Il était attendu et nous a offert pas mal de surprises. À l’issue du 37e sommet franco-britannique à Londres, la France et le Royaume-Uni ont officialisé une relance ambitieuse de leur partenariat stratégique. Baptisée Lancaster House 2.0, le nouveau projet marque une intensification de la coopération nucléaire, militaire, énergétique et diplomatique. Les deux pays souhaitent parler d’une seule voix sur la scène internationale : “Nos deux nations, en tant que puissances nucléaires européennes, jouent pleinement leur rôle dans la défense commune”, ont affirmé Emmanuel Macron et Rishi Keir Starmer.
Ce 37e sommet marque une relance stratégique bilatérale. Pour l’occasion, à Downing Street, le président de la République française, Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique, Keir Starmer, ont renouvelé leur engagement commun dans des domaines cruciaux : sécurité, défense, politique étrangère, et énergie. Il marque un tournant avec l’adoption de la nouvelle déclaration dite Lancaster House 2.0, un approfondissement historique du Lancaster House de 2010 qui vise à renforcer une alliance stratégique bilatérale qui demeure “un pilier de la stabilité européenne.”
Paris et Londres face à un monde en crise
Le cœur de cette relance repose sur la coopération nucléaire stratégique sans précédent. Dans une déclaration conjointe, les deux pays réaffirment “leur engagement résolu et de longue date à la coopération nucléaire”. Cette volonté de travailler ensemble dans un domaine aussi sensible est selon les deux dirigeants : “la démonstration la plus forte de la solidité et de l’importance de notre relation bilatérale”.
Avec le Royaume-Uni, nous avons pris des décisions fondamentales pour notre défense. pic.twitter.com/OUFkPyRarZ
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) July 10, 2025
Malgré tout, chaque dirigeant insiste sur le caractère indépendant de leurs forces de dissuasion, mais les deux nations soulignent qu’elles peuvent être coordonnées et qu’elles “contribuent significativement à la sécurité globale de l’Alliance, et à la paix et la stabilité de la zone euro-atlantique”.
Un groupe de pilotage pour renforcer la coordination nucléaire
Le fait marquant de la déclaration est sûrement l'instauration d’un groupe de pilotage nucléaire franco-britannique qui assurera une coordination politique renforcée sur les questions opérationnelles. La structure vise à garantir que “nos deux nations, en tant que puissances nucléaires européennes, jouent pleinement leur rôle dans la défense commune" soutient Emmanuel Macron. Côté britannique, le gouvernement a souligné que “bien que nos forces nucléaires soient indépendantes, elles peuvent être coordonnées pour contribuer à la défense de nos alliés européens et de l’OTAN”.
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Le point face aux crises : Ukraine, Iran et sécurité
La nouvelle déclaration reflète également une ambition géopolitique commune. Les deux pays souhaitent dorénavant afficher une unité face à l’agression russe contre l’Ukraine. “Nous sommes déterminés à faire en sorte que la Russie ne l’emporte pas dans sa guerre illégale”, affirme la déclaration commune. Ils annoncent la convocation d’une Coalition of the Willing pour la sécurité à long terme de l’Ukraine, la mise en place d’une force de réassurance post-conflit, et le lancement d’un partenariat contre la “flotte fantôme” russe afin de renforcer la sécurité maritime en Manche.
La question iranienne est également abordée : “Nous réaffirmons notre détermination pour qu’Iran ne puisse jamais acquérir l’arme nucléaire”. Londres et Paris poursuivront leur travail commun dans le cadre E3 avec l’Allemagne, et aux côtés des États-Unis, pour s’assurer qu’un accord robuste soit obtenu et appliqué. Sur le plan militaire, la création d’une Combined Joint Force a été établie, dans l’optique de se préparer aux guerres conventionnelles à grande échelle, “un retour que nous ne pouvons ignorer”, selon les deux gouvernements.
La lutte contre les menaces hybrides, notamment la cybercriminalité et la désinformation, figure aussi dans la déclaration : “Nous approfondirons notre coopération sur les questions cyber pour faire face à l’usage irresponsable des technologies de piratage”. Une attention particulière est portée à l’IA, aux technologies émergentes, et à la lutte contre le terrorisme, notamment en Syrie.
Le projet pilote sur les flux migratoires
La question brûlante de l’immigration irrégulière a aussi été posée : un projet pilote prévoit des réadmissions vers la France de migrants ayant traversé illégalement la Manche en contrepartie d’un nombre équivalent d’admissions légales au Royaume-Uni. Cet accord, qualifié “d’innovant” par les deux parties, doit encore passer l’examen juridique mais “marque une évolution dans la lutte contre les réseaux de passeurs.”
Alliance énergétique : entre investissements croisés et souveraineté
Sur le volet énergétique, la France et le Royaume-Uni cherchent à sécuriser l’approvisionnement en soutenant la transition vers le net zéro. Le gouvernement français et EDF confirment une prise de participation dans le projet britannique Sizewell C, pendant que Londres annonce une contribution à hauteur de 5 milliards de livres via Bpifrance. “Nous réaffirmons notre volonté de diversifier les chaînes d’approvisionnement nucléaires civiles, en particulier vis-à-vis de la Russie” affiche la déclaration.
Culture et sport, le symbole d’une relation d’exception
Une touche symbolique vient couronner le rapprochement : l’annonce du prêt de la Tapisserie de Bayeux au British Museum en 2026, et du Trésor de Sutton Hoo pour des expositions en Normandie, dans le cadre de l’Année européenne des Normands en 2027. “Ces échanges rappellent les liens profonds, passés, présents et futurs entre nos deux nations”, ont salué les deux dirigeants. Par ailleurs, le Grand Départ du Tour de France 2027 aura lieu depuis le Royaume-Uni, soulignant les synergies populaires et sportives de cette relance.
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