Le 2 juillet 2019, Boris Johnson succédait à Theresa May au 10 Downing Street. Un an et quatre jours plus tard, quelles conclusions peut-on tirer de cette première année mouvementée du mandat Johnson ?
Souvenez-vous : il y a tout juste un an, le 24 juillet 2019, Boris Johnson était nommé Premier ministre du Royaume-Uni, et s’était adressé aux Britanniques sur le pallier du 10 Downing Street, annonçant que « le temps est venu d’agir, de prendre des décisions, de réaffirmer une gouvernance forte et de changer ce pays pour le mieux ». Une première prise de parole triomphale, qui instaurait son statut de « Premier ministre du renouveau », chargé de concrétiser un Brexit qui rencontrait toutes les peines à prendre forme et de gommer les inégalités sociales au sein du pays.
Bien sûr, un an plus tard, force est de constater que la première année du mandat de Boris Johnson restera indissociable d’un évènement que nul n’aurait pu prévoir, et qui a consumé au cours des derniers mois énormément de ressources de la part du gouvernement. Il s’agit bien entendu de la pandémie de Covid-19, d’ampleur nationale mais aussi mondiale, qui polarise tout le spectre gouvernemental autour d’elle depuis le mois de janvier, et qui devra donc bien entendu être prise en compte dans cette rétrospective.
Sortie de l’Union Européenne et négociations des accords commerciaux
Lors de son investiture, le Premier Ministre avait promis la sortie de l’Union Européenne dès le 31 Octobre 2019, et la négociation d’un nouveau partenariat avec l’Union qui serait plus bénéfique au Royaume-Uni. Une promesse qui ne sera pas tenue par Johnson, confronté à une Chambre des Communes particulièrement hostile aux termes de son nouveau Brexit. Forcé de repousser la date de sortie de l’Union au 31 janvier 2020, le Premier ministre décide de provoquer une élection anticipée afin de s’assurer le soutien de l’organe législatif britannique. Les élections générales de Décembre permettent au Premier Ministre de sécuriser une majorité écrasante au parlement, la plus grande depuis Margaret Thatcher en 1987, et de quitter l’Union Européenne le 31 janvier 2020.
Débute alors une période de transition, toujours en cours, qui doit permettre au Royaume-Uni de s’accorder avec l’Union Européenne sur les nouveaux accords commerciaux qui régiront leurs échanges post-Brexit. Sur ce point, bien que les négociations patinent depuis de nombreux mois selon les dires du négociateur en chef de l’Union Européenne, Michel Barnier, la crise sanitaire que subissent l’Union et le Royaume-Uni a grandement participé à la lenteur de ces pourparlers. Toujours est-il que la perspective d’un accord proche semble s’éloigner un peu plus chaque jour ! On peut affirmer la même chose pour les négociations entamées avec Washington il y a quelques mois… S’il est trop tôt pour parler d’échec, puisque la fin de la période de transition s’achèvera à la fin de l’année, il semble irréaliste que le Premier Ministre puisse tenir sa promesse.
Augmentation des effectifs des forces de l’ordre
Dans son discours d’investiture, le Premier ministre promettait de renforcer la sécurité dans les rues, notamment en affectant 20 000 policiers supplémentaires à la surveillance urbaine. À l’heure actuelle, plus de 3000 officiers supplémentaires ont été recrutés au Royaume-Uni. Un bon début : le gouvernement a prévu d’atteindre son objectif d’ici à Mars 2023.
Plan de financement du système de protection sociale
Boris Johnson avait annoncé vouloir trouver une solution à la crise de la protection sociale du Royaume-Uni, en trouvant un plan de sauvetage. Ce plan n’a pour l’instant pas encore été annoncé, malgré des rumeurs d’une taxe visant les quadragénaires afin de financer le système de protection sociale, démenti hier par Downing Street.
Rénovation et renouvellement des infrastructures hospitalières
Ce n’est pas moins de 20 hôpitaux que le Premier ministre a promis d’améliorer et de rénover. Si un budget de £1.8 milliard avait été alloué à ce projet en Juillet dernier, aucun chantier n’a encore réellement commencé à l’heure actuelle. De larges sommes ont été investies au cours de la crise de coronavirus dans le système de santé britannique, débordé par le nombre de patients, sans omettre qu’il a fallu construire des hôpitaux temporaires.
Financement scolaire
L’objectif affiché du gouvernement était d’augmenter le financement des écoles primaires et secondaires. C’est chose faite, puisque pour l’année 2020/2021, les dépenses par élève ont augmenté pour les élèves du secondaire (£5000 contre £200 auparavant), mais aussi pour les élèves du primaire (£3750 contre £250 auparavant). Le gouvernement a également chargé les autorités locales d’administrer la répartition de ce financement.
Construction de nouvelles infrastructures
C’était une de ses promesses de campagne : construire de « fantastiques nouvelles routes et infrastructures ferroviaires ». Un projet qui tient particulièrement à cœur au Premier ministre, qui a entre autres alloué 640 milliard de livres aux investissements d’infrastructures en Mars dernier, dont 100 millions à la construction d’un nouveau réseau routier. Un engagement réitéré lors de l’annonce du « New Deal », qui doit permettre au pays de se rétablir de la crise économique engendrée par le coronavirus.
Salaires et productivité
La hausse des salaires et de la productivité faisait partie des mesures économiques centrales du projet du gouvernement Johnson. Lors de l’annonce du nouveau budget en Mars dernier, le Chancelier de l’Echiquier Rishi Sunak avait annoncé une augmentation salaire minimum, passant de £8.21 par heure à £8.72 par heure. Cependant, les salaires et la productivité ont inévitablement chuté pendant le confinement et depuis le début de la crise sanitaire.
Secteur immobilier
Dans la continuité du gouvernement May, le gouvernement Johnson a alloué £9.5 milliard au plan d’aide à l’achat de biens immobiliers, introduit en 2018. Il faut également souligner le fait que la Stamp Duty Tax, ou droit d’enregistrement, est temporairement suspendue lors de l’acquisition de biens immobiliers d’unes valeur inférieure à £500 000.
Pas de contrôle à la frontière Irlandaise
Une des mesures phares du projet du Premier ministre ! Et la promesse faite par Johnson a été tenue, puisque la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande restera ouverte. Toutefois, cela signifie probablement qu’il y aura des contrôles de douane à l’intérieur même du Royaume-Uni, entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord.
Un an après son investiture, le mandat du Premier ministre a des allures de montagne russes. Si dans les grandes lignes ses promesses ont été tenues, la crise de Covid-19 a complétement chamboulé la gestion du pays ces derniers mois. Imprévisible et inévitable, le virus remet en cause de nombreux points du programme de Johnson, et met en lumière ses échecs, comme sur le plan de la santé. Le plus dur reste sans doute à venir pour le gouvernement, qui va devoir faire face aux conséquences de la crise qui se font déjà ressentir sur le plan économique. Un imprévu qui rend le futur incertain du mandat Johnson, et qui est à l’origine d’un bilan mitigé, dont les échecs ne sont pourtant pas directement imputables au Premier ministre.
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