De nouvelles directives policières au Royaume-Uni permettent aux enquêteurs de perquisitionner le domicile et les appareils électroniques de femmes ayant fait une fausse couche, afin de détecter un éventuel avortement illégal. Une mesure vivement dénoncée par les professionnels de santé et les associations de défense des droits des femmes.


De nouvelles mesures policières britanniques intrusives
De nouvelles consignes émanant du National Police Chiefs’ Council (NPCC), l’organisme chargé de coordonner la stratégie des forces de l’ordre à travers le Royaume-Uni, soulèvent de vives inquiétudes. Ces directives, publiées dans le cadre de l’enquête sur le décès d’un enfant, autorisent désormais la police à perquisitionner le domicile et les appareils électroniques d’une femme après une fausse couche ou un accouchement prématuré, dans le but de déterminer si elle aurait volontairement mis fin à sa grossesse.
Les forces de l’ordre pourront notamment consulter ses historiques de recherche sur Internet, ses messages privés ou encore ses applications de santé, “telles que les applications de suivi du cycle menstruel et de la fertilité”.
Les directives détaillent également comment la police pourrait contourner l’obligation d’une ordonnance judiciaire pour accéder aux dossiers médicaux détenus par les prestataires du NHS.
NEW: UK police guidance suggests officers search homes for abortion drugs and check phones for menstrual tracking apps after unexpected pregnancy loss@ObserverUK https://t.co/Gegr8nr54e
— Phoebe Davis (@phoebe_ivy) May 18, 2025
Un tollé dans le corps médical
Ces nouvelles mesures ont suscité une vive indignation au sein du monde médical et associatif. Docteure Ranee Thakar, présidente du Royal College of Obstetricians and Gynaecologists (RCOG), dénonce une atteinte directe à la dignité des femmes : “Ces nouvelles directives sont choquantes. Les femmes dans ces circonstances ont droit à des soins compatissants et au respect de leur dignité et de leur vie privée, pas à voir leur domicile, leurs téléphones, ordinateurs et applications de santé fouillés, ni à être arrêtées et interrogées.”
Même tonalité du côté du Docteur Jonathan Lord, coprésident du groupe de travail sur l’avortement du RCOG, qui s’alarme de “la forte augmentation du nombre de femmes faisant l’objet d’enquêtes pour suspicion d’avortement illégal ces dernières années, et surtout par le fait que cela s’étend désormais aux femmes ayant subi une mortinaissance naturelle ou un accouchement prématuré.”
Enfin, Katie Saxon, représentante du principal prestataire d’avortement au Royaume-Uni, BPAS, partage ce constat : “Nous assistons depuis plusieurs années à une recrudescence des enquêtes policières envers les femmes ayant avorté. Mais lire ces recommandations noir sur blanc après des années de critiques sur la manière dont cette loi obsolète est appliquée est bouleversant.”
Elle dénonce également l’opacité du processus d’élaboration de ces directives : “Ces directives du NPCC ont été rédigées alors que des menaces sans précédent pèsent sur les droits à l’avortement dans le monde et que le Parlement s’apprêtait à examiner la dépénalisation de l’avortement. Les rédiger sans débat public ni consultation d’experts montre à quel point le NPCC est déconnecté de la réalité.”
“Ces nouvelles directives sont choquantes. Les femmes dans ces circonstances ont droit à des soins compatissants et au respect de leur dignité et de leur vie privée, pas à voir leur domicile, leurs téléphones, ordinateurs et applications de santé fouillés, ni à être arrêtées et interrogées.” Docteure Ranee Thakar, présidente du Royal College of Obstetricians and Gynaecologists
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