Édition internationale

Royal Ascot 2025 : immersion dans le faste et l’élégance d’une tradition britannique

À une petite heure de Londres, les prairies vertes d’Ascot ont de nouveau vibré au rythme des sabots, des acclamations et des chapeaux exubérants. Du 17 au 21 juin, le Royal Ascot a attiré près de 285.000 spectateurs, entre passionnés de courses, figures de l’aristocratie, curieux venus pour l’expérience, et touristes en quête d’un morceau d’Angleterre hors du temps. Cinq jours de pur théâtre britannique, où l’histoire, la mode et l’adrénaline des paris s’entremêlent avec une précision toute royale.

royal ascotroyal ascot
Le Royal Ascot est un événement hippique britannique réputé pour ses courses prestigieuses et son sens distinctif de la mode.
Écrit par Morat Alizée
Publié le 23 juin 2025, mis à jour le 24 juin 2025

À peine arrivée sur place, on oublie l’autoroute, le train, le XXIᵉ siècle. Ascot, c’est comme franchir un portail invisible vers une Angleterre de carte postale. Partout, des redingotes, des hauts-de-forme, des robes à fleurs ou en satin coloré, et des chapeaux... parfois plus hauts que larges, souvent plus fous que sobres. À certains moments, nous ne savons plus très bien si l’on assiste à une course de chevaux, ou au tournage d’un épisode de La Chronique des Bridgerton.

 

Une histoire tricentenaire et une procession royale inoubliable

Ce rendez-vous annuel remonte à plus de trois siècles. En 1711, la reine Anne découvre ces terres légèrement en pente et décide d’y créer un hippodrome pour que, selon ses mots, « les chevaux puissent y galoper à pleine vitesse ». Depuis, chaque souverain britannique a veillé à faire perdurer cette tradition. Le roi Charles III, malgré les traitements qu’il poursuit pour soigner son cancer, a tenu à assister chaque jour à la manifestation. Fidèle à l’héritage de ses aïeux, il a salué les vainqueurs, participé aux remises de trophées et traversé l’hippodrome dans la célèbre Royal Procession, cet instant solennel qui chaque après-midi, à 14 heures précises, voit défiler les membres de la famille royale dans des calèches tirées par les Windsor Greys. 

Cette année, la procession fêtait ses 200 ans. Elle fut inaugurée en 1825 par le roi George IV, soucieux d’inscrire Ascot dans un protocole aussi majestueux qu’unique. Deux siècles plus tard, l’émotion reste intacte à la vue de cette entrée si cérémonielle, qui précède les premières courses comme un lever de rideau dans un opéra.

Au fil des discussions, on évoque souvent des figures historiques marquantes : Brown Jack, légendaire cheval vainqueur sept fois entre 1928 et 1934, Fred Archer, icône du XIXᵉ siècle, ou encore Helen Vernet, pionnière des femmes bookmakeuses dans les années 1920. Ce mélange d’histoire et de légendes donne à l’événement une profondeur qui fascine autant qu’elle émerveille.

Royal Ascot

Le bal des tenues : une rigueur vestimentaire unique

Au-delà des chevaux, c’est un autre ballet qui capte l’attention : celui des tenues. Le Royal Ascot est régi par un code vestimentaire aussi strict que emblématique. Dans le Royal Enclosure, le plus prestigieux et accessible uniquement sur invitation, les hommes arborent redingotes grises ou noires, gilets couleur pastel, cravates et chapeaux haut-de-forme. Les femmes, quant à elles, rivalisent d’élégance et de créativité dans de longues robes sobres, souvent unies, portées avec des gants et des chapeaux aussi audacieux qu’équilibrés. Un peu plus loin, dans les Queen Anne et Village Enclosures, la fantaisie est permise, bien que toujours cadrée. Les fascinators colorés côtoient les robes à motifs, tandis que dans le Windsor Enclosure, plus populaire, l’ambiance se veut plus détendue : costume clair, chemise soignée et robe estivale suffisent à honorer l’esprit du lieu.

