Après une édition avec un bilan en demi-teinte en Égypte l’an passé, les pays signataires de la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) se réunissent à nouveau cette année, cette fois-ci aux Émirats Arabes Unis. Le roi Charles III, Rishi Sunak et David Cameron seront présents afin de faire part des revendications et observations du Royaume-Uni sur la question du changement climatique.
Les Emirats Arabes Unis espèrent accueillir le plus grand bilan global sur l’action climatique pour la COP28
La COP28 se tient du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï aux Emirats Arabes Unis, présidée par le sultan émirati Ahmad Al-Jaber. Comme tous les ans depuis la signature de la Convention-Cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques en 1992, les pays signataires se réunissent afin de discuter de la coopération globale en matière de prévention du dérèglement climatique.
En 2022, la Conférence des Parties (COP27) était organisée par l’Égypte dans la ville de Charm-el-Cheikh. Après treize jours de discussions et de débats, les participants s’étaient accordés sur la nécessité de se concentrer davantage sur l’adaptation des populations au changement climatique. La conférence avait également permis aux États-parties de s’engager sur la création d’un fonds de prise en charge des pertes et dommages causés par le réchauffement climatique, destiné aux pays les plus démunis.
Pour cette année, les Parties souhaitent réaliser le premier “bilan global” depuis la signature des Accords de Paris, en 2015. Pour rappel, les signataires s’étaient accordés sur la nécessité de maintenir l'augmentation des températures moyennes mondiales à un niveau inférieur à 2˚C par rapport aux niveaux préindustriels, et de faire tout ce qui est en leur possession pour limiter cette augmentation à 1,5˚C
Outre le bilan de la situation depuis 2015, la COP28 abordera des thèmes comme l’innovation et la technologie, l’accès à l’eau, la santé, l’agriculture et l’éducation. Un regard particulièrement attentif sera porté sur le pays d’accueil de la COP28, dont l’activité pétrolière intensive responsable de nombreuses émissions de CO2 fait l’objet d’importantes critiques.
Le roi Charles III et le Premier ministre britannique parmi les personnalités les plus attendues de la COP28
Le service de communication de Buckingham Palace a annoncé la venue du roi Charles III à Dubaï du 30 novembre au 1er décembre 2023. Le souverain britannique y rencontrera le président des Emirats Arabes Unis puis délivrera un discours devant les chefs d’Etat et autres participants du sommet lors de la cérémonie d’ouverture de la COP28.
Crédit Andrew Parsons / No 10 Downing Street
Ce déplacement s’effectue dans le sillage d’un long engagement de Charles III dans la lutte pour la protection de l’environnement. Dans un communiqué de presse paru le 29 novembre 2023, les porte-parole du roi déclaraient : “Depuis plus de 50 ans, le roi plaide en faveur d'un avenir durable. Sa Majesté est convaincue que chacun a un rôle à jouer pour relever les défis environnementaux les plus complexes auxquels notre monde est confronté.”
“Des chefs d'État aux jeunes gens, et des chefs d'entreprise aux projets communautaires locaux, la capacité unique du roi à rassembler les gens s'est avérée un moyen puissant d'inspirer des solutions et de motiver les personnes et les organisations à tous les niveaux et dans le monde entier”, indique Buckingham Palace. Le roi défendra donc une écologie multi-échelles à Dubaï.
Rishi Sunak attendu au tournant après ses annonces sur le recul des objectifs de neutralité carbone au Royaume-Uni
2023 est le symbole d’un grand pas en arrière pour les militants de la lutte contre le dérèglement climatique au Royaume-Uni. En septembre, le Premier-Ministre annonçait le recul de cinq ans de l’échéance fixée à la fin de la vente et de l’achat de voitures et d’utilitaires roulant à l’essence et au diesel, passant de 2030 à 2035. À cette mesure s'ajoute un délai supplémentaire accordé au remplacement des chaudières à gaz chez les particuliers.
Nouvelles annonces de Rishi Sunak sur le climat au Royaume-Uni, en arrière toute ?
Perçu par de nombreux commentateurs politiques comme sceptique vis-à-vis de l’urgence à traiter le dérèglement climatique, Rishi Sunak abordera sans doute cette COP avec le besoin d’améliorer sa réputation sur la question. Si le Royaume-Uni n’a toujours pas engagé de somme destinée au fonds de prise en charge des pertes et dommages introduit lors de la COP27, le gouvernement indique y travailler.
We're changing the way we reach Net Zero by 2050 to ease the burden on working people.
— Rishi Sunak (@RishiSunak) September 20, 2023
Our new approach will be pragmatic, proportionate and realistic.
Here’s how 👇 pic.twitter.com/RIY35Gia4Q
En attendant, le Premier Ministre et ses collaborateurs ont annoncé un projet de protection de la nature et des paysages britanniques quelques jours avant le début de la COP28.
“Le gouvernement annonce 34 nouveaux projets de réhabilitation des paysages dans toute l'Angleterre. Ces projets couvriront plus de 200 000 hectares de terres, y compris des bois, des forêts tropicales et une production alimentaire durable, en s'appuyant sur les 22 projets de réhabilitation des paysages déjà en cours qui visent à restaurer plus de 600 km de rivières et à protéger et fournir des habitats à au moins 263 espèces.”, souligne le Ministère de l'Environnement, de l'Alimentation et des Affaires rurales.
“Ces projets s'inscrivent dans le cadre des nouveaux programmes agricoles du gouvernement, qui remplacent la politique agricole commune bureaucratique de l'UE.”
Un déplacement des officiels britanniques qui suscite déjà la polémique
Avant même le début de la COP28, les déplacements de Charles III, Rishi Sunak et David Cameron étaient déjà l’objet de débats et de critiques.
Déjà éloignés idéologiquement, les trois hommes feront voyage à part. Trois jets privés différents emmèneront en effet les représentants de la Grande-Bretagne vers les Emirats Arabes Unis, alors que le kérosène est souvent pointé du doigt comme étant en partie responsable du réchauffement climatique. Au-delà du coût écologique de ces voyages, le coût financier qui s’impose aux contribuables britanniques est également dénoncé.
Crédit Simon Dawson / No 10 Downing Street
D’après la porte-parole des Liberal Democrats, Wera Hobhouse, cela “envoie de mauvais signaux concernant les engagements du Royaume-Uni en matière de climat".
Seule la participation de la Grande-Bretagne aux négociations lors de la COP28 nous indiquera le nouveau rôle brigué par le gouvernement de Rishi Sunak dans la coopération internationale pour la lutte contre le changement climatique.