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Baptiste Audouin: Les effets spéciaux, de la France au Royaume-Uni

Baptiste Audouin, fraîchement arrivé au Royaume-Uni en 2020 à l’origine pour poursuivre un master à la National Film and Television School, travaille désormais dans la capitale dans le secteur des effets spéciaux. “J'ai des collègues formidables, beaucoup sont français et nous réalisons d'excellents projets publicitaires ensemble.” nous confie-t-il en parlant de sa carrière.

Baptiste AudouinBaptiste Audouin
Écrit par Perle Liardet
Publié le 19 décembre 2025, mis à jour le 21 décembre 2025

Passionné par la programmation informatique et les effets spéciaux, Baptiste Audouin travaille en tant que “Nuke compositor” (compositeur d’effets visuels sur le logiciel Nuke) chez Electric Theatre Collective, une agence publicitaire. Avec un parcours scolaire mené entre la France et le Royaume-Uni, c’est à Londres qu’il décide de déposer ses valises pour y entamer sa carrière dans le secteur des effets spéciaux. Avec des expériences dans la production de courts métrages mais aussi de publicités, Baptiste oscille entre deux identités : vivre comme un Britannique tout en gardant son héritage français. lepetitjournal.com est allé à sa rencontre pour en savoir plus sur son parcours, sa carrière et ses projets. 

 

En quelques mots, pouvez vous présenter votre activité ?

Je travaille dans les effets spéciaux pour le cinéma, les séries et actuellement la publicité. Je fais ce qui s’appelle du “compositing”, c’est une branche des effets spéciaux qui consiste à assembler tous les éléments pour créer une image finale. 

Pour simplifier, l'image que j'utilise souvent pour expliquer mon travail à ma famille et à mes proches qui ne le connaissent pas, c'est celle de Jurassic Park. Imaginez la scène d’un dinosaure dans la forêt. Une équipe filme la forêt en conditions réelles, tandis qu'une autre crée un dinosaure en 3D de toutes pièces. Mon rôle est d'intégrer le dinosaure à cet environnement forestier pour vous donner l'impression qu'il en a toujours fait partie.

Ainsi, nous travaillons beaucoup avec les pixels, c'est un travail fastidieux de rechercher les défauts et de s'assurer que tout soit cohérent. 

 

En 2020, d’où vous est venue l’envie de vous expatrier ? 

Après avoir obtenu ma licence de cinéma spécialisée dans la post-production à Lyon, j'ai réalisé qu'il me manquait quelque chose. Mon école étant davantage axée sur le cinéma et la création cinématographique de manière générale, j'ai réalisé que je ne voulais pas être monteur. Je voulais faire des effets spéciaux.

Pendant que je cherchais des écoles qui me permettraient de me spécialiser dans ce domaine, des amis m’ont parlé d’une école en Angleterre. En me renseignant, j’ai effectivement eu envie d’y poursuivre mes études. Bien qu’à l’origine, j’étais juste censé y faire mon master, j’ai finalement eu envie d’y rester pour y trouver du travail dans ce secteur. L’Angleterre est très intéressante car elle offre des opportunités sur la scène internationale que l'on trouve moins en France, du moins, pas à l'époque où j'y étais. 

Étant donné que beaucoup des grandes sociétés d’effets spéciaux se trouvent à Londres, cela peut ouvrir beaucoup plus de portes. Les films tels que Harry Potter et le Seigneur des Anneaux m'ont motivé à entrer dans le domaine des effets spéciaux et j'espère pouvoir contribuer à de futurs grandes productions telles que celles-ci dans ma carrière !

 

Comment a évolué votre rapport à la France ? 

Je n'ai jamais autant aimé la France depuis que je l'ai quittée. Étonnamment, lorsqu'on est dans un autre pays, on a le plaisir de montrer ses valeurs et ce qu'on aime. De la même façon, j’ai plaisir à découvrir le fonctionnement de l’Angleterre, ses différences culturelles. Il ne faut pas avoir peur de s’intéresser à cela. 

J’aime la culture anglaise et j’apprends à ne pas la comparer constamment à celle de la France. J'apprends à vivre comme un Anglais tout en restant français, ce qui est un équilibre parfois difficile à trouver.
 

Étudier en France et au Royaume-Uni, deux approches complètement différentes ? 

