Édition internationale

L’Union Européenne et le Royaume-Uni concluent un accord exclusif

Après plusieurs jours de négociations intenses, le Royaume-Uni et l’Union européenne ont conclu un nouvel accord majeur qui vise à relancer leur coopération post-Brexit. Au centre de cette entente : un compromis très controversé sur les droits de pêche, qui alimente déjà de vifs débats au sein de la classe politique britannique et dans les milieux économiques concernés.

Accords UE et RUAccords UE et RU
Keir Starmer et Ursula Von der Layen ont conclut plusieurs accords, une première depuis le Brexit
Écrit par Morat Alizée
Publié le 19 mai 2025

Près de quatre ans après le Brexit, Londres et Bruxelles amorcent un nouveau chapitre de leur relation, marqué par un apaisement progressif. Selon la BBC, le Royaume-Uni et l’Union européenne sont parvenus ce lundi 19 mai à un accord sur les quotas de pêche pour l’année 2025, une étape symbolique dans un dossier hautement conflictuel depuis la sortie britannique de l’UE. Ce compromis permet de fixer conjointement les quantités autorisées dans leurs eaux respectives, ce qui évite ainsi de nouvelles tensions entre pêcheurs britanniques et européens. Parallèlement, Bruxelles propose d’assouplir les conditions d’entrée sur le territoire britannique pour les jeunes Européens de moins de 30 ans, via un accord bilatéral de mobilité. Autant de signes d’un réchauffement diplomatique, sur fond de relations commerciales à reconstruire.

 

Un accord de pêche sur 12 ans qui fait des vagues

Au centre de cette entente : un accord sur la pêche valable jusqu’en 2038, qui prolonge le statu quo en autorisant les navires européens à continuer d’accéder aux eaux britanniques. Il met fin aux négociations annuelles instaurées après le Brexit, au profit d’un cadre stable de 12 ans, salué par Bruxelles comme un levier pour l’investissement dans le secteur.

En échange, Londres obtient des concessions majeures sur les contrôles sanitaires et phytosanitaires (SPS), simplifiant considérablement les exportations agroalimentaires britanniques vers l’Union, un soulagement pour les entreprises du secteur.

Mais cette concession sur la pêche provoque déjà une levée de boucliers. Elspeth Macdonald, présidente de la Scottish Fishermen's Federation, a qualifié l’accord de "capitulation totale". « Les Européens conserveront une part bien trop importante des ressources. C’est désastreux pour la flotte écossaise », a-t-elle déclaré le matin du 19 mai sur la BBC.

Des avancées majeures sur la mobilité, la défense et la vie quotidienne

L’accord de Lancaster House va bien au-delà de la pêche. Il prévoit la création d’un programme de mobilité pour les jeunes Européens de 18 à 30 ans, en cours de finalisation, l’accès des Britanniques aux e-Gates dans les aéroports européens, dès l’été 2025, une feuille de route commune sur la défense, incluant la possibilité pour le Royaume-Uni de participer aux fonds européens de développement sécuritaire et des négociations pour un futur accord vétérinaire, visant à fluidifier davantage les échanges alimentaires. Keir Starmer a déclaré que ces accords ont été conclus en moins de six mois, une rapidité qu’il a soulignée comme un changement de méthode face aux blocages précédents.

Une tempête politique à Westminster

La classe politique britannique est profondément divisée. Kemi Badenoch, cheffe du Parti conservateur, s’est dite "abasourdie" par les accords conclus : « C’est une trahison de la promesse du Brexit, un abandon total sur la pêche. » Elle a toutefois salué la réintroduction des e-Gates pour les vacanciers britanniques dans l’UE, une mesure qui met fin aux longues files d’attente aux frontières. Nigel Farage, leader de Reform UK, y voit "la fin de l’industrie de la pêche britannique", et Richard Tice, son bras droit, a promis de "déchirer cet accord" en cas de victoire électorale.

 

Commentaires