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La grande chorale du Bach Choir : plongée au cœur de la musique française

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The Bach Choir - Crédit : Sim Canetty-Clarke ©DR.
Écrit par Nellie Monneret
Publié le 24 avril 2023, mis à jour le 24 avril 2023

Le Bach Choir est une grande chorale indépendante de plus de 240 voix à Londres. Fondée en 1876, elle a pour mécène le roi Charles III.

A l’occasion de deux concerts du Bach Choir dédiés à la musique française cette saison, nous avons échangé avec les choristes français Chloé Lescs et Julien Allen, et leur directeur de musique anglais, David Hill. Ils nous ont partagé leur intérêt pour la musique classique et française. Pour ces concerts, le Bach Choir a par ailleurs cherché à attirer la communauté francophone expatriée à Londres. 

 

Comment êtes-vous devenu musicien et quel est votre lien avec la France ? 

David Hill : Je suis organiste, pianiste et violoniste et j’ai commencé la musique à l’âge de 11 ans. J’ai toujours eu beaucoup d’amour pour la musique française qui a été centrale à mon développement musical et je me suis imprégné du répertoire français développé entre les XVIIe au XXe siècles durant mes années d’apprentissage. Depuis, j’ai rarement joué un concert d’orgue qui ne contenait pas de musique française. 

 

Chloé Lescs : Après mes études à Paris, j’ai emménagé à Londres en 2018 pour étudier la comédie musicale. J’ai ensuite commencé à auditionner pour des pièces et films avant de rejoindre le Bach Choir en 2021. J’avais déjà fait 7 ans dans un chœur étant enfant en France au chœur Sotto Voce dans le théâtre du Châtelet à Paris et cette activité m’a beaucoup manqué même si j’aime mon autre carrière. Parallèlement, je suis aussi entrée à la National Youth Academy où j’ai pu continuer à travailler mon jeu pour le cinéma. J’ai continué les répétitions du Bach Choir et j’ai fait plusieurs concerts, tout en tournant dans quelques longs et courts-métrages.

 

Julien Allen : Mon père est anglais et ma mère est française. Je suis avocat et ténor dans le Bach Choir depuis 2016. J’ai commencé le chant en pensionnat à 11 ans et j’ai été dans plusieurs chorales en Angleterre et en France. Le Bach Choir est pour moi une finition car c’est une chorale d’élite qui a la chance de jouer avec des orchestres et solistes de réputation mondiale. 

 

D’où est venue l’idée de créer ces concerts dédiés à la musique française ? 

David Hill : J’ai pensé que ces concerts seraient une super opportunité d’explorer le travail de compositeurs français du XXe siècle comme Nadia Boulanger, qui a eu une très grande influence sur de nombreux musiciens à travers le monde, ainsi que Maurice Duruflé et Jean Langlais. Nous sommes une grande chorale et certaines de ces musiques sont normalement chantées par de plus petites chorales, mais le Bach Choir délivre un son et une méthode particuliers qui permettent de s’adapter à ces morceaux. Les compositeurs de ce répertoire sont connus et étaient, d’une certaine manière, les leaders de leur époque dans la musique classique. Langlais, Duruflé et Boulanger se connaissaient sûrement et nous avons voulu joindre cette « force de connexion » entre ces artistes.

 

Chloé Lescs : Joe Garvey (directeur du marketing digital du Bach Choir) m'a contacté en sachant que j'étais française pour me proposer de faire une publicité pour le concert en ciblant les Français avec un code promo qui leur donnait accès à un verre de vin et un programme à l'entracte. J'ai tout de suite accepté car je trouve ça super de toucher un public un peu différent de d'habitude avec ce programme. 

 

Chloé Lescs au Bach Choir - Crédit : Belinda Lawley ©DR

 

Quelle importance ont ce type de musique et le répertoire français pour vous ?

