Si l’on avait prédit à la jeune Kaoutar qu’un jour, elle s’occuperait de stratégie spatiale internationale, elle ne l’aurait sans doute pas cru ! Avec plus de 15 ans d’expérience dans les relations internationales, la tech et l’espace, Kaoutar Abousmir est aujourd’hui cheffe de l’unité Stratégie Internationale pour les Affaires Spatiales du Royaume-Uni ! Cette jeune femme fière de ses racines multiples, et dont l’expertise internationale est indéniable, nous a retracé sa trajectoire hors du commun. Portrait d’une personnalité inspirante, à la fois douce et déterminée, et dont la devise est : « Si la porte est fermée, ouvre une fenêtre ! »


Coup de foudre à Bruxelles !
Née en Moselle il y a 40 ans, Kaoutar grandit dans une petite ville avec ses trois frère et sœurs. Leur père marocain et leur mère française les élèvent dans des valeurs multiculturelles de tolérance, respect, vérité et humilité : « On ne parlait pas de tout à la maison, mais il y avait des livres sur tous les sujets ! » Toujours première de classe - sauf en sport - Kaoutar aime apprendre et décroche une bourse du mérite. Elle confie : « Je suis fière de mes deux nationalités, même si cela n’a pas toujours été facile, et je me sens profondément européenne ! Aujourd’hui, je suis en pleine démarche pour obtenir la nationalité britannique ».
De profil plutôt littéraire, elle intègre en 2004 Science Po (IEP) Toulouse. Elle y étudie cinq ans, dont un an en alternance en Tunisie, où elle se passionne pour la fonction publique. Diplôme en poche, ne trouvant pas d’emploi, elle s’inscrit ensuite en master de droit à Metz, décroche un stage au Parlement Européen, et là c’est le coup de foudre professionnel ! Son histoire avec Bruxelles durera dix ans.
Du Parlement Européen au Brexit
Ce stage auprès de Sajjad Karim, député anglais à la commission aux affaires juridiques, fut un bel « accident de fortune », puisque Kaoutar se fait ensuite embaucher comme assistante parlementaire et conseillère politique. Elle est d’ailleurs toujours en contact avec ce brillant avocat et député de Manchester : « Sajjad Karim a une personnalité très inspirante, il m’a donné ma chance ! »

Mariée en 2013 à un Britannique, Kaoutar fait la navette entre Bruxelles et Londres, avant d’intégrer à Londres le Cabinet Office (bureau exécutif auprès du Premier Ministre) comme chargée de projet. Un poste prestigieux mais une expérience difficile pour Kaoutar, devenue jeune maman, au beau milieu d’une réforme de la fonction publique britannique. Elle reviendra un temps au Parlement Européen, avant de s’installer pour de bon à Londres en avril 2019, à l’aube du Brexit.
Éminence grise entre l’Europe et le Royaume-Uni
Elle rejoint alors le Ministère pour le Digital, la Culture, les Médias et le Sport (DCMS) pour s’occuper de politique internationale d'échange et de protection des données. Elle représente le Royaume-Uni auprès d’instances internationales telles que le Conseil de l’Europe, l’OCDE, la présidence du G7 en 2021, et travaille sur des dossiers parfois très sensibles. « Une fois le Brexit installé, le fait de ne pas être britannique commençait cependant à poser problème » confie-t-elle. C’est alors que début 2023, une nouvelle opportunité s’offre à elle en tant que cheffe de l’unité Stratégie Internationale pour les Affaires Spatiales au sein du ministère pour les Sciences, Innovation et Technologie (DSIT) du Royaume-Uni.
Le Royaume-Uni est précurseur sur de nombreux sujets comme le double usage des satellites pour le civil et le militaire.
Vers l’infini et l’au-delà !
Kaoutar part alors à la conquête de l’espace dont elle ignore tout ! Cette infatigable curieuse ne craint pas ce genre de challenge, et s’appuie sur son expertise internationale et géopolitique, du monde arabe, à la péninsule d’Asie du Sud-Est, en passant par le Sud Caucase. Au sein de la direction stratégique des activités civiles spatiales, elle représente le Royaume-Uni lors des négociations et échanges internationaux, gère, conseille et oriente les relations avec des partenaires : « Notre travail est indépendant des gouvernements que l’on sert. Nous proposons des recommandations stratégiques, qui sont suivies, ou pas. »

Un rôle passionnant qui la mène aux quatre coins de la planète à la rencontre de hauts responsables de l’ONU, la Maison Blanche, la Commission Européenne, des agences spatiales ou groupes de télécommunications. « Le Royaume-Uni est précurseur sur certains sujets comme le double usage des satellites pour le civil et le militaire, et bénéficie d’une excellence scientifique incontestée grâce à ses prestigieuses universités », explique Kaoutar.

Ce métier me permet d’être à 100% maman, et c’est ma plus belle réussite !
Confidentialité et transmission
La confidentialité ? Une seconde nature pour Kaoutar, même s’il y a différents niveaux d’accréditations selon les accords.
Quant à la transmission, c’est une attitude intrinsèque à sa mission. N’étant pas scientifique de formation, Kaoutar s’applique à traduire ces sujets pour les ministres et interlocuteurs rarement spécialistes en ingénierie spatiale ! Cette approche de vulgarisation scientifique lui tient à cœur, puisqu’elle intervient en écoles et universités, dont l’IEP Toulouse, pour parler de son métier et encourager la jeune génération à rejoindre le secteur.
Kaoutar est par ailleurs engagée bénévolement dans de nombreuses associations, sur des sujets tels que la parentalité au travail, la santé mentale (MHFA England), la religion (The Faith and Belief Forum), l’éducation des filles. « Ce métier me permet d’être à 100% maman, et c’est ma plus belle réussite ! »

Spécialiste du soft power, Kaoutar Abousmir aspire à avoir un réel impact au-delà du cadre professionnel : « Je n’ai pas de plan de carrière, je suis toujours allée librement là où le vent me menait, au gré de mes rencontres. » Et de conclure : « Mon mot de la fin ? Ce n’est que le début ! »

-Ce qu’elle aime le plus de Londres : les opportunités de vies et l’esprit caritatif des charities
-Ce qui lui manque de la France : la bonne baguette et la convivialité simple
-Sa façon de décompresser : l’écriture de son journal, dont elle partage parfois une page avec son fils
-Une personnalité qui l’inspire : pas une mais plusieurs figures masculines, ses professeurs, son père, son premier employeur
-Une lecture à conseiller : L’amour des commencements de Pontalis, une invitation à réfléchir sur soi-même
Pour aller plus loin :
Page LinkedIn de Kaoutar Abousmir
Site de l’Agence spatiale européenne
Site de l’Agence spatiale britannique
Le Comité des Utilisations Pacifiques de l’Espace des Nations Unies
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