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Enquête : la police britannique est-elle sexiste ? 

Un sexisme jugé “endémique” au sein de la police britannique. C’est du moins ce que reprochent 25 femmes à l’institution. Décryptage. Un sexisme jugé “endémique” au sein de la police britannique. C’est du moins ce que reprochent 25 femmes à l’institution. Décryptage. 
Écrit par Anne-Claire Voss
Publié le 28 février 2023, mis à jour le 28 février 2023

Un sexisme jugé “endémique” au sein de la police britannique. C’est du moins ce que reprochent 25 femmes à l’institution. Décryptage. 

 

Fait divers au Royaume-Uni. Une enquête publique a révélé plusieurs méthodes des agents d'infiltration de la police britannique. Parmi elles : des relations sexuelles avec des femmes. Rapports utiles pour la sécurité publique ou abus ? L’avocate britannique, Charlotte Kilroy KC - défendant 25 présumées victimes - déplore une culture sexiste “endémique”

 

Quatre décennies d’espionnages révélés

L'enquête publique, dirigée par le juge à la retraite Sir John Mitting, examine les activités de 139 agents d'infiltration qui ont espionné plus de 1.000 groupes majoritairement de gauche pendant quatre décennies.

 

Lors d'opérations secrètes qui ont débuté en 1968, les officiers ont été envoyés pour une durée d’environ quatre ans, afin d’infiltrer les groupes et recueillir des informations sur les groupes militants. Cette semaine du 20 février, l’enquête finalise sa première phase de travaux - centrée sur les déploiements secrets entre 1968 et 1982.

 

Au cours de cette période, des agents d'infiltration ont fréquemment entamé des relations sexuelles avec des femmes - sans révéler leurs identités. Selon le média britannique The Guardian, un officier de la Special Demonstration Squad, l'unité secrète qui a infiltré les groupes politiques, a déclaré que ses collègues avaient fait des blagues "grossières et offensantes" sur ces femmes. L'officier Graham Coates a, de son côté, précisé que les blagues et les plaisanteries avaient été dites en présence de managers qui étaient au courant des relations - non obligatoires. Ceux-ci auraient délibérément fermé les yeux.

 

Selon l’enquête publique, au minimum trois policiers ont eu des enfants sous couverture.

 

Les actes des policiers, accusés de sexisme 

L’avocate Charlotte Kilroy KC décrit une misogynie “enracinée” et un culte de la masculinité envahissant les forces de police, soit du sexisme institutionnel. 

 

Elle affirme que "les femmes étaient utilisées avec désinvolture par les agents d'infiltration en fonction de leurs préférences personnelles... pour se mettre à couvert, avoir accès ou obtenir des informations”.

 

Établissant des parallèles avec des scandales récents, l’avocate conclut : “la misogynie endémique dans la police métropolitaine (...) doit être éradiquée pour la sécurité publique. Comme l'ont montré les crimes de David Carrick (NDLR : ex-policier et violeur en série) et de Wayne Couzens (NDLR : ex-policier meurtrier) ces attitudes et la tolérance qu'elles suscitent au sein du MPS ont des conséquences horribles pour les femmes.”


Toujours selon The Guardian, Charlotte Kilroy KC a aussi souligné un rapport d'un groupe de réflexion, le Policy Studies Institute, commandé par Scotland Yard (NDLR : quartier général du Metropolitan Police Service de Londres) en 1983. L’objectif : observer des officiers du Met pendant deux ans. Ce dernier démontre, selon elle, que la police métropolitaine était "dominée par un" culte de la masculinité "glorifiant la violence et le courage physique masculin, mettant fortement l'accent sur l'alcool comme test de virilité et impliquant un dénigrement et une sexualisation extrêmes des femmes, y compris des policières".