L’humour a une place différente dans la vie de chacun d’entre nous, mais Fabrice, lui, en a fait une affaire plus que personnelle. Late-show à Montréal, Comedy-clubs, Open-mics… L’humoriste a parcouru le monde entier pour réaliser son rêve. Rencontre avec un homme généreux et passionné par la comédie : “Je suis en train de finir mon premier long-métrage, un film québécois”.
Les Canadiens ont souvent ce petit quelque chose en plus… Cette intonation particulière qui peut être une véritable arme pour la comédie. Fabrice Édouard La Roche Francoeur l’a bien compris. À 32 ans, le comédien revient sur sa longue expatriation, sur ses rêves de “grands stades” et sur son renouveau au French It Up Comedy Club de Londres.
French It Up : la famille française de l'humour s'agrandit
“Fab”, la petite étoile-montante du Québec
En France et partout ailleurs, la comédie est souvent une vocation. Au Québec, il s’agit plus d’une institution : “Ce qui est vraiment unique au monde, est que l'improvisation est apprise, c'est comme une discipline sportive dans les écoles”, atteste Fab. “Chaque école a une équipe d'improvisation. Vous faites des auditions, puis vous êtes sélectionné dans des équipes, et éventuellement, vous avez des entraînements et des tournois”. Ainsi, Fabrice a toujours baigné dans les blagues, l’improvisation et la comédie : “Autour de 24 ans, je faisais de l'improvisation depuis plus de dix ans déjà. Je voyais où ça pouvait aller”.
Mais comment faire son trou ? Voici la question à laquelle notre humoriste s’est confronté. La meilleure réponse qu’il a trouvée ? “J'ai arrêté l'improvisation.” Alors, il découvre les talk-shows américains (Jimmy Fallon), ce qui lui fait explorer l’univers du late-night : “Je voulais essayer de faire un late-night québécois, pour le plaisir. J’ai recruté des amis d'improvisation, qui étaient d'excellents auteurs et c’est parti très loin…”
“Au début, nous avions 50 à 60 personnes dans la salle, principalement des amis. Par un concours de circonstances, Xavier Dolan a entendu parler du spectacle. Il est venu le voir et nous a dits qu'il aimerait collaborer.” En peu de temps, Fab met les pieds dans le cinéma et la comédie. Il raconte avoir signé avec un producteur, sans réussir à distribuer son émission, bien que les médias se précipitaient sur lui. "Personne ne voulait vendre un show avec ma tête dessus. Ça a été une grande étape de ma vie et je suis content que cela se soit passé ainsi. À un moment, je pensais que ça allait être mon tremplin, mais finalement, ça a été le début de l'apprentissage.”
L’humour avec un grand H, à Londres
Dans cette situation, toute personne sensée resterait au Québec, vu le nombre d’opportunités présentées, mais pas Fab. Une chose est sûre ; personne n’aurait décidé subitement de s’en aller vers un autre pays, sans aucun gage de sûreté, mais pas lui. Il raconte : “C'est probablement quelque chose que je dois gérer avec mon thérapeute. J'ai toujours eu envie de jouer en anglais, d'aller en France ou à l'international. Je ne me suis jamais senti à ma place à Montréal”. Après un premier voyage à Londres, Fab serait “complètement tombé en amour avec ce pays”. Il est l’heure. Fab pose définitivement ses valises à Londres. Il repart de zéro, niveaux stand-up et impro.
“Je n'avais aucun contact à Londres. Je ne connaissais que Jeff, directeur du French It Up Comedy Club”. Après sa première scène, Fab est déjà conquis. En une soirée, il avait rencontré tout le cercle social qu’il avait fait à l'époque. “Le monde de l'improvisation et du stand-up n'est pas si petit que ça et les Français à Londres, sont une grosse petite niche” , ironise-t-il. Depuis, l’humoriste a encore pris énormément d’expériences, à tel point qu’il joue aujourd’hui aussi en anglais, notamment au Fringe festival, à Édimbourg. Après avoir passé le cap des 1000 matchs et des 20 ans d’improvisation, Fab arrive à un moment crucial de sa carrière.
“Une de mes premières activités est que je suis en fait réalisateur. Je suis en train de finir mon premier long métrage : La Fumée Rose, mon premier film québécois"
Entre cinéma, enseignement et comédie
“Le stand-up est récent dans ma vie. Mon approche fait rire les gens, mais je l’assume : je veux remplir des stades, dans le sens où je veux devenir assez bon et travailler assez fort pour le mériter". Pour y parvenir, Fab ne compte pas que sur son accent et son sourire. Il fait de la musique, qu’il inclut dans ses sketchs, et plus récemment des cartoons.
Un projet encore plus fou va bientôt voir le jour : “Une de mes premières activités est que je suis en fait réalisateur. Je suis en train de finir mon premier long métrage : La Fumée Rose, mon premier film québécois. Nous sommes en postproduction.” Pour ne pas trop en dire, le film a été produit par Evren Boisjoli (Achromatic Media), qui est allé aux Oscars. Une consécration pour Fab, le film étant en tournage depuis 6 ans : “Nous avons eu la chance d'avoir plein d'équipements, et d'acteurs qui sont devenus des vedettes entre temps. Le film a l'air d'avoir coûté beaucoup plus cher que ce qu'il a réellement coûté” , lâche l'humoriste, avec un sourire difficile à cacher.
Vous pourriez penser que cela fait beaucoup d’activités ? Fab, lui, estime que non : “Le hasard a fait que je me suis mis aussi à enseigner dans une école d'acteurs dernièrement. J'enseigne le jeu devant la caméra, en donnant des ateliers de stand-up.” Ce n’est pas tout : “Je donne des ateliers gratuitement pour former les comédiens en vue d'éventuels spectacles que je voudrais développer. Je vais lancer une boîte de production, une entreprise de médias avec des acteurs, des humoristes que j’ai repéré”. L’enjeu est clair, le comédien voudrait produire un spectacle-solo à l'avenir.