En matière d'apprentissage, je pense que cela dépend davantage d'une école à l'autre que d'un pays à l'autre. Les deux écoles où j'ai étudié sont des écoles de cinéma avec différentes formations qui correspondent plus ou moins aux différents départements nécessaires à la fabrication d'un film. Alors que ma licence en France était spécialisée dans la post-production (montage, effets spéciaux, motion design), l'école où j'ai étudié en Angleterre, la National Film and Television School (NFTS), proposait une formation encore plus spécialisée sur les effets spéciaux.

La NFTS dispose d’une formation dédiée à l'animation et plus particulièrement à l'animation stop motion. Cela m'a beaucoup attiré car il s'agit d’une technique que j'ai utilisée pendant mes études à Lyon. Je n'ai pas fait cette formation moi même mais j'ai eu la chance de travailler avec des réalisateurs de film d'animation extrêmement talentueux!

De plus, d’un point de vue plus personnel, j’ai dû faire face à la barrière de la langue. Je ne parlais pas beaucoup anglais à mon arrivée, juste assez pour être accepté par l'école. J'ai donc appris sur le tas, et bien que cela ait mis du temps, c’était une excellente méthode d'apprentissage. Pouvoir parler anglais est l'une des plus grandes réussites de ma vie. Cela m’a permis de rencontrer des personnes d’horizon si divers, ce qui était une expérience inédite et extrêmement enrichissante pour moi.

J'ai l'impression que c'est une caractéristique très propre à Londres : ce mélange de nationalités, avec des gens venus du monde entier. Par exemple, sur mon lieu de travail je rencontre beaucoup de Français, d'Italiens, d'Espagnols … Je valorise vraiment cet internationalisme.

 

Travailler dans le cinéma: est-ce plus facile au Royaume-Uni qu’en France ? 

Je ne saurais donner de réponse précise, car je n'ai pas travaillé dans le cinéma en France. Je sais toutefois que, depuis le Brexit, l'industrie des effets spéciaux s'est considérablement développée en France. Certaines entreprises anglaises, ne pouvant plus recruter en France, ont directement mis en place des réseaux outre-Manche afin de pouvoir directement faire appel à la production française. Cela fait sens sachant qu’il y a beaucoup d'artistes français dans le secteur des effets spéciaux. 

Bien que ce secteur ne soit que peu développé, la situation évolue beaucoup. Avec l’avènement du télétravail, de plus en plus de Français travaillent directement depuis la France sans avoir besoin de se rendre au Royaume-Uni.

 

Entre l’anglais et le français, vous avez opté pour le langage universel du python: pouvez-vous expliquer de quoi il s’agit ? 

Il s’agit d’un langage de programmation que j'utilise assez régulièrement dans mon travail car il est un langage compris par les logiciels dont je me sers et qui me permet d’automatiser les tâches répétitives. 

J’ai fait des études assez scientifiques au lycée et j’aimais beaucoup cela. Depuis, j’ai gardé ce goût pour la logique, la programmation et la science de l’ingénierie. Je ne suis pas du tout programmeur mais j’aime beaucoup ça, cela m’amuse au point de vouloir en faire sur mon temps libre. 

Dans le domaine des effets spéciaux, disons que notre travail est à la fois très artistique et très technique. Dans la partie technique, nous faisons face à beaucoup de répétitions dans ce que nous faisons et les langages de programmation comme Python nous permettent d'automatiser ces répétitions et de gagner du temps.

 

Avez-vous d’éventuels futurs projets avec le cinéma français ? 

Pour l'instant, j'ai du mal à imaginer comment cela pourrait se concrétiser. Je passe la plus grande partie de ma vie au Royaume-Uni et mon entreprise est anglaise. J’ai donc beaucoup plus développé mon réseau ici. 

Travailler dans le cinéma français, pourquoi pas ? Cela dépendra toutefois des opportunités qui se présenteront. Et je travaillerai probablement depuis l'Angleterre si cela venait à se produire dans un avenir lointain. On ne sait pas de quoi est fait demain ! Toutefois, dans un avenir relativement proche, cela me paraît peu probable. Mais je suis toujours ouvert aux possibilités, aux opportunités … Il ne faut jamais dire jamais. 

À l’heure actuelle, je travaille chez Electric Theatre Collective, une agence de publicité à Brick Lane et je m’y plais beaucoup. J'ai des collègues formidables, beaucoup sont français et nous réalisons d'excellents projets publicitaires ensemble. 

Site internet de Baptiste Audouin

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