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Greta Thunberg: « C’est mentir que de dire que le Royaume-Uni est leader climatique »

Greta ThunbergGreta Thunberg
Greta Thunberg - Instagram
Écrit par Marie Benhalassa-Bury
Publié le 20 août 2021, mis à jour le 20 août 2021

L’activiste mondialement connue Greta Thunberg s’est exprimée quant au rôle du Royaume dans le cadre de la COP26 à venir, ce sommet 2021 des Nations Unies pour le climat.

 

L’exécutif britannique se targue régulièrement de son rôle de leader véritable de l’action climatique. L’économie de l’archipel est vantée pour sa décarbonisation précoce, ses fermes éoliennes et autres solutions en cours et à venir en vue d’une transition écologique viable et source d’emplois.
 

Quelques efforts en termes d’émissions de CO2 domestiques et de diplomatie sont concédés par des spécialistes comme Tim Rayner et Andrew Jordan, lesquels analysent en détail l’action de l’UE comme leader dans les politiques internationales du changement climatiques au sein d’un ouvrage éponyme. Il n’en reste pas moins, rappellent-ils, que l’action climatique entamée à l’échelle du Royaume demeure trop paradoxale. En somme, le Royaume démontre peut-être bien d’un « leadership entrepreneurial » dans la création de solutions vertes, mais selon eux ces mérites s’annuleraient du fait de non-dits, ravageurs pour la planète.

La militante dépeint un constat similaire : dans les faits, cette position de chef de file affichée par l’exécutif constituerait “un mensonge”. Ce dernier prétendrait « avoir diminué ses émissions de 45% depuis 1990 ». Or, précise Greta, la tournure trompeuse de ce chiffre ne mettrait en exergue qu’une partie de ces émissions. En vérité, le gouvernement ferait fi de comptabiliser les pollutions dues aux échanges et exports intercontinentaux. « Si on n'inclut pas les émissions dans leur ensemble, évidemment que les chiffres auront l’air bons ». Elle ne lui reconnaît, non sans cynisme, qu’une « bonne créativité en comptabilité carbone ». En effet, une fois tous ces facteurs considérés, l’empreinte carbone du pays s’avère bien moins prompte à une transformation réelle, un constat qui se rapproche de la pensée des deux écrivains spécialistes du climat.

Le porte-parole du gouvernement a maintenu quant à lui le cap du discours officiel global, il persiste et signe : « que nous sommes bel et bien un leader mondial dans la lutte contre le changement climatique ». Et d’arguer en avançant que ce chiffre de 44% provient d’un rapport annuel « extrêmement transparent, mesuré en concordance avec le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GEIC ndlr) quant à la bonne déclaration des émissions », sans pour autant traiter de l’argument quant à la focalisation mensongère sur les émissions domestiques.
 

Ce n’est d’ailleurs pas le coup d’essai de Greta Thunberg lorsqu’il s’agit de proclamer menteurs les décisionnaires britanniques. En 2019, son discours au Parlement avait déjà rappelé aux MPs que les projections de ce même GEIC auraient dû alarmer le Royaume bien davantage. Projections dans lesquelles le point de non-retour serait observable d’ici 2030 sans des « changements inédits et permanents ». Le tout annihilerait la prétendue décarbonisation du Royaume au XXIe siècle puisqu’elle ne résulte en fait que d’un passage aux centrales à gaz. Or, leur impact sur les émissions carbone croît chaque année : « un passage d’une source d’énergie désastreuse à une autre, à peine moins désastreuse ».

Ces accusations avérées, cette somme de mensonges et de manipulations suggérée par l’activiste prendrait encore plus sens à la lumière des derniers rapports climatiques. Une problématique urgente à l’ère des mégafeux, de la fonte accélérée des glaciers, de la pollution accrue de l’air et des températures chamboulées.