Le Royaume-Uni tente une nouvelle stratégie ambitieuse : réduire les violences faites aux femmes et aux filles (VAWG) en formant les enseignants à repérer les premiers signes de misogynie chez les garçons dès dix ans. Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, a annoncé que le gouvernement allait tout faire pour aider les professeurs à repérer les comportements suspects et ce, dès les prochains mois.


“Chaque parent devrait pouvoir avoir la certitude que sa fille est en sécurité, à l’école, en ligne et dans ses relations.” Le Premier ministre britannique, Keir Starmer, rappelle une évidence trop souvent trahie. La violence envers les femmes et les filles n’est pas un phénomène soudain au Royaume-Uni. Alors, l’exécutif britannique annonce un tournant majeur : former les enseignants à repérer les premiers signes de misogynie chez les garçons, afin de les détourner de ces dérives, avant qu’elles ne s’implantent définitivement.

Quand les idées toxiques s’installent trop tôt
“Trop souvent, des idées toxiques prennent racine très tôt, sans jamais être contestées”, a averti Keir Starmer. Cette alerte soudaine est fondée sur un constat préoccupant : plus de 40 % des jeunes hommes déclareraient avoir une opinion positive d’Andrew Tate, influenceur notoirement misogyne, qui balaie les critiques en les qualifiant de “balivernes”.
Andrew Tate : L’influenceur misogyne qui va sauver la Grande-Bretagne ?
Ainsi, la misogynie contemporaine ne se transmet plus seulement dans l’ombre, mais notamment grâce aux réseaux sociaux, où elle se pare des atours de la provocation et du succès..
L’école comme nouveau rempart à la misogynie ?
Le gouvernement mise donc sur l’éducation, comme dernier atout. Un programme de “formation spécialisée” sera déployé auprès des enseignants, afin de les aider à aborder avec les élèves des sujets sensibles : le consentement, le respect, les relations saines, et les dangers du partage d’images intimes.
D’ici 2029, ces enseignements deviendront obligatoires pour tous les élèves du secondaire en Angleterre et une phase pilote débutera dès 2026, avec l’intervention d’experts externes. Une ligne d’assistance en ligne sera créée pour les adolescents inquiets de leur propre comportement dans leurs relations. Le Premier ministre l’a rappelé, il s’agit : “d’intervenir dès les premiers signaux d’alerte, pour empêcher la violence avant qu’elle ne commence“.
Un investissement réel, mais jugé insuffisant
20 millions de livres sterling seront alloués au gouvernement pour réaliser cet objectif, dont 16 millions issus des fonds publics et 4 millions apportés par des partenaires. À cela s’ajoutent d’autres mesures annoncées mercredi 17 décembre :
– le déploiement d’enquêteurs spécialisés dans les crimes sexuels au sein de chaque force de police
– un meilleur accompagnement des victimes par le NHS,
– une enveloppe supplémentaire de 19 millions de livres destinée à garantir des logements sûrs aux survivantes de violences conjugales.
Cependant Nicole Jacobs, commissaire à la lutte contre les violences domestiques, déplore un manque de moyens : “La stratégie mesure correctement l’ampleur du problème, mais les investissements annoncés sont très loin d’être à la hauteur. Les écoles sont déjà surchargées.” Même inquiétude du côté de Claire Waxman, future commissaire aux droits des victimes, qui avertit : “Les services aux victimes ne sont pas un supplément optionnel : ils doivent être l’ossature de cette stratégie. Sans financement durable ni leadership interministériel clair, nous risquons d’aboutir à une simple liste de mesures, et non à une vision forte et cohérente.”
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