Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Postiers, dockers, cheminots, avocats : au Royaume-Uni, la colère monte

Les grèves se multiplient au Royaume-UniLes grèves se multiplient au Royaume-Uni
Magnus Hagdorn - Attribution-ShareAlike 2.0 Generic - Flickr
Écrit par Colin Porhel
Publié le 22 août 2022, mis à jour le 22 août 2022

Face à l’inflation grandissante, des milliers de travailleurs tentent de faire entendre leur voix par le biais de grèves massives. Avec, en ligne de mire, une augmentation significative des salaires destinée à combler une perte du pouvoir d’achat.

 

La grève, apanage des Français ? À en croire la contestation sociale émaillant le Royaume-Uni depuis le début de l’été, les Britanniques ne semblent pas en reste. Avocats, postiers, cheminots, éboueurs, mais aussi manutentionnaires : face à l’inflation, qui a dépassé les 10% en juillet, des milliers de Britanniques manifestent dans le but d’obtenir une revalorisation salariale. Derniers travailleurs en date, les salariés du port de Feliwtowe, qui traitent près de quatre millions de conteneurs par an, ont entamé dimanche une grève de huit jours. Près de 1 900 membres du syndicat Unite ont ainsi cessé de travailler, une première depuis plus de trente ans.

 

Une contestation rare par son ampleur, alors que le métro londonien était quasiment à l’arrêt ce week-end. « Ce qui est historique dans ce mouvement, ce sont les secteurs en grève », explique à FranceInfo Marc Lenormand, maître de conférences à l’Université Paul Valéry et spécialiste des mouvements sociaux britanniques. « Au cours des trente dernières années, les principales grèves au Royaume-Uni ont surtout touché le secteur public, principalement contre les politiques d'austérité (…). Ce qui est particulier aujourd'hui, c'est de voir des secteurs privés, parfois industriels, en grève, ce qui n'a pas été le cas selon les secteurs depuis vingt, trente, voire quarante ans », ajoute-t-il.

 

Vers une rentrée sous haute tension ?

Conséquence directe de la guerre en Ukraine, les exportations de céréales ont fortement diminuées, provoquant ainsi une hausse des prix pour le consommateur. Le coût du panier annuel moyen a augmenté de £454, tandis que des millions de Britanniques pourraient ne pas pouvoir payer leur facture d’énergie cet hiver, selon les experts. À partir du mois d’octobre, les plafonds des prix de l’énergie, soit le montant maximum que les fournisseurs peuvent facturer à leurs clients, augmenteront fortement. L’inflation devrait également atteindre les 13% d’ici à la fin de l’année, d’après les estimations de la Banque d’Angleterre.

 

Une situation qui pousse les syndicats à poursuivre la contestation, alors que le gouvernement est critiqué pour son manque de réponse. « Les travailleurs britanniques sont largement sous-payés », s’est justifié Mick Lynch, secrétaire général du syndicat RMT, ajoutant que le mouvement n’en est qu’à ses prémices et pourrait s’étendre « à tous les secteurs de l’économie » dans les prochaines semaines. De son côté, Liz Truss, donnée favorite pour succéder à Boris Johnson, a assuré qu’elle « ne laissera pas » le pays « être pris en otage par des syndicalistes militants ».