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Peut-on encore imaginer le retour du prince Harry dans la famille royale ?

Au lendemain de sa défaite judiciaire sur la question de sa sécurité au Royaume-Uni, le prince Harry a réaffirmé son souhait de “réconciliation” avec la famille royale. Mais qu’en est-il réellement ? Entre ruptures profondes, exil californien et révélations médiatiques, un retour dans le giron des Windsor est-il encore envisageable ? Pour y voir plus clair, Lepetitjournal.com est allé à la rencontre de Marc Roche, spécialiste de la monarchie britannique.

Prince Harry retourPrince Harry retour
Écrit par Hermine Pinoteau
Publié le 15 mai 2025, mis à jour le 16 mai 2025

 

Le vendredi 2 mai, au lendemain de sa défaite judiciaire face au ministère de l’Intérieur britannique concernant sa sécurité au Royaume-Uni, le prince Harry s’est exprimé au micro de la BBC. Interrogé sur ses relations actuelles avec la famille royale, il a confié que “certains membres de la famille ne pardonneront jamais”, tout en affirmant espérer “une réconciliation”, car “la vie est trop courte pour rester dans le conflit permanent”.

 

Mais qu’en est-il réellement ? Un retour du prince Harry dans le giron des Windsor est-il encore envisageable ? Pour tenter d’y voir plus clair, Lepetitjournal.com de Londres est allé à la rencontre de Marc Roche, expert de la monarchie britannique et auteur de plusieurs ouvrages de référence sur la Couronne.  

 

Le prince Harry fixé vendredi sur son recours concernant sa sécurité au Royaume-Uni

 

 

Le Megxit a-t-il marqué un point de non-retour ?

 

Pour Marc Roche, le départ retentissant des Sussex a sans doute été “une bonne chose”, tant pour le couple princier que pour la monarchie britannique.

 

“Le prince Harry était cinquième dans l’ordre de succession. Or, le roi Charles III, à la suite d’Elizabeth II, a décidé de recentrer la monarchie sur les principaux héritiers de la Couronne : le prince William, Kate et leurs enfants. Aux côtés du souverain, seules quelques figures comme la princesse Anne, le prince Edward et son épouse Sophie restent mises en avant.”

 

Dans ce contexte, il y avait peu de place pour Harry et encore moins pour Meghan “qui n’aurait jamais accepté un rôle secondaire ou purement symbolique.”

 

Cependant, leur départ a aussi été une lourde perte pour la monarchie, selon Marc Roche : “Meghan reflétait une forme de diversité, le grand point faible des Windsor, qui incarnent l’Angleterre d’autrefois : blanche, anglo-saxonne, protestante et repliée sur elle-même.”

 

Press Megxit

 

Quelle stratégie médiatique pour les Sussex ?

 

Tout d’abord, Marc Roche distingue clairement les révélations du prince Harry et celles de Meghan Markle : “Aux yeux de la monarchie, seuls les propos de Harry comptent vraiment. Meghan est considérée comme une figure extérieure, alors que lui est un prince de sang.”

 

Et pour l’expert, il ne s’agit pas d’une stratégie de communication méticuleusement élaborée : “Harry est impulsif, il agit sous l’émotion, sans toujours mesurer les conséquences. Ce n’est pas un plan réfléchi, mais une succession de provocations qui ont fini par forger son image de contre-pouvoir.”

 

Entre volonté d’émancipation et dépendance médiatique

 

Alors que les Sussex clament depuis des années leur volonté d’indépendance, ils ne cessent de capitaliser sur leur passé royal, un paradoxe que Marc Roche explique par “l’influence néfaste de Meghan” : “Ils ont adopté une stratégie commerciale typiquement californienne, où chaque apparition doit être rentable et chaque intervention médiatisée.”

 

Installés aux États-Unis, ils doivent assurer leur train de vie et leur sécurité. Pour cela, “ils utilisent naturellement leurs connexions royales, ce qu’ils ont de plus vendeur. Meghan reste une actrice de second plan. Les principaux atouts de Harry sont son statut de prince, son passé militaire et la création des Invictus Games. Mais en dehors de leur identité royale, ils n’auraient pas cette visibilité. Mais j’estime que c’est de bonne guerre : ils tirent profit de ce qu’ils incarnent.”

 

La bataille judiciaire du prince Harry sur sa sécurité : une erreur stratégique ?

 

La tentative du prince Harry de faire financer sa sécurité au Royaume-Uni est jugée sévèrement par Marc Roche : “C’est une erreur majeure et coûteuse. Elle révèle un aveuglement sur la situation économique du pays, et un certain sentiment de supériorité : il réclame un privilège auquel il a renoncé en quittant ses fonctions royales.”

 

 

Le prince Harry souhaite-t-il réellement une “réconciliation” ?

 

Derrière les appels à l’apaisement du prince, Marc Roche décèle une profonde solitude : “La vie californienne, qui est celle de sa femme, ne lui convient pas. Il a perdu ses amis de l’armée, de l'aristocratie. Il est nostalgique des liens personnels qu’il entretenait au sein de la famille royale.” 

 

Quels obstacles à un retour au sein de la famille royale ? 

 

Pour Marc Roche, une réconciliation paraît aujourd'hui “impensable”, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le prince William “rancunier, colérique et très attaché à sa légitimité”, a non seulement été profondément blessé par les révélations de Harry dans son autobiographie, mais “il n’a pas digéré les critiques de son frère à son égard, ni le fait qu’il ait ignoré ses avertissements sur Meghan”, comme le formule Marc Roche, “l’hostilité du futur roi est très ancrée.”

 

Kate Middleton, bien qu’attachée à Harry, “n’entend pas non plus le retour de Meghan, avec qui elle a très mal vécu la rivalité médiatique.” Le dernier obstacle au retour du prince Harry est la reine Camilla elle-même. “Harry l’a tout de même traitée de méchante belle-mère, manipulatrice, qui aurait utilisé la presse pour le discréditer, des accusations très graves...”

 

“Harry s’est mis à dos les piliers de la famille royale. Une réconciliation semble donc impossible. La seule issue possible serait un divorce avec Meghan. Il pourrait alors être ‘pardonné’ en rejetant la faute sur son ex-épouse.”

 

Piliers famille royale britannique

 

Et l’opinion publique britannique ?

 

Pour Marc Roche, cela ne fait pas l’ombre d’un doute, “les Britanniques ont tourné la page. Le cancer du roi Charles et celui de Kate ont propulsé la royauté, un regain de popularité qui dépasse même celui de la reine Elizabeth II.”

 

“Pour eux, le prince Harry appartient aux pages people des magazines et des journaux, son retour n’est pas souhaité tant qu’il est marié à Meghan, haïe au Royaume-Uni. Il reste populaire dans la mesure où il est considéré comme une victime de son épouse.”

 

Mais malgré les tensions, “le prince Harry reste un prince de sang, un héritier de la Couronne et le frère d’un futur roi. Il est toujours attendu pour ses révélations sur sa jeunesse, sa mère ou la monarchie. Il aura toujours une place sur la scène médiatique !”

 

Retrouvez le dernier ouvrage de Marc Roche, Les Borgia à Buckingham, publié chez Albin Michel

 

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