Chloé Lescs : La musique classique est ce qui a initié ma carrière musicale et m'a donné envie de faire de la musique professionnellement. J'ai commencé par le piano classique et le chant en conservatoire et quand j’étais toute petite, ma famille me faisait écouter des compositeurs comme Debussy, Chopin, Ravel... Ils m'ont toujours beaucoup plu et inspirée. Ma famille m’a aussi emmenée à l'Opéra voir Carmen de Bizet. C'est ce qui m'a donnée cette passion et l'envie d'être sur scène pour la partager à d'autres ! 

 

Julien Allen : Le chant et la musique classique ne figuraient pas très haut dans ma vie car j’étais plutôt passionnée de cinéma, mais depuis que j'ai intégré la chorale en 2016, j’ai suis bien plus inspiré par ce milieu et j'ai commencé à chanter de l'opéra avec d'autres amis. Concernant le répertoire français, il est majeur pour l’orgue et le chant et doit être chanté par les chorales britanniques. Il y a eu des échanges et influences entre nos deux pays par notre proximité géographique et nos compositeurs d’influence. Maurice Ravel a par exemple inspiré pas mal de compositeurs anglais du XXe siècle et beaucoup de compositeurs anglais ont fait leurs études en France. 

 

David Hill : Il y a une grande culture organiste en France et en particulier à Paris. Lorsqu’on devient organiste, on apprend très tôt à reconnaître l’importance des compositeurs français depuis l’époque de François Couperin (XVIIe siècle), de César Franck (XIXe siècle) et ‘l’école de Paris’ qui a formé des organistes, improvisateurs et compositeurs comme Marcel Dupré et Louis Vierne (XXe siècle). Tous les jeunes organistes aiment jouer de la musique française et ne peuvent de toute manière pas l’éviter au cours de leur apprentissage. Ces musiques peuvent paraître « vieux-jeu » aujourd’hui, mais elles sont très importantes pour moi et tant que je serai organiste, je ne cesserai jamais de les jouer. Par ailleurs, vous n’avez pas d’intérêt à être organiste si vous ne jouez pas de la musique française.

 

 

Julien Allen au Bach Choir - Crédit : Sim Canetty-Clarke ©DR.

 

Comment les choristes non-francophones s’entraînent-ils à chanter en français ou en latin ? 

David Hill : Nous chantons souvent en latin dans un « style d’église », comme je l’appelle. Tous les pays chantent en latin d’une manière différente, mais les anglo-saxons ont plutôt tendance à suivre les modèles italien et espagnol dans leur prononciation du latin. Les choristes sont de toute manière habitués à chanter dans différentes langues, mais lorsqu’ils chantent en français, il est très important que la langue résonne correctement. Nous embauchons parfois des linguistes pour travailler les langues slaves, mais pour le français, l’expérience de nos choristes et l’aide de nos choristes francophones nous suffisent.

 

Julien Allen : Je pense que les choristes anglais trouvent généralement qu’il est difficile de chanter dans des langues qui ne sont pas l’anglais ou le latin, comme le français, l’espagnol ou le russe. Par exemple, la messe de Duruflé est en latin, mais ce latin est écrit sur le modèle français avec des accents et une prononciation spécifiques à notre langue. Pour ces chants, j’ai pu aider les autres choristes autour de moi en répondant à leurs questions sur les prononciations et liaisons entre les mots. 

 

Chloé Lescs : Le français m’a bien servi dans ce milieu puisque dans la musique classique, beaucoup d’éléments viennent de la France. Pour ce concert, David et Phil, le pianiste en charge de certaines répétitions, m’ont demandé de venir au micro où ils se tiennent d’habitude pour diriger le concert afin que j’aide les sopranos avec un morceau complètement français. On chante beaucoup de latin pour ce concert, mais deux morceaux sont en français et j’ai aidé le chœur avec la prononciation afin que tout le monde sonne vraiment français. 

 

The Bach Choir - Crédit : Sim Canetty-Clarke ©DR.

 

Le Bach Choir proposera un autre concert avec des œuvres de compositeurs français le 25 mai prochain et vous pouvez réserver réservations dès maintenant sur leur site internet. Vous pouvez aussi suivre leur actualité sur Twitter, Facebook et Instagram

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