Face à des scandales à répétition dans les maternités anglaises, le gouvernement britannique a annoncé l’ouverture d’une enquête nationale. Plusieurs rapports accablants ont révélé des défaillances systémiques ayant conduit à la mort de centaines de bébés et à une hausse alarmante de la mortalité maternelle.


Des défaillances qui auraient conduit à la mort de plusieurs centaines de bébés
Ces dernières années, de nombreuses enquêtes ont mis en lumière des dysfonctionnements graves dans les maternités anglaises, avec des conséquences dramatiques : plusieurs centaines de bébés seraient décédés à la suite d’erreurs médicales, de pratiques inappropriées ou d’un manque de soins adaptés.
Dès 2020, une enquête menée à l’hôpital de Shrewsbury avait révélé des morts évitables lors d’accouchements, causées par des erreurs médicales, des soins contraints ou encore le refus systématique de pratiquer des césariennes, même lorsque cela s’avérait nécessaire.
Plus récemment, en janvier 2025, une enquête de la BBC portant sur deux établissements a estimé qu’au moins 56 décès de nourrissons entre janvier 2019 et juillet 2024 auraient pu être évités.
Quelques mois plus tôt, une autre investigation avait pointé du doigt les maternités de l’ouest de l’Angleterre, accusées de défaillances ayant conduit à plus de 200 morts de nouveau-nés en l’espace de vingt ans. Des rapports faisaient état de fractures crâniennes, d’os cassés ou de lésions cérébrales causées par un manque d’oxygène au moment de la naissance.
Mais cette situation dramatique ne touche pas que les nourrissons. Début 2024, une enquête épidémiologique nationale a révélé que le nombre de femmes mortes pendant leur grossesse ou peu après leur accouchement avait atteint un record depuis près de vingt ans.
Une alerte lancée par les autorités sanitaires
La Commission sur la qualité des soins (CQC) a sonné l’alarme sur la situation dans les maternités, notamment à Leeds (nord de l’Angleterre). Son rapport de 2022 révélait que plus de la moitié des 139 maternités anglaises affichaient un niveau de sécurité jugé insuffisant ou nécessitant des améliorations urgentes.
Par ailleurs, plusieurs rapports soulignent l’existence d’inégalités raciales préoccupantes. Les femmes noires ont quatre fois plus de risques de mourir pendant la grossesse ou l’accouchement que les femmes blanches, et ce risque est deux fois plus élevé pour les femmes asiatiques, selon le même rapport.
Une enquête nationale promise par le gouvernement
Face à l’ampleur des scandales, le ministère britannique de la Santé a annoncé, lundi 23 juin, le lancement d’une enquête nationale visant à faire toute la lumière sur le fonctionnement des maternités du pays.
Son objectif est “d’établir la vérité et les responsabilités pour les familles touchées et d’apporter des améliorations urgentes en matière de soin et de sécurité”, a indiqué le ministère dans un communiqué, évoquant des “problèmes systémiques remontant à plus de 15 ans”.
📢 National maternity and neonatal investigation to be launched
— Department of Health and Social Care (@DHSCgovuk) June 23, 2025
Too many families have suffered preventable harm.
The investigation will urgently look at services with specific issues and the entire maternity system, making sure each family receives safe and compassionate care. pic.twitter.com/J8XkwGM9dN
"Je rencontre des familles endeuillées de tout le pays qui ont perdu un bébé ou subi de graves préjudices pendant ce qui aurait dû être le moment le plus heureux de leur vie. Ce qu'elles ont vécu est dévastateur (...), causé par des défaillances des soins de maternité du NHS qui n'auraient jamais dû se produire", a déclaré le ministre de la Santé, Wes Streeting.
Il a également promis des mesures immédiates dans les maternités les plus en difficulté.
L’enquête portera d’abord sur les services les moins performants, avant d’étendre son analyse à l’ensemble du système. Elle sera menée en collaboration avec des professionnels de santé, des experts indépendants et des familles concernées, et un premier rapport est attendu pour décembre.
Lundi, lors d’un discours au Royal College of Obstetricians and Gynaecologists, le ministre a cité plusieurs régions déjà éclaboussées par des scandales : Shrewsbury, Telford, East Kent, Sussex, Gloucester et Nottingham.
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