 

Des tenues qui peuvent parfois être…politique

Royal Ascot

Mais la mode, ici, n’est jamais vaine. Elle est parfois même politique. Mardi, deux jeunes femmes ukrainiennes, Anastasia et Maria, ont attiré les regards. Drapées dans des robes rouge et jaune, couronnées de fleurs, elles avançaient lentement parmi la foule. Créés par la styliste Natalia Couture, leurs tenues rendent hommage à leur pays, en guerre depuis plus de deux ans. « Nous vivons toutes les deux à Ascot, mais nous sommes ukrainiennes et nous portons des robes traditionnelles ukrainiennes, » explique Maria. « Nos robes représentent tout ce qui se passe en Ukraine. Nous voulions montrer notre soutien et notre culture. Natalia est très talentueuse et elle nous fait toujours nous démarquer, comme vous pouvez le voir. J’étais assez nerveuse avant de venir car il y avait beaucoup de caméras, mais maintenant je suis très excitée, je veux me promener et voir les chevaux. » Loin d’être anecdotiques, ces choix vestimentaires rappellent que le Royal Ascot, malgré son apparente bulle mondaine, reste un miroir de l’époque.

Au cœur de la compétition : courses, paris et performances

Chaque journée est rythmée par sept courses. Les bookmakers hèlent les parieurs à voix haute, les panneaux à craie affichent les dernières cotes, et l’excitation monte quelques minutes avant chaque départ. Cette année, plus de 10 millions de livres sterling ont été mis en jeu, grâce notamment à l’élargissement du World Pool, système de pari globalisé qui attire de plus en plus d’investisseurs internationaux. Le clou du spectacle reste la Gold Cup, disputée jeudi, remportée par le cheval Trawlerman, qui a pulvérisé le record de l’épreuve avec un temps de 4’15’’02. Son jockey, William Buick, exténué mais rayonnant, a levé le poing en passant la ligne, acclamé par les tribunes en liesse.

Samedi, lors du Queen Elizabeth II Jubilee Stakes, c’est le cheval Lazzat qui a provoqué des sueurs froides. À peine la ligne d’arrivée franchie, le pur-sang a échappé à son cavalier, en galopant seul sur plusieurs centaines de mètres avant d’être stoppé sans blessure. L’image a fait le tour des écrans géants, comme un rappel que, malgré le décorum, l’instinct animal reste souverain. Dans la dernière course du festival, le Queen Alexandra Stakes, la plus longue du programme, le cheval français Sober a triomphé et a déclenché une explosion de joie dans les rangs des supporters venus de l’Hexagone.

 

Une tradition accessible à tous

Les billets varient selon l’enceinte. Pour pénétrer dans le Windsor Enclosure, il faut compter environ 45 £, tandis que les Queen Anne et Village Enclosures affichent des tarifs autour de 75 £. L’accès au Royal Enclosure, lui, ne se vend pas : il se mérite, sur invitation uniquement, après avoir fait ses preuves lors d’années précédentes ou sur recommandation. Mais quel que soit l’endroit d’où l’on observe les courses, chacun semble vivre l’instant avec la même ferveur. Il n’est pas rare de voir un couple âgé parier quelques livres sur un cheval dont le nom leur rappelle leur lune de miel, ou des enfants, tenter de deviner le vainqueur « juste à l’instinct ».

Ce qui fait la magie d’Ascot :  ce mélange rare entre tradition royale, sport de haut niveau, culture populaire et élégance accessible. Le roi Charles, dans son rôle de souverain, mais aussi de passionné, y trouve un théâtre idéal pour unir une nation autour d’un symbole commun. Le public, lui, repart avec des souvenirs intenses : une course gagnée à la dernière seconde, un chapeau commenté par des inconnus, ou un simple moment partagé entre amis dans un décor de carte postale.

À Ascot, chaque foulée de cheval semble raconter un chapitre de l’histoire britannique. Et à voir la foule repartir, talons en main et sourire aux lèvres, on comprend pourquoi, plus de trois siècles après sa création, le Royal Ascot continue d’envoûter.

Pour ceux qui souhaitent vivre cette expérience unique, la billetterie pour le Royal Ascot 2026 est déjà ouverte. Vous pouvez réserver vos places sur le lien officiel. Et n’oubliez pas, préparez bien votre tenue, car à Ascot, mieux vaut ne pas jouer les hors-sujet. La compétition sur la piste est rude, mais celle des chapeaux l’est tout autant !

 

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.