en studio et consacre tout son temps libre au street art. Progressivement, elle se crée un réseau, intègre des projets artistiques et commence à rencontrer un franc succès. Puis le rythme s’intensifie, souvent hors du Royaume-Uni, et il lui devient vraiment difficile de concilier son travail et son art. En 2017, cinq ans seulement après ses débuts, Zabou se jette à l’eau et s’installe à plein temps comme street artist !
Je suis passionnée par cette nouvelle forme d’art, travailler dans l’espace public, sur des grands formats, voyager, c’est ma vie !
Une fresque Zabou c’est :
5 à 6 jours de travail, en solo le plus souvent
70 à 150 bombes de peinture (peu souvent green, les marques ont des progrès à faire)
Des engins élévateurs : échelles, échafaudages, et surtout nacelles (elle a même passé son permis !)
Un travail à main levée, avec juste quelques pochoirs pour les tracés techniques
Une durée de vie variable, de plusieurs années le plus souvent
Le style Zabou, entre émotion et humanité
Si son style a évolué avec le temps, Zabou part le plus souvent de la photo d’un sujet (qu’elle prend elle-même à présent). Elle peint de grandes fresques murales de style réaliste, représentant un visage ou un personnage en noir et blanc, dans un environnement souvent coloré, parfois en trompe-l’œil. Elle s’inspire de ses rencontres pour réaliser des œuvres empreintes d’une émotion palpable qui irradient d’humanité. Le plus important pour elle est la connexion qu’elle établit avec son sujet :
L’humain est au cœur de mon art, je veux raconter des histoires qui touchent, que les gens s’approprient.
A ce jour, Zabou a peint quelque 250 fresques dans 20 pays et elle reçoit de nombreux messages de ses fans.
Les multiples visages du street art
Zabou est représentée par la galerie Saatchi, avec laquelle elle a exposé en groupe (2015) et en solo (2022) mais avoue préférer créer dans la rue. Elle est aussi très sollicitée pour des projets encadrés par des municipalités, écoles, entreprises, festivals. Le point de départ est toujours le même, un mur, et elle a le plus souvent carte blanche. "Je m’associe à très peu de projets commerciaux, car il faut que cela soit vraiment aligné avec mes valeurs," ajoute-t-elle.
Pour conclure, Zabou nous confie :
Si mon art peut déclencher de l’émotion chez une seule personne l’espace d’un instant, mon job est fait !
-Votre coup de cœur à Londres : me balader le long de Regent’s Canal à pied ou à vélo, une belle façon d’explorer la ville au calme d’est en ouest. Côté culturel, le Victoria & Albert Museum pour sa collection et programmation exceptionnelles, la Saatchi Gallery, la Tate Modern et le Barbican Center à l’architecture incroyable !
-Ce qui vous manque de la France : les proches bien sûr et beaucoup de petites choses. Sinon, j’adore les guinguettes des bords de Loire en été
-Envie d’ailleurs ? J’aimerais beaucoup découvrir l’Asie (le Japon notamment) et l’Australie, et pourquoi pas y peindre !
-L’œuvre murale à voir absolument à Londres : question difficile car il y en a beaucoup ! Quelques quartiers incontournables : Shoreditch, Hackney, Penge, Walthamstow.
L’actu récente de Zabou
Sept-Oct. 2024 : à l’occasion du London Mural Festival (2è édition, 100 fresques, organisée par Global Street Art, Zabou a peint Sisterhood à Killburn sur la sororité et solidarité féminine
Oct-Nov 2024 : exposition de 3 œuvres de Zabou (imprimées sur panneaux) au siège de l’ONU à New-York « Street Art is female »
Voir les œuvres de Zabou
3 exemples à Londres :
Killburn : Sisterhood (Palmerston Rd, NW6 2JS)
Forest Gate : Jimi Hendrix At The Upper Club (15 Woodgrange Rd, E7 8BA)
Chiswick : Spring (66 Chiswick High Rd, W4 1SY)
3 exemples au Royaume-Uni et ailleurs :
Southend-on-Sea, UK : Even Pirates Get Wet
Belfast, Irlande du Nord : Broken Promises
Limassol, Chypre : The Beach
3 exemples en France :
Maubeuge : The New Lady In Gold (3 rue du Commerce 59600 Maubeuge)
Saumur : Grandir (Institution Saint-Louis, 42 rue d'Alsace, 49400 Saumur)
Saint-Quentin : Mum (160 rue Henri Dunant, 02100 Saint-Quentin)
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