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La police londonienne sexiste, raciste et homophobe selon un rapport indépendant

Metropolitan Police rapport CaseyMetropolitan Police rapport Casey
Écrit par Sophie Sager
Publié le 22 mars 2023, mis à jour le 22 mars 2023

Louise Casey, membre de la Chambre des Lords du Royaume-Uni, a publié ce mardi 21 mars 2023 un rapport accablant faisant état de violences policières au sein du Metropolitan Police Service, le réseau de police du grand Londres.

 

Un rapport indépendant de plus de 360 pages, publié par Louise Casey ce mardi 21 mars, établit un triste bilan. Les forces de l’ordre de Londres y sont accusées, depuis ces dix dernières années, de ne pas protéger le public face à leurs propres membres. 1633 affaires d’agressions sexuelles et de violences domestiques impliquant plus de 1000 officiers de la police britannique, lors de ces dix dernières années, vont être réexaminées selon la police londonienne.

 

 

Un rapport indépendant commissioné après le meurtre de Sarah Everard

En mars 2021, l’implication d’un policier britannique dans le meurtre de Sarah Everard, 33 ans, tuée alors qu’elle rentrait chez elle à pieds, avait suscité un vif émoi au Royaume-Uni. Quelques mois plus tard, le policier en question, Wayne Couzens, avait été jugé coupable de son meurtre et condamné à la prison à perpétuitié.

 

 

L’histoire avait mis en lumière les violences policières au Royaume-Uni en permettant un afflux de témoignages de femmes victimes sur les réseaux sociaux. Ce crime a été vu par beaucoup comme un nouveau coup de massue. Si on ne peut plus compter sur la police pour nous protéger, sur qui pouvons-nous compter ? Boris Johnson avait d’ailleurs appelé à un “changement culturel”. 

 

Suite à ce meurtre, un rapport indépendant commissioné pour enquêter au sujet des violences policières a été confié à Louise Casey. Ce n’est autre que Sadik Khan, le maire de Londres, qui avait alors demandé la gestion de l’ enquête ainsi que la conduite de ce rapport.

 

 

Les violences policières ne sont pas nouvelles 

Ce n’est pas la première fois que l’on entend parler de violences policières dans le monde, et le Royaume-Uni n’y échappe pas. En février 2023, lepetitjournal.com publiait une enquête sur le sexisme au sein de la police britannique. Des discriminations jugées “endémiques” au sein de la police témoignent d’un problème systémique auquel la société doit faire face. 

 

En 2021 encore, la loi Police, Crime, Sentencing and Courts avait provoqué des inquiétudes sérieuses au sein des associations féministes, antiracistes et des travailleurs sociaux, redoutant de nombreuses dérives de la part de la police. 

 

 

En bref, les violences policières évoquées dans ce rapport ne datent pas d’hier et se sont d’ailleurs bien installées dans la société britannique depuis plus de 10 ans. 

 

Les conclusions accablantes de Louise Casey sur le sexisme dans la police londonienne

Le rapport de Louise Casey, publié mardi 21 mars 2023, expose comment certaines preuves dans plusieurs affaires de viols, n’ont pu être exploitées à cause de manipulations policières. Des prélèvements d’urine et de sang n’ont, par exemple, jamais pu être analysés car placés dans des réfrigérateurs surchargés ou en panne. Le rapport évoque également des réfrigérateurs fermés à l’aide de chaînes. Actes volontaires ou manque de moyens, il est difficile de trancher. Toujours est-il qu’un véritable problème subsiste au sein de la police de la ville, au détriment des populations minoritaires, agressées et victimes. 

Le même document évoque du “personnel inexpérimenté” s’occupant des cas de protection de la petite enfance, des viols et délits sexuels graves. Le cas de Sarah Everard n’étant bien sûr pas isolé, Louise Casey rappelle que le chef de la police, Cressida Dick, avait démissionné sous pression début 2022.

