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Des prisonniers britanniques vont pouvoir participer à un tournoi d’échecs en ligne

jeu d'échecjeu d'échec
Écrit par Judith Chouzenoux
Publié le 14 octobre 2021, mis à jour le 14 octobre 2021

Des associations militant pour les droits des prisonniers ont salué la décision du Ministère de la Justice d’autoriser des détenus britanniques à participer, pour la première fois, à un tournoi d’échecs en ligne sur les ordinateurs de la prison.

 

Le jeu d’échecs, maintes fois encensé pour ses capacités à stimuler l’agilité mentale tout en échappant à l'ennui, est le passe-temps idéal pour de nombreux détenus confinés entre quatre murs. L’équipe sera composée des résidents de deux prisons anglaises, qui pourront participer pour la première fois à un tournoi international d’échecs en ligne, directement depuis les ordinateurs de la prison.

 

Une édition du tournoi qui s’annonce très prometteuse

Ordinairement, l’accès à Internet est très restreint dans les établissements pénitenciers britanniques et son usage est limité à des fonctions éducatives. Mais à l’occasion du tournoi, les détenus de la prison ouverte de Hollesley Bay dans le Suffolk et de Wandsworth à Londres, pourront accéder aux machines librement.

 

Lors de la précédente édition de ce championnat intercontinental en ligne pour prisonniers, ces derniers avaient été autorisés à jouer contre leurs adversaires, mais de façon indirecte. Pour des raisons de sécurité, les détenus n’étaient pas autorisés à accéder eux-mêmes aux ordinateurs. Ils étaient assistés par des agents pénitentiaires et des bénévoles qui saisissaient et transmettaient les mouvements pour eux. Mais avec des parties limitées à 10 minutes maximum, ce mode opératoire s’est avéré chronophage et très peu pratique, et les détenus ont perdu la plupart de leurs matchs. Cette fois, ils seront aux commandes de l’ordinateur et pourront eux-mêmes effectuer leurs mouvements.

 

L’équipe se constitue de quatre détenus membres de l’équipe anglaise qui ont tous adhéré à un club d’échecs en prison. Ces clubs ont été créés sous l’impulsion de l’organisation caritative britannique Chess in Schools and Communities (CSC). C’est son coordinateur pour les prisons, Peter Sullivan, qui a formé l'équipe, dont le capitaine est le directeur général du CSC, Malcolm Pein, un maître international. Pour l’évènement, l’association a travaillé en collaboration avec les autorités pénitentiaires et le groupe Novus, le fournisseur de technologie des prisons, afin de garantir la sécurité des parties.

 

Au cours de cet événement de deux jours débutant mercredi 13 Octobre, l’équipe anglaise aura l’honneur d’affronter des détenus de 31 autres pays. Parmi eux, des Américains, des Russes, des Croates, mais également des Portugais et des Trinidadiens. Les matchs, quant à eux, se dérouleront sous l'œil bienveillant de la Fédération internationale des échecs.

 

Une initiative qui vise à promouvoir les effets bénéfiques des échecs sur les prisonniers

Un porte-parole du Ministère de la justice à réagi à l’initiative et a déclaré que ce tournoi était une exception aux règles habituellement en vigueur dans les établissements de détention. Il a également confirmé que ce serait la première fois que des détenus sont autorisés à participer à une compétition en ligne. Cette décision intervient alors que de nombreuses controverses éclatent quant aux conditions de détention des prisonniers anglais, notamment dans les prisons féminines. De quoi redorer - un peu - l’image des institutions britanniques et des échecs qui, eux, jouissent d’une popularité croissante grâce à la série à succès de Netflix, The Queen's Gambit.

 

Le capitaine Malcolm Pein, a précisé que l'ambition de l'organisation caritative était d'établir un club d'échecs dans chaque prison et établissement pour jeunes délinquants. Il a affirmé que « les échecs inculquent une autodiscipline mentale, des compétences en matière de résolution de problèmes, et la capacité de se concentrer. Ils ont un effet positif sur le comportement car ils soulagent l'ennui et ont été une bouée de sauvetage pour certains prisonniers pendant le confinement. »

 

Pour les incarcérés britanniques, c’est le moyen de profiter d’une activité partagée avec les autres détenus, sans se heurter aux potentielles barrières linguistiques et culturelles. Le directeur du CSC, très enthousiaste au sujet de la compétition internationale, s’est réjouit de son lancement imminent : « Notre équipe de prison se prépare depuis six mois et elle est très motivée et enthousiaste à l'idée de jouer contre les Russes. Si nous arrivons en finale, il ne nous reste plus qu'à espérer que les connexions Internet fonctionnent. »