Fascinée par l’image depuis toujours, Claire Pegorier est une pionnière des effets spéciaux numériques. Forte de plus de 20 ans de carrière, elle a marqué les grands écrans, des Oompa Loompas de Charlie et la Chocolaterie à la cape de Voldemort dans Harry Potter. Aujourd’hui, elle partage son savoir tout en explorant de nouvelles voies créatives.
“J’étais fascinée par l’image… et par la technique”
Pour Claire Pegorier, la passion pour l’image a commencé dans le laboratoire photo familial. “Enfant, j’adorais expérimenter, raconter des histoires à travers des photos, même si les trucages cinéma me semblaient inaccessibles”, explique-t-elle. Après des études en physique à Lyon, puis à Centrale Paris, elle a pris un virage inattendu vers l’image numérique, une décision motivée par son intérêt pour la technologie et sa créativité débordante.
Sa carrière débute à une époque où les outils numériques étaient encore balbutiants. “Il n’existait presque aucun logiciel pour animer les personnages ou leurs vêtements. J’ai dû tout programmer moi-même, ce qui m’a permis de comprendre en profondeur les processus techniques”, se remémore-t-elle.
Les Oompa Loompas, Voldemort et la magie du cinéma
Installée à Londres depuis 2003, Claire a travaillé sur des projets emblématiques. Parmi ses réalisations marquantes : la création des costumes numériques des Oompa Loompas dans Charlie et la Chocolaterie et l’animation de la cape de Voldemort dans Harry Potter. Ces projets n’ont pas toujours été simples : “On m’avait interdit d’utiliser un outil spécifique, mais j’ai décidé de contourner les règles. Finalement, ma méthode a sauvé le projet”, raconte-t-elle.
Elle a également contribué à des blockbusters comme X-Men : Le Commencement et Clash of the Titans, tout en développant des solutions innovantes pour des simulations fluides et des effets volumétriques. “J’ai souvent travaillé seule sur des pipelines complexes, parfois avec plus de machines que de collègues. Mais c’est cette autonomie qui m’a permis d’apprendre et d’évoluer”, souligne-t-elle.
Une femme dans un univers masculin
Claire ne cache pas les défis rencontrés en tant que femme dans un domaine largement masculin.
Quand j’ai commencé, il devait y avoir une femme pour trente hommes. Aujourd’hui, les choses s’améliorent, mais il faut toujours ignorer les préjugés et se concentrer sur ce qu’on aime : créer des images
Elle aborde également avec nuance les questions de harcèlement et d’égalité, soulignant l’importance d’un changement culturel global.
Enseignement, projets personnels et l’avenir des effets visuels
Alors que l’industrie des effets visuels évolue rapidement, Claire Pegorier est déjà en train d’explorer les nouvelles frontières de son art. Enseignante à l’Université de Hertfordshire, reconnue pour ses formations en VFX, elle transmet son savoir tout en restant connectée aux technologies de pointe. “Enseigner me permet de continuer à apprendre. Dans notre domaine, les outils changent tous les cinq à dix ans. C’est un défi permanent de rester à jour, même pour un senior”, explique-t-elle.
Claire ne se limite pas à l’enseignement. Elle s’investit dans des projets personnels audacieux, mêlant art et technologie. “Je travaille sur des vidéos que je veux recalculer en haute résolution pour les transformer en impressions. L’idée est de proposer ces créations dans des expositions”, précise-t-elle. L’intelligence artificielle, souvent perçue comme une menace pour les métiers créatifs, est pour elle un outil d’inspiration. “Quand je bloque sur un projet, je teste des logiciels IA pour voir ce qu’ils proposent. Ce n’est jamais la solution finale, mais cela m’aide à relancer ma créativité”, analyse-t-elle.
Claire anticipe aussi une révolution dans le secteur. “L’IA va rendre certains processus plus rapides et automatisés. Mais le véritable défi reste le même : transformer des données brutes en une œuvre qui touche les spectateurs”, conclut-elle. Avec un pied dans l’enseignement, un autre dans ses explorations personnelles, et les deux yeux fixés sur l’avenir des effets visuels, Claire Pegorier incarne une artiste en constante évolution, prête à écrire le prochain chapitre de sa carrière.