 

 

 

D’autres histoires accablantes ne viennent pas arranger la réputation de la police londonienne. David Carrick, policier au Royaume-Uni, avait plaidé coupable de 24 viols et de multiples agressions sexuelles entre 2003 et 2020. Sa fonction de policier lui donnait un passe-droit et une immunité lui permettant d’agresser sexuellement ses victimes. 

 

Le racisme et l’homophobie, des discriminations bien présentes au sein du Metropolitan Police Service

L’homophobie est également présente au sein des rangs des officiers de police londonien. Le rapport établit que 19% de tous les gays, lesbiennes et bisexuels sondés ont directement été confrontés à de la discrimination par la police. Parmi ceux-ci, 14% disent que cela arrive une fois par semaine. De plus, plus de la moitié de la communauté LGBTQIA+ londonienne n’a pas confiance en sa police pour traiter les personnes de manière égale et juste.

 

Le racisme est lui aussi systémique au sein même de l’institution policière. Tous les ans, depuis 10 ans, les officiers de police racisés et provenant de minorités ethniques quittent les rangs du Met à un rythme beaucoup plus rapide que leurs collègues blancs. Notons aussi que les officiers de police londoniens sont à 82% des hommes et à 71% des personnes blanches. Rappelons que la population londonienne est blanche à 54%. Louise Casey évoque clairement l’existence de racisme au sein de la police de Londres et explique que personne n’y prête réellement attention. 

 

 

Sadik Khan, le maire de Londres, investigateur de ce rapport a publié un communiqué sur son compte Twitter, à la date de sortie du rapport. “Les preuves sont accablantes. La baronne Casey a trouvé du racisme institutionnel, de la misogynie et de l'homophobie, ce que j'accepte. Elle a décrit le Met comme étant sur la défensive, résistant au changement et peu enclin à s'engager avec les communautés.” dit-il. 

 

Un compte Twitter “Baroness Casey Review”, entièrement dédié à ce rapport, a été ouvert le 21 mars 2023. Il fait état des standards de comportement et de culture au sein même de la police londonienne. 

 

Les recommandations du rapport sur les violences policières au Royaume-Uni

La “Met Police” surnom du Metropolitan Police Service, réseau s’occupant du grand Londres, a annoncé que 1633 affaires d’agressions sexuelles ou de violences domestiques présumées, impliquant des agents de police depuis ces dix dernières années, allaient être réouvertes. Louise Casey ayant indiqué ne pas pouvoir être certaine que les cas Wayne Couzens et David Carrick soient isolés, ces nouvelles examinations de dossiers permettront sûrement d’en découvrir d’autres.

 

Louise Casey annonce qu’un “changement fondamental” est nécessaire afin de stopper les violences systémiques. Une prise de conscience générale au sein de la police ainsi qu’une prise au sérieux des femmes et filles victimes est fondamentale. “Je suis tombée face à une organisation qui ne respecte pas sa mission principale” dit Louise Casey. Elle ajoute qu’il est temps que la population britannique puisse à nouveau faire confiance à la police afin que celle-ci respecte les propres règles qu’elle impose aux citoyens. 

 

 

Plusieurs personnes ont d’ailleurs tweeté en évoquant leur volonté de démantèlement total de la police londonienne. 

 

Sadik Khan tente de rassurer les Londoniens

Dans son communiqué, le maire de Londres rassure: “Je tiens à assurer aux Londoniens que je soutiendrai sans faille le nouveau commissaire et que je lui demanderai de rendre des comptes alors qu'il s'emploie à réformer la police. La police de Londres compte de nombreux policiers et membres du personnel engagés et qui souhaitent participer à ce changement. Je considère la réforme de la police comme un élément essentiel de mon mandat de maire de la ville de Londres et je ne serai pas satisfait tant que les Londoniens n'auront pas le service de police qu'ils méritent - un service qui soit digne de confiance, représentatif et qui fournisse le meilleur service possible à chaque communauté de notre ville, alors que nous travaillons à construire un Londres plus sûr pour tout le